LA FIN des changements
Le successeur de Philippe Saint-Jean doit prendre des points de toute urgence.
Etant donné les difficultés de trésorerie de l’Excelsior Mouscron, il apparut rapidement que le club opterait pour une solution interne dès l’instant où la destitution de Philippe Saint-Jean fut entérinée.
Entraîneur du noyau B depuis neuf ans, après avoir également été joueur (en D2) avec les Hurlus, Geert Broeckaert (44 ans) a pris le relais au surlendemain de la défaite 0-3 face au Standard.
Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a proposé de succéder à Philippe Saint-Jean à la tête de l’équipe Première ?
Geert Broeckaert : J’ai accepté le poste à la demande du président Jean-Pierre Detremmerie. C’est un homme que je respecte énormément et je ne pouvais pas lui refuser ce service. Je n’avais pas l’ambition de devenir entraîneur principal pour le moment. J’étais très satisfait de mon rôle d’entraîneur du noyau B. Je ne suis pas du genre à aller frapper à toutes les portes, dans la quête d’un job plus valorisant. J’aime la stabilité : j’ai passé 13 ans au Cercle Bruges, et j’officie déjà à Mouscron depuis 13 ans également. D’abord comme joueur, puis dans le staff d’entraîneurs. J’ai vu passer beaucoup de joueurs durant cette période. La plupart des jeunes ont transité par mes mains, juste avant d’intégrer le noyau A. J’envisageais de tenter ma chance, un jour ou l’autre, à la tête d’une équipe Première, mais j’estimais que c’était encore un peu tôt. Les circonstances en ont décidé autrement. Ce n’est pas un cadeau que l’on m’a offert. Ma tâche est loin d’être évidente. Mais j’aime ce club et j’ai envie de le sauver.
Quel est l’état des lieux que vous avez établi lors de votre prise en charge ?
J’ai trouvé une équipe qui manquait de confiance : c’est logique avec un bilan intermédiaire de 3 points sur 27. J’avais aussi l’impression que beaucoup de joueurs manquaient de rythme : ils arrivaient souvent deuxièmes sur le ballon, ne gagnaient pas les duels. J’ignore si le problème était surtout d’ordre physique ou plutôt d’ordre mental. Toujours est-il que l’équipe était prise dans un cercle vicieux : pas de victoire, pas de confiance ; pas de confiance, pas d’engagement.
Une équipe type et un équilibre
Comment en sortir ?
Dans un premier temps, je me suis surtout efforcé de redonner du plaisir aux joueurs. On s’est entraîné dur, mais de manière ludique. Je me suis souvenu de ce que j’aimais moi-même lorsque j’étais joueur : disputer des petits matches, s’adonner à des petits jeux qui donnent lieu à des duels. J’inclus des aspects tactiques dans les entraînements, mais sans bourrer les crânes avec trop de théorie. Dans un deuxième temps, je vais m’efforcer de trouver une équipe type et de réinstaurer un meilleur équilibre sur le terrain. La recherche d’une équipe type est importante pour pouvoir créer des automatismes. Ce n’est pas un hasard si, lors des cinq premiers matches de championnat qui ont coïncidé avec la meilleure période de l’Excel, l’équipe de base avait été à chaque fois identique. La première défaite, à La Louvière, a coïncidé avec les premiers changements. Par la suite, les modifications se sont faites chaque fois plus nombreuses. Et l’équipe a perdu ses automatismes, à la fois défensifs et offensifs. Le jeu est devenu moins fluide, le doute s’est installé. Voyez Bruges, c’est le meilleur exemple : depuis trois ou quatre ans, cette équipe utilise le même système de jeu et les mêmes joueurs. Lorsqu’il y a une défection, un autre élément reprend simplement le rôle de l’homme qu’il remplace.
A Ostende, vous avez aligné la même équipe que Philippe Saint-Jean. Lors du match amical gagné 2-4 à Tubize mercredi passé, vous avez passé en revue les joueurs peu utilisés jusqu’à présent. Doit-on s’attendre à du changement ?
Le match à Ostende tombait un peu trop tôt pour effectuer des changements au niveau de la composition de l’équipe. J’avais repris l’équipe au début de la semaine, et je m’étais surtout efforcé de rendre le moral aux joueurs, sans trop m’attacher au dispositif tactique. J’estimais aussi que les joueurs utilisés par Philippe Saint-Jean avaient droit à une chance sous ma direction également. Ce n’était pas bon à Ostende, il m’appartient donc d’essayer de trouver des solutions pour que cela aille mieux. A Tubize, j’ai passé en revue d’autres joueurs et j’ai fait d’autres constatations. Certains points étaient positifs, d’autres négatifs. Depuis dix jours, je dors très mal : je reconstruis sans cesse dans ma tête l’équipe que je pourrais aligner. Un matin, je suis arrivé au Canonnier après avoir dessiné sur un bout de papier l’équipe que j’avais imaginée. Je l’ai soumise à l’avis de mes adjoints Gil Vandenbrouck et Didier Vandenabeele. Et d’autres idées ont encore surgi.
La recherche d’un équilibre est primordiale ?
Absolument. Dans une équipe, il faut de tout : des défenseurs capables d’assurer une certaine sécurité au secteur arrière, des créateurs, des buteurs. Si le noyau actuel est quantitativement étoffé, on n’y retrouve pas toutes les qualités requises. Il y a, par exemple, beaucoup de médians centraux, mais personne capable d’apporter de la profondeur sur le flanc gauche. Je devrai pourtant trouver la solution au sein de ce noyau, car pour acheter, il est trop tard.
Mettez-vous le recrutement en cause ?
Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur la politique du club. Mais je me demande si l’on a bien acheté en fonction des besoins de l’équipe. Malgré la douzaine de nouveaux joueurs engagés, on n’est toujours pas parés à certains postes. Mon avis est qu’il ne faut pas acheter pour acheter. Il est préférable de réaliser deux ou trois joueurs ciblés, avec des joueurs de qualité, plutôt que d’engager sept ou huit nouveaux moyens qui gonflent simplement le noyau.
Quelles nouveautés ?
Parmi les nouveautés déjà aperçues à Ostende : l’incorporation, en deuxième mi-temps, du jeune Bastien Chantry très peu utilisé par Philippe Saint-Jean.
Je le connais bien, puisqu’il a évolué pendant deux ans sous mes ordres en équipe Réserve. Il sait ce que j’attends de lui, en perte de balle comme en possession de balle. Son entrée au jeu à Ostende fut positive : il a apporté de la profondeur sur le flanc droit et mérite d’être revu.
Daan Vangyseghem ?
Il a joué tout le match amical à Tubize. C’est un grand talent d’avenir. Il peut apporter de la taille au centre de la défense. Face à un joueur comme Chris Janssens, qui dévie continuellement les ballons de la tête, il pourrait être utile contre Westerlo. Mais, à 17 ans, puis-je déjà l’aligner dans un match de cette importance ? Ce ne serait peut-être pas lui rendre service. Il est clair, cependant, qu’il recevra sa chance lorsque le maintien sera assuré. Car c’est avec des garçons comme lui que Mouscron doit bâtir son avenir.
Jean-Félix Dorothée ?
Il est ici depuis deux mois mais n’a encore quasiment jamais eu l’occasion de jouer. Sur ce que j’ai vu de lui à Tubize, il m’a donné l’impression d’avoir davantage de réflexes offensifs que défensifs. Je me demande s’il a réellement été formé comme défenseur. Je le verrais plus comme milieu droit que comme arrière droit.
Faruk Atalay ?
Il a enfin purgé sa suspension. C’est un joueur créatif, le type de joueur dont j’ai besoin. Mais pourrais-je l’aligner conjointement à Paco Sanchez ? Même si ces deux joueurs ont des styles différents, ils remplissent le même rôle. Or, au risque de me répéter, j’ai besoin d’équilibre dans l’équipe.
Ermin Siljak ?
Il est prêt pour jouer tout de suite, et il pourrait certainement nous être utile grâce à son sens du but. Ce n’est pas un hasard s’il a été convoqué par l’équipe nationale slovène, la semaine dernière, alors qu’il est inactif au niveau du club depuis plusieurs mois : c’est la preuve qu’il a beaucoup de qualités. Mais, aussi longtemps que la FIFA n’aura pas donné son feu vert, il est inutile de compter sur lui. Baser la préparation à un match en comptant sur sa présence, et devoir s’en passer au dernier moment, ce n’est jamais bon.
Etre franc avec les joueurs
Avez-vous tiré d’autres enseignements du match amical à Tubize ?
Certains joueurs ont laissé entrevoir des possibilités. D’autres, en revanche, ne m’ont pas montré assez. Je ne me priverai pas de le leur faire remarquer. Aucun joueur ne pourra me reprocher de ne pas avoir reçu sa chance sous ma direction, mais ceux qui n’ont pas donné satisfaction doivent le savoir également. Je vais être franc avec eux : si j’estime que leur rendement se révèle insuffisant pour sauver Mouscron, ils seront écartés.
Le manque de fermeté, c’était l’un des défauts de Philippe Saint-Jean ?
Je ne veux pas parler de mon prédécesseur. D’ailleurs, j’ignore comment il se comportait dans les vestiaires. Mais une chose est sûre : lorsque je ne suis pas satisfait, je le fais savoir. Et je crois que les joueurs apprécient ma franchise. J’ai besoin de joueurs qui sont prêts à se donner à 100 % pour maintenir l’Excel en D1. Ceux qui pensent d’abord assurer leur avenir personnel, en se disant qu’ils trouveront bien de l’embauche ailleurs en cas de relégation, peuvent aller se rhabiller. J’ai toujours été un battant lorsque j’étais footballeur et je veux que mes joueurs actuels aillent au charbon également.
Maintenant, il n’y a plus le choix : il va falloir prendre des points.
C’est clair. Avant le déplacement à Ostende, j’avais expliqué aux joueurs qu’il s’agissait d’un match très important, mais qu’il l’était encore davantage pour les Côtiers. Aujourd’hui, après la défaite subie là-bas, on se retrouve dans la même situation. Pour nous, la venue du Westerlo dimanche, c’est le match de l’année. Une victoire nous permettrait de nous donner un peu d’air. Après, il y aura le déplacement au Lierse et la venue du GBA : ce sont d’autres matches à notre portée. Mais, là aussi, il faudra prendre des points. Sinon, on risque d’aborder le Cercle Bruges, Mons et le Brussels avec la peur au ventre dans les trois derniers matches.
Daniel Devos
» Ce n’est pas un cadeau. Ma tâche est loin d’être évidente. Mais j’aime ce club et J’AI ENVIE DE LE SAUVER «
» Depuis ma nomination, je dors très mal : JE RECONSTRUIS SANS CESSE l’équipe dans ma tête «
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