La fin du noceur

Même s’il garde des beaux restes, le Finlandais a changé de vie pour gagner le titre suprême. (NB: Texte imprimé sans avoir accès aux informations finales concernant les possibles disqualifications évoquées et l’éventuel repêchage de Lewis Hamilton.)

C’est Ron Dennis le patron du team McLaren qui a trouvé un jour le surnom d’ Iceman pour celui qui était alors son fer de lance, Kimi Raikkonen. Clin d’£il du destin, c’est précisément cet Iceman qui a déjoué tous les pronostics en battant sur le fil les deux pilotes McLaren-Mercedes dans la course au titre mondial dimanche dernier.

Ce n’est pas avec lui que les journalistes peuvent remplir des pages tant ses commentaires se révèlent rarement intéressants ; à tel point que certains plumitifs ont laissé entendre que l’homme n’était pas fort intelligent… Mais c’est au volant qu’il s’exprime et ce sont ses chronos qui parlent.

Une fois sorti de sa monoplace, il estime avoir fait son boulot et pense à autre chose, à la fête notamment. Car en bon Finlandais, il ne crache pas dans son verre, surtout s’il contient de la vodka… On se souvient que ses frasques en boîte de nuit – à Ibiza et à Londres notamment – lui avaient valu une attention particulière des paparazzis et quelques remontrances de ses patrons de l’époque, fâchés de voir l’image de marque de Mercedes écornée. Raikkonen avait promis de faire attention mais il n’a guère modifié son style de vie…

Son détachement lui a permis d’aborder la dernière ligne droite du championnat mondial dans un contexte psychologique favorable : alors que ses deux rivaux Lewis Hamilton et Fernando Alonso réglaient leurs comptes par médias interposés, il pouvait concentrer toute son énergie sur son unique objectif, ce titre mondial qui s’était déjà refusé à lui à deux reprises en 2003 et 2005. Dans le paddock d’Interlagos à la veille du GP du Brésil, il apparaissait serein, détendu, très cool, répétant comme un leitmotiv qu’il jouerait sa chance jusqu’au bout et qu’il y croyait dur comme fer.

Faire oublier Schumi

A posteriori, on se dit aussi que ce détachement lui a permis de mener à bien une mission pourtant périlleuse, Il a donc réussi à faire oublier Michael Schumacher au sein d’une Scuderia Ferrari qui avait vécu par et pour le champion allemand durant tant de saisons. Il a laissé le temps au temps, sans s’affoler quand son retard sur les autres prétendants au titre mondial a pris d’inquiétantes proportions.  » Tant que cela reste mathématiquement jouable, je dois y croire ! « , se plaisait-il à répéter.

Il n’a pas non plus pris ombrage de la montée en puissance de son ailier Felipe Massa même si les dieux de la mécanique ne lui ont pas toujours été favorables durant cette première campagne chez les Rouges. On se souvient notamment de ses abandons sur panne mécanique en Espagne ou en Allemagne. Et jusqu’au bout, il a craint un nouveau coup dur dans la fournaise brésilienne :  » Dans les derniers tours, je n’étais pas certain à 100 % de remporter le titre. Je pouvais avoir un problème ou alors, si quelqu’un perdait des positions, Hamilton pouvait encore finir cinquième et être champion. Donc je me suis efforcé de ne pas trop y penser sur la fin, j’attendais simplement la bonne nouvelle de la part de l’équipe « .

La filière finlandaise

Passé sans transition de la Formule Renault à la F1 en 2001, ce jeune prodige a débuté en GP au sein de la formation suisse Sauber. Les résultats forgés dès sa première campagne ont décidé McLaren-Mercedes à l’embaucher et c’est chez les Gris qu’il a véritablement éclaté, manquant de peu deux couronnes mondiales en 2003 (battu d’un point par Schumacher) et 2005 (par Alonso).

Avec plus de 120 GP à son compteur personnel, il peut se targuer d’une solide expérience face à la génération montante. Son avenir est tout tracé, il reste chez Ferrari où Jean Todt doit se féliciter d’avoir joué une fois encore la carte finlandaise ; on se souvient qu’à l’époque où il dirigeait l’équipe Peugeot en rallye puis en raid, le team-manager français avait déjà fait confiance à plusieurs pilotes nordiques, Ari Vatanen et Timo Salonen notamment. Le contexte est différent mais le résultat reste probant. On notera en passant que la Finlande, petit pays de 5 millions d’habitants, compte ainsi un troisième champion du monde de Formule 1 après Keke Rosberg et Mika Hakkinen.

Génération montante

L’avenir du Taureau des Asturies garde les contours d’un gros point d’interrogation. Certes, Dennis répète que l’ex-champion du monde est toujours sous contrat avec McLaren-Mercedes mais Norbert Haugg, le patron de l’antenne sportive de Mercedes, estime qu’il est  » impossible de poursuivre une collaboration avec le pilote espagnol « .

L’hypothèse Renault semble la plus solide. Cependant, le constructeur français sort d’une saison peu convaincante et Alonso exigera de solides garanties techniques avant de revenir dans son ancien bercail pour y retrouver son mentor Flavio Briatore. La rumeur a aussi évoqué un chèque en blanc présenté par Toyota, mais le bilan de la firme japonaise est tellement pâle… Si Alonso revient chez Renault, qui prendra sa place chez McLaren ? Le nom de Nico Rosberg revient avec insistance. Le jeune Allemand est (très) rapide, de plus en plus constant, il véhicule une excellente image de marque, parle couramment cinq langues, bref il présente de nombreux atouts.

On aussi retiendra de cette année l’émergence d’une nouvelle génération emmenée bien entendu par Hamilton dont l’échec sur le fil ne doit pas faire oublier l’exceptionnel parcours. Avec Rosberg, Robert Kubica, Adrian Sutil, Sébastian Vettel et autres Anthony Davidson, un sacré vent de fraîcheur souffle sur la Formule 1.

Ces gamins ne doutent de rien et veulent bousculer l’establishment. Ils osent certaines man£uvres ultra spectaculaires jusqu’alors réservées aux séries promotionnelles. On a vu cette saison des dépassements incroyables, des mano a mano étonnants dans des séries de virages.

par eric faure

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