Arbitre en D3 belge mais aussi à l’étranger. Elle a profité des mesures de l’UEFA en faveur de l’arbitrage féminin.

C laudine Brohet est arbitre depuis onze ans. Ancien gardien de but, elle n’aurait jamais imaginé, quand elle a quitté Anderlecht, après plusieurs graves blessures, qu’elle deviendrait arbitre internationale. Elle a gravi les échelons à toute allure pour devenir 17e en Europe. Elle fait partie de l’élite UEFA. A ce titre, elle dirige des rencontres internationales féminines et qui sait, peut-être sifflera-t-elle des joutes Intertoto ou UEFA ?

 » Qui l’eût cru, quand j’ai suivi les cours d’arbitrage « , s’exclame la Binchoise de 38 ans.  » Avant que l’UEFA ne demande aux associations de sortir des femmes, en 1997, afin que des arbitres féminins dirigent les matches internationaux des dames, nous étions limitées aux rencontres des jeunes et des Réserves. J’ai passé de nouveaux examens pour gravir les échelons, de Provinciales en Promotion puis en D3 masculine. Je fais également la ligne en D2 et, bien sûr, j’arbitre des matches féminins du championnat d’Europe, de qualifications pour la Coupe du Monde et des coupes d’Europe. J’ai passé les mêmes tests que les hommes « .

De hobby, l’arbitrage est devenu une passion pour Claudine Brohet, désormais prise dans l’engrenage de l’UEFA. Elle s’impose de nombreux efforts pour conserver son niveau, car elle exerce une occupation professionnelle à temps plein et doit jongler avec les horaires et les jours de congé pour arbitrer à l’étranger, même si elle peut compter sur la compréhension de son employeur.  » Les journées sont longues et parfois, il faut vraiment être motivée pour s’entraîner par tous les temps. Je dois aussi surveiller mon hygiène alimentaire et me reposer, gérer le stress. Je regrette qu’il n’y ait pas davantage d’entraînements en groupe. Ils sont primordiaux pour moi. Mon statut est la récompense de longs efforts. Cependant, je pense avoir atteint mon sommet car je ne sais pas si à 40 ans, je serai encore capable de monter de catégorie. Je savoure tout ce qui vient. Si c’était à refaire, je le referais, les yeux fermés « .

La dame en noir a arbitré le Championnat d’Europe féminin en Allemagne, il y a trois ans, sans vraiment s’y attendre. Récemment, elle a sifflé France-Pologne, devant 4.000 personnes. De nombreux autres rendez-vous se profilent à l’horizon, comme l’EURO 2005. Les arbitres féminins û huit assistés de 16 juges de touches également féminins û sont logés, comme les hommes, dans le même hôtel pendant le tournoi, et suivis par Werner Elsen. Toutefois, elle est confrontée à un football différent de son menu hebdomadaire :  » La technique des internationales est impeccable. Il y a des championnats professionnels dans certains pays, comme en Allemagne. Ces femmes ont une vitesse d’exécution plutôt technique car elles sont intrinsèquement moins rapides que des joueurs de D3 mais je peux vous garantir qu’il faut être préparée pour les suivre ! Siffler des matches masculins m’aide sur le plan physique. Le match France-Pologne s’est clôturé sur le score de 7-1 mais jamais les Polonaises n’ont baissé les bras. C’était un va-et-vient permanent, sur un grand terrain. Cependant, je préfère un vaste espace à un petit terrain où les duels sont plus serrés et où je ne sais où me mettre « .

Claudine Brohet est assistée par des femmes comme par des hommes. En Belgique, elle est généralement flanquée de collègues masculins :  » Ça se passe bien. J’ai fait mon chemin et je suis respectée. Le public aussi s’est habitué à moi. Certains s’étonnent parfois mais je n’ai jamais eu de problème. Je suis mieux acceptée en Flandre. Les Wallons ont un langage plus dur, parfois. Les joueurs me respectent, peut-être davantage qu’un arbitre masculin, mais ça ne m’autorise pas à commettre des fautes, évidemment, même si nous ne sommes jamais à l’abri d’une erreur d’appréciation « .

Une fois par mois, Claudine fait la ligne en D2.  » Ce sont deux jobs différents. Je suis plus fatiguée après avoir arpenté la ligne qu’après avoir dirigé un match car je n’y suis pas habituée. Mais je veux remplir ma mission de mon mieux, car je me mets à la place du premier arbitre et des acteurs « .

D’autres femmes commencent à grimper les échelons de la hiérarchie belge mais Claudine Brohet est le numéro un. Elle ne souhaite pas mettre sa féminité en exergue. Elle exerce sa passion comme un homme, même si elle a consenti des sacrifices. Ainsi, elle n’aurait pas atteint un tel niveau si elle avait eu des enfants et elle chouchoute doublement son filleul de deux ans.

Et elle passe par les mêmes affres que les messieurs.  » Un match peut se dérouler parfaitement pendant 89 minutes puis il y a penalty et je suis la pire des juges. Dans les heures qui suivent une rencontre, j’en repasse le fil dans ma tête. Il faut savoir se remettre en question, admettre la cotation de la CCA. Oui, il est possible de discuter calmement du match « .

Pascale Piérard

Elle n’aurait pas atteint un tel niveau SI ELLE AVAIT EU DES ENFANTS

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