La fin du REBELLE

Après une parenthèse d’un an, le pilote canadien est revenu en F1.

Le Canadien Jacques Villeneuve avait été sacré champion du monde de F1 en 1997. Fils de Gilles, mort d’un accident en 1982, il a quitté BAR et la F1 à la fin de la saison 2003. Après une pause d’un an, à l’âge de 33 ans, il est revenu chez Peter Sauber, l’écurie suisse.

Il a longtemps été le pilote le mieux payé mais n’a plus gagné le moindre GP depuis sept ans et ce n’est pas dans sa nouvelle écurie qu’il pourra espérer renouer avec le succès. Il revient pour l’argent mais fait mal la séparation entre la passion et le travail ?

Car Villeneuve est content :  » Le nouveau tunnel à vent de Sauber m’a vraiment impressionné par exemple. Nous avons une belle marge de progression et l’ambiance familiale qui règne ici me plaît. Peter Sauber a pris la peine de discuter longuement avec moi, pour se faire une image de moi, ce que personne n’avait plus fait depuis belle lurette « .

David Richards, son ancien patron chez BAR, clamait que Villeneuve était trop vieux, trop lent et trop cher. Et le pilote ne cessait, lui, de critiquer le monde entier. Il réfute l’étiquette de rebelle qu’on lui accole :  » Les apparences comptent souvent plus que la réalité. Richard invitait des journalistes à dîner et le lendemain, un demi-million de gens lisaient que BAR lui devait tout. Mais je ne m’énerve plus : ça m’a coûté un an. Je n’ai jamais voulu faire la révolution. J’exprimais mon opinion. Sans succès : zéro. Donc, pourquoi gaspiller mon énergie ? De même, je me suis affilié à l’association des pilotes, même si ça ne sert à rien. Cela me simplifie la vie : on ne me demandera plus pourquoi je ne suis pas membre. En bref, je m’occupe de mes affaires « .

Villeneuve connaît les limites de son écurie mais il ne baisse pas les bras :  » J’estime n’avoir plus rien à prouver depuis que j’ai été champion du monde. Ce n’est pas non plus la vitesse pure qui m’attire. Rouler pied au plancher en ligne droite est ennuyeux à mourir. Ce que j’aime, c’est négocier des virages serrés en tentant de retarder le coup de frein d’un dixième de seconde. Evidemment, on prend plus de risques quand la victoire est au bout du chemin. Il faut être un parfait imbécile pour prendre des risques pour la dixième place. Cependant, je veux m’endormir la conscience en paix, le soir. Je déteste abandonner « .

 » Juste freiner…  »

Il apprécie les réformes imposées par la FIA avec des moteurs qui doivent tenir deux courses et des pneus un week-end complet :  » Nous sommes un rien plus lents. Nous devons nous muer en stratèges. J’adore ça. A mes débuts en F1, en 1996, la moindre erreur vous mettait hors course. Cette précision a disparu car l’électronique élimine les erreurs : si on appuie trop sur l’accélérateur, le contrôle de traction vient à votre secours. Tout ce qu’il faut encore faire, c’est freiner sec « .

Le pilote a effectué un dépannage chez Renault, la saison passée, le temps des trois derniers GP. Un certain Fernando Alonso l’a chaque fois battu à plates coutures. Villeneuve préfère se souvenir d’avoir eu l’occasion de tester les pneus Michelin, qu’utilise aussi Sauber. Il reconnaît aussi que sa condition physique n’était pas optimale il y a quelques mois mais en rejette la responsabilité sur les progrès techniques :  » En un an, on a gagné près de trois secondes au tour. La force G a augmenté de 10 %. Là où, dans un virage, une force de 20 kilos tirait ma tête vers l’extérieur, c’est maintenant 22 kilos, à chaque virage, pendant toute la course. Cela fait une fameuse différence. Je le reconnais : je l’avais sous-estimée « .

Jacques Villeneuve, c’était aussi un des derniers rivaux de Michael Schumacher et de Ferrari qui revenait dans le circuit. Mais le pourfendeur de Schumi se fait prudent :  » Je m’entends bien avec tout le monde. La F1 nous pompe assez d’énergie pour en gaspiller en m’énervant sur mes collègues. De toute façon, il a remporté sept championnats du monde. Il est au-dessus du lot « .

Lorsqu’on lui demande si la domination de Schumacher et de Ferrari agace le public, il pointe un autre élément du doigt :  » Le problème, c’est que les héros ont disparu. Quand j’ai effectué mes débuts en F1, elle regorgeait de fortes personnalités. Au fil des années, l’influence des grandes sociétés a cru. Or, celles-ci veulent des robots, pas des personnalités. Elles sont à l’image du monde actuel. Le casting de F1 se déroule comme en musique pop : les gens veulent voir émerger des vedettes qui sortent du néant. Ces vedettes doivent fonctionner comme on le leur dit, sans avoir la possibilité de développer leur propre caractère. Leur étoile pâlit au bout de deux ou trois ans et on peut facilement les remplacer. Ce phénomène nuit à la F1 depuis un moment « .

Detlef Hacke

 » Il faut être UN PARFAIT IMBÉCILE pour prendre des risques pour la 10e place  »

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