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La force du changement

Ces dernières semaines, Herman Van Holsbeeck aurait-il encore pensé au manager allemand qui lui avait soufflé le nom de René Weiler l’hiver 2015-2016 en lui conseillant de le tenir à l’oeil ? Sa curiosité attisée, le manager du Sporting avait voulu rencontrer le jeune entraîneur, dans un entretien informel, en prévision d’une éventuelle collaboration ultérieure.

Si Claude Puel avait mordu à l’hameçon, Weiler serait peut-être encore à Nuremberg mais le Français, qui venait de nettoyer le vestiaire de Nice, ne se sentait pas le courage de recommencer. La clarté des principes de Weiler avait marqué le manager : une vedette devait bien se comporter sur le terrain comme en dehors, les joueurs avaient des droits mais aussi des devoirs.

Comme Weiler n’avait pas de palmarès, Van Holsbeeck souhaitait que les autres dirigeants du Sporting puissent le juger. Le verdict avait été unanime : cet homme allait diriger l’équipe. D’emblée, Weiler a usé d’un langage clair, sans s’en départir d’un pouce de toute la saison, comme a pu le constater Van Holsbeeck.

 » Si StefanoOkaka avait écouté Weiler, il serait maintenant un tout grand avant. Mais comme il avait inscrit 16 buts, il était d’avis qu’il n’avait pas besoin de progresser. Weiler a dès lors estimé ne pas pouvoir travailler avec lui.  » En voyant leur entraîneur s’en prendre à une valeur sûre, les joueurs comprennent immédiatement la nouvelle ligne de conduite.

Il est crucial que les joueurs d’une grande équipe sachent à quoi s’en tenir. Désormais, on travaille plus à Anderlecht et on respecte la ligne tracée. Weiler est un bon people manager et tous ses joueurs ont progressé ces derniers mois, à l’exception de Nicolae Stanciu.

Le nouvel entraîneur avait une mission : remporter le titre. Il s’est concentré sur sa tâche, en se débarrassant avec conséquence de tout ballast. Il n’avait pas le temps de gagner les faveurs des faiseurs d’opinion, de s’énerver des commentaires ou de se livrer à des petits jeux. Contrairement à ce qu’on pense, il n’avait pas non plus besoin d’ennemis extérieurs pour motiver ses footballeurs. Il n’a jamais confronté le vestiaire à des articles de journaux, contrairement à certains de ses prédécesseurs.

Il n’a pas davantage cédé à la pression, plus intense ces dernières semaines. Il a conservé son calme alors que tout le monde le proclamait, prématurément, champion après son succès contre le Club. Il n’a pas davantage paniqué quand, quatre jours plus tard, les Mauves ont été battus à domicile par Charleroi. Le noyau a travaillé comme d’habitude pendant les play-offs.

L’entraîneur avait déjà formé et éduqué son noyau. Il pouvait donc se permettre de placer sur le banc Lukasz Teodorczyk, l’homme qui l’avait sauvé plusieurs fois par ses buts. De même, Youri Tielemans a accepté sans broncher d’être remplacé en début de deuxième mi-temps contre Charleroi, quand ça ne marchait pas.

C’étaient des interventions surprenantes pour le monde extérieur mais aux yeux de Weiler et de ses troupes, elles s’inscrivaient dans la lignée de toute la saison : la conséquence, quels que soient les noms, le statut ou l’âge. Weiler a fait d’Anderlecht une équipe soudée et celle-ci lui a rendu beaucoup en échange.

Jeudi soir, de retour de Charleroi, il a estimé que l’heure de la fête était venue. Il a demandé qu’on organise un repas avec les joueurs, le staff et les femmes le vendredi. Il s’y est comporté comme durant toute l’année : avec droiture mais aussi avec modestie, calme et politesse. Son attitude lui a valu le respect général au Sporting, en plus du titre si longtemps attendu.

Ce n’est pas mal comme première carte de visite.

PAR GEERT FOUTRÉ

Weiler a fait d’Anderlecht une équipe soudée et celle-ci lui a rendu beaucoup en échange.

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