La femme est l’avenir de l’homme

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Ça faisait des années que Dino ne regardait plus le foot. Pire, il ne voulait plus en parler. Dégoûté, déçu comme un amant trompé par la femme qu’il n’avait pas vu devenir.  » Le foot, c’est plus que du bizness et toutes les saletés qui vont avec « .

Dino c’est le patron du bistrot où l’on sert le meilleur café macchiato de Liège. Dino est raffiné, érudit et Italien. Une des rares personnes avec qui il m’était agréable de parler foot. Mon amour teinté de mauvaise foi était bien capté. C’est vous dire mon émotion d’il y a 15 jours.

J’entre et j’entends :  » Fred, t’as vu le match hier soir ? Extraordinaire « .

Une enclume à la Tex Avery me tombe dessus. Un mouchoir aux senteurs d’eau de Cologne me relève et me révèle que je n’ai pas rêvé. C’est Dino qui a parlé.

Ça va pas Dino, t’as fermé tard hier soir ?  » T’es fou j’étais devant ma télé. Putain les Japonaises, quelle classe ! « 

Les femmes ont réconcilié Dino avec le foot. La Coupe du Monde féminine peut déjà rentrer dans le patrimoine de l’Unesco. Et c’est vrai, il a vachement raison le roi du macchiato. Ce Mondial féminin est une révélation. On ne pouvait pas le manquer. Les matches en direct sur ZDF, des flashs spéciaux toute la journée, la une des journaux. Certains jours, c’était carrément six heures de direct sur la TV allemande.

Dire qu’en 1989 quand les Allemandes furent championnes d’Europe, elles reçurent comme récompense un service à café de la fédé allemande. Véridique et pathétique à la fois. Maintenant, c’est 1.000.000 de licenciées. Dans les stades de Bundesliga (celle des hommes) un tiers des spectateurs sont des spectatrices.

Que de chemin parcouru. La première trace journalistique du foot au féminin, on la retrouve dans un journal de Glasgow en 1881. Gros paradoxe, une journaliste menait campagne contre.  » La pratique du sport par les femmes leur fera perdre la beauté et l’identité sexuelle  » pouvait-on lire. Tu parles ! Y a pas plus beau, plus sexy. Une fois de plus, les femmes nous ramènent à la beauté. Ces joueuses veulent plaire, se faire aimer et faire aimer leur sport. C’est fait. Leur histoire fait partie de l’Histoire.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Munitionettes (elles fabriquaient les munitions pour les hommes partis au combat) jouaient au foot durant leurs rares moments de répit. Histoire de dire :  » Eh les mecs notre patriotisme existe aussi et nos loisirs sont les mêmes que les vôtres « . Message reçu. Elles participent aussi à la victoire.

D’ailleurs, dès les années 50, le foot devient le sport le plus pratiqué par les femmes. La politique s’en mêle début des années 70 aux USA. Une loi est votée. Les écoles qui pratiquent la discrimination féminine ne recevront plus de subvention fédérale. Les femmes ont l’autorisation de transpirer, c’est le foot qui va en profiter.

Je me rappelle, fin des années 80 à Milwaukee : je passe devant une école, c’est la récré et j’en crois pas mes yeux. Tout le monde joue au foot, le nôtre. 80 % sont des filles. 20 ans plus tard, elles sont 2.500.000 licenciées aux USA.

Et le 28 juin dernier, ils étaient 80.000 passionnés dans le stade pour le match d’ouverture à Berlin. L’Allemagne double championne du monde est favorite de la compet. Problème, y a le Japon. Regarder les Niponnes jouer, c’est voir le Barça avec des bretelles de soutiens-gorge et des tresses en plus. Waow. L’élégance d’une Geisha avec le sang-froid et l’esprit guerrier d’un Samourai. Rien de bridé dans le jeu japonais. De la discipline tactique, de la technicité, du collectif. Le sens du placement et du déplacement, de la justesse, de la finesse. Quel beau Mondial ! Deux chiffres en guise d’exemple pour nous les hommes. En six Coupes du Monde, seulement neuf cartes rouges ont été sorties. La moyenne de but par match frôle les quatre roses.

Vite qu’elles osent s’affirmer encore plus et qu’elles osent franchir le pas de la transmission. Le rapport femmes-enfants est unique et privilégié. Bien vite qu’elles forment nos enfants. On veut des entraîneuses !

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

Regarder les Niponnes jouer, c’est voir le Barça avec des bretelles de soutiens-gorge et des tresses en plus.

 » Je m’épile de temps en temps. Les supporters me traitent de grosse tarlouze mais je m’en fous « . Cristiano Ronaldo

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