© BELGAIMAGE

La frustration de Carrasco

Steve Van Herpe
Steve Van Herpe Steve Van Herpe est rédacteur de Sport/Voetbalmagazine.

Les statistiques de Yannick Carrasco avec l’Atlético Madrid sont meilleures que l’an dernier mais quelque chose cloche.

« Simeone est derrière nous et nous sommes derrière Simeone », disait Yannick Carrasco mi-décembre dans une interview accordée à Marca. Pourtant, il y a une dizaine de jours, il a passé sa colère sur une bouteille d’eau au moment de son remplacement contre Alavés, à la 61e minute. Cette saison, le Belge joue pratiquement chaque match – il n’en a raté que trois toutes compétitions confondues – mais, sur ces 28 rencontres, il n’a joué que cinq fois nonante minutes. Son dernier match complet remonte à novembre (au moment de mettre ce numéro sous presse, la demi-finale de Coupe d’Espagne face à Barcelone n’avait pas encore eu lieu).

Il joue pourtant beaucoup plus lors de cette deuxième saison chez les Colchoneros que lors de la première puisqu’ il n’avait alors disputé que trois matches complets. Ses statistiques (10 buts, 3 assists) sont également meilleures que celles de la saison dernière (5 buts, 5 assists). Carrasco sait à quoi c’est dû : « L’entraîneur m’a dit que j’étais un joueur offensif et que je devais marquer. Je m’entraîne dès lors dur pour cela et je regarde des vidéos pour voir où je peux progresser. » Sous la direction d’El Cholo, le passeur de Monaco (24 assists en 3 saisons) est donc devenu un buteur.

Mais contre Alavés, sans aucun doute son plus mauvais match de la saison, ce ne fut pas le cas. Et c’est sans doute ce qui explique sa frustration. Simeone relativisait d’ailleurs : « Je suis content quand un joueur se révolte. Il est normal qu’il soit fâché sur lui-même et sur l’entraîneur parce qu’il veut jouer. Cela ne me tracasse pas. »

Si Carrasco livre une bonne saison, l’Atlético connaît sans doute sa plus mauvaise période depuis l’arrivée de Simeone, en décembre 2011. C’est dû au fait que les leaders de l’équipe – Gabi, Juanfran, Diego Godin et Fernando Torres – ne jouent pas toujours à leur niveau habituel. Selon la presse espagnole, l’entraîneur argentin ne parvient plus à motiver ses troupes et l’équipe a perdu son âme. Quant aux jeunes, comme Carrasco, ils ne sont pas encore les leaders que l’entraîneur souhaite voir.

Des théories que Paulo Futre, l’ex-attaquant portugais de l’Atlético, réfute. Dans la chronique qu’il tient dans Marca, il fait référence au règne de Sir Alex Ferguson à Manchester United. « Il y a été entraîneur pendant 27 ans et devait gagner chaque année. Malgré la pression, il parvenait à motiver ses joueurs. La preuve en est qu’il a encore été champion lors de sa dernière saison, en 2012-2013. Ce qu’on dit de Simeone doit bien faire rigoler Ferguson. D’ailleurs, aucun club ne peut atteindre les huitièmes de finale de la Ligue des Champions si les joueurs ne croient pas aveuglément en leur entraîneur. »

STEVE VAN HERPE

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire