La fin du rêve de Poutine ?

Vladimir Poutine voulait que la Russie soit la première nation sportive au monde. Les récents cas de dopage contrarient ses projets.

En marge de la suspension provisoire des athlètes russes, l’IAAF a annoncé que le Mondial de marche par équipes, attribué à Tcheboksary en mai prochain, et le Mondial pour juniors de Kazan, en juin, seraient annulés ou organisés ailleurs. L’AMA refuse que la Russie organise, pour l’instant, des tournois, le laboratoire antidopage de Moscou ayant perdu son accréditation.

Ça contrarie les projets de Vladimir Poutine. Il a fait de son pays la nation la plus puissante en matière de pouvoir politico-sportif et d’organisation de grands événements sportifs.

Le Global Sports Nations Index de Sportcal établit chaque année un classement des nations organisant le plus d’événements sportifs internationaux. Il prend en compte les sept dernières années et les sept suivantes. Pour la deuxième fois d’affilée, la Russie est numéro un devant le Canada, la Grande-Bretagne, la Chine et les USA. C’est aussi la seule nation comptant trois villes dans le top vingt du Global Sports Cities Index : Moscou est troisième derrière Londres et Rio, Kazan est huitième et Sotchi dixième.

En 2013, la Russie a organisé à Moscou les championnats du monde d’athlétisme, en 2014, le Mondial de judo à Tcheliabinsk et les Jeux d’Hiver à Sotchi, plus la course annuelle de F1. Cette année, Tcheliabinsk a accueilli l’EURO de patinage allround, Ekaterinbourg l’EURO de tennis de table et Kazan le Mondial de natation. En mai 2016, il y a le Mondial de hockey sur glace et en 2018, l’apothéose : le Mondial de football, pour ne citer que les principaux.

Poutine veut que la Russie fasse jeu égal avec les USA. Il y est parvenu en plaçant les dirigeants russes aux bons postes dans toutes les fédérations, de sorte que celles-ci ont attribué énormément d’organisations à la Russie. Or, le pays organisateur preste automatiquement mieux. Les Russes ont opéré une véritable rafle sur les médailles à Sotchi alors qu’à Vancouver, en 2010, la Russie n’était que la onzième nation. Idem au Mondial d’athlétisme 2013 de Moscou, où les Russes ont surpassé les Américains.

Même à l’étranger, les Russes sont devenus plus performants : ils n’ont été que quatrièmes au classement des médailles de Londres avec 22 de moins que les USA mais The Guardian a établi un classement alternatif, sur base de la population, du BNP et du nombre d’athlètes par délégation. Là, la Russie était première.

Compte tenu des révélations de dopage, peut-être dans d’autres sports, les concitoyens de Poutine vont peut-être marquer le coup, pour autant qu’ils puissent participer. Ils n’étaient déjà que neuvièmes au récent Mondial d’athlétisme. Si la Russie perd d’autres organisations, le rêve de Vladimir Poutine risque de voler en éclats.

PAR JONAS CRETEUR

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