La faillite d’un système

Voici comment le président du Brussels accumule les erreurs et focalise les rancours.

« Une seule personne gâche le développement du Brussels et cette personne, c’est Johan Vermeersch « , soupire un joueur. Si après la faillite du RWDM, au début de ce millénaire, le président peut se gausser d’avoir assuré la pérennité du football à Molenbeek, par la mise sur pied du FC Brussels, beaucoup sont d’avis aussi, aujourd’hui, que l’entrepreneur de Ternat porte une très lourde part de responsabilité dans le déclin de ce club que seul un miracle peut encore maintenir en D1. En cause, des erreurs de casting évidentes qui l’ont amené à se séparer d’éléments, tels Dieter Dekelver (Westerlo) ou Aloys Nong (Malines), qui avaient largement leur place à la rue Malis, tout en jetant son dévolu sur d’autres qui se révélèrent des fiascos complets comme le Brésilien Marcelo ou encore le Gambien Ebou Sillah.

Mais il n’y a pas que sur le seul plan des allées et venues que l’homme fort des Coalisés a manqué de feeling. Ses écarts de langage, à connotation raciste, même, dans la triste affaire MatumonaZola, voire ses récriminations envers le corps arbitral, qui l’ont poussé à faire irruption sur le terrain, n’ont pas contribué non plus à la bonne image du club.  » Si je pars, ce n’est pas à cause des supporters, ni de ma situation sportive mais à cause de la direction. Et qui dit direction, dit Vermeersch « , garantit Mickaël Jonckheere (aujourd’hui à Tubize).

Nous avons parlé à un tas de gens qui confirment le malaise. Nous avons recoupé tous ces témoignages qui vont tous dans le même sens, la faillite d’un système.

La tyrannie frappe les joueurs

Vermeersch est un tyran vis-à-vis de ses joueurs. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la liste des éléments refusant de venir au Brussels s’allonge à chaque mercato.  » Avec lui, c’est un mauvais match et tu peux partir « , explique un proche du club. En trois ans, le Brussels a aligné 67 joueurs.  » On jette et on prend « , ajoute un membre de la direction. Nenad Stojanovic rate une grosse occasion contre Mons et le lendemain, il est transféré dans un autre club.

Les sautes d’humeur présidentielles se répercutent également dans la gestion du noyau pro. Quand un jeune vient du Brussels, Vermeersch trouve insupportable de le payer. Par contre, il n’hésite pas à délier les cordons de la bourse pour un étranger inconnu. Ante Aracic, un Croate de 26 ans, reçoit le meilleur contrat du Brussels avec des états de service bien minces. Aujourd’hui, il est dans le noyau B.

Une fois le joueur transféré, il faut encore s’en occuper. Ce qui est loin d’être le cas. Valery Sorokin, le jeune Russe de 23 ans, est arrivé en Belgique fin décembre. Alors que son contrat lui promet un appartement, il sera logé dans un motel, le long de l’autoroute de la mer à Grand-Bigard durant 38 jours. Le joueur n’ayant pas de permis de conduire, le club se charge de l’amener à l’entraînement et de le reconduire au motel. Voilà le quotidien du Russe pendant 38 jours ! De plus, ne connaissant que le russe, Sorokin se faisait aider dans toutes ses tractations administratives par un traducteur, Dirk Diederich. Le club va profiter d’un voyage du traducteur pour convoquer Sorokin afin de lui faire signer un papier… en français. Le Russe refuse. Le papier stipulait que, comme le joueur n’avait pu être aligné avant le mois de février pour des raisons administratives, son contrat ne commencerait qu’en février. Bref, si Sorokin signait, il se voyait amputer de son salaire de janvier !

Autre anecdote concernant Sorokin : se lassant de ne pas voir sa femme, il va trouver Vermeersch et lui demande d’accélérer les démarches administratives afin qu’elle le rejoigne. L’entrepreneur de Ternat sort alors de son tiroir une liasse de billets, pensant calmer le courroux de son médian. Le Russe réplique – Je crois que vous ne m’avez pas bien compris et lui rend l’argent.  » Pour Vermeersch, tout le monde est taillable et corvéable à merci car tout le monde est achetable « , lance un proche du club,  » Il n’a aucun respect pour l’être humain « . Sa sortie contre Zola en est une preuve. Ce que l’on sait moins, c’est la durée de l’intervention présidentielle : deux heures.  » Quand il vient, on sait que ce sera un long, très long discours. Et tout le monde passe à la casserole « , sourit le joueur Cédric De Troetsel, parti à Meldert au mercato d’hiver.

Parfois, le Brussels loge ses éléments dans des appartements sans meubles :  » Je me suis un jour rendu dans l’appartement de Moussa Gueye (arrivé cet hiver) mis à sa disposition par le club. Il n’y avait qu’un canapé et un lit « , nous dit un autre joueur.

Les blessés n’intéressent plus Vermeersch. Steve Colpaert (aujourd’hui à Zulte Waregem) un gars qui n’a joué que là et qui est amoureux du club puisqu’il entraîne les Diablotins, s’est plaint de l’indifférence de la direction pendant sa revalidation. Lors du changement du parc automobile, Richard Culek a dû rendre sa voiture mais n’en a jamais reçu une autre sous prétexte qu’il n’en avait pas besoin puisqu’il était blessé. Même chose pour Mickaël Citony. On est venu rechercher sa voiture le jour même de son opération !

Les états de service ou les sacrifices faits par certains ne comptent pas. Récemment, Citony devait faire partie du groupe pour affronter Anderlecht. Son nom apparaissait même dans le noyau dévoilé sur le site Internet. Le lendemain, pas de trace de Citony.  » Lorsque j’ai su que j’étais convoqué, je me suis renseigné au niveau des assurances fédérales « , affirme Citony,  » Comme je faisais partie de la catégorie des inaptes, il me fallait un certificat des médecins. Le docteur m’avait dit qu’il me le donnerait. Le lendemain, l’entraîneur Franky Van Der Elst m’annonce qu’il avait essayé d’obtenir ce certificat mais qu’il ne l’avait pas. Pourquoi ne voulait-on pas me donner ce papier alors que j’étais apte à jouer ? ». Simplement car Vermeersch s’était rendu compte que le Français ne serait plus payé par les assurances s’il était aligné. Citony fait part de cette injustice dans la presse. Le match suivant, il est convoqué chez les Réserves, dix jours plus tard, relégué dans le noyau B.  » Et toujours pas de certificat. Finalement, je suis allé voir le médecin qui avait suivi ma rééducation durant trois mois. Il m’a donné ce papier « , conclut Citony.

Les jeunes ne sont pas respectés

Depuis son entrée en fonction à la présidence, Vermeersch a toujours clamé haut et fort qu’il désirait obtenir à terme une équipe à forte consonance bruxelloise. Pourtant, dans les faits, il n’a aucune considération pour les jeunes. Les salaires octroyés ressemblent plus à des dringuelles qu’à une juste rémunération. Arnaud Sutchuin, sous prétexte qu’il habitait encore chez ses parents, ne recevait que… 250 euros par mois ; Sydney Kargbo 650 euros et un Espoir international aussi courtisé et emblématique que Colpaert devait se satisfaire de 1.500 à 2.000 euros par mois.  » J’aurais mieux gagné ma vie avec un job étudiant « , explique aussi Jonckheere.

De plus, le président du Brussels agit avec les jeunes sans aucune psychologie.  » Le club est incapable d’encadrer ses jeunes « , affirme De Troetsel,  » On sait très bien qu’il faut avoir un minimum de patience. On ne leur laisse pas le temps de progresser. Moi, j’ai joué quelques matches comme titulaire. Je n’ai pas réalisé d’énormes prestations mais je tenais mon rang. Pourtant, du jour au lendemain, on ne m’a plus donné ma chance. Sans raison apparente. Nous étions huit de ma génération à monter dans le noyau A. Tout le monde a été rejeté dans le noyau B. Cette saison, cinq nouveaux jeunes ont incorporé l’équipe Première. Six mois après, noyau B « . Et quand le jeune retourne dans le noyau B, c’est comme s’il ne faisait plus partie du club. Au propre comme au figuré. Puisqu’en janvier, lorsque Meldert a voulu affilier à l’Union Belge Cédric Dellevoet, prêté avec De Troetsel, la fédération a répondu que le Brussels n’avait même pas affilié Dellevoet en début de saison. Or, ce dernier a occupé le banc des remplaçants à plusieurs reprises. S’il était monté, le Brussels aurait perdu par forfait…

De Troestel et Jonckheere font partie avec notamment Maxime Verstappen et Sébastien Phiri des bannis. En juin 2007, on leur explique ainsi qu’à Quantin Durieux qu’ils seront prêtés. Le coach français Albert Cartier leur fait la promesse de les réincorporer dans le noyau A si, au 1er septembre, ils n’ont aucun employeur. Commencent alors les doubles discours.

 » On ne pouvait pas être prêtés à des clubs de D1 ou D2 car le président estimait qu’il s’agissait de la concurrence. Le 31 août à 20 h, Dimitri Mbuyu, le manager sportif m’appelle et me dit – Le Racing de Malines est intéressé. Tu dois signer sinon tu ne joueras plus. J’ai répondu que je ne signais nulle part sans réfléchir. Le lendemain, je retournais dans le noyau B « , raconte De Troetsel.

 » Parfois, on négociait avec un club en lui disant qu’on était gratuit et au moment de la conclusion du prêt, le Brussels demandait une forte somme « , lâche un autre jeune.

 » Pour un prêt d’un an, il demandait parfois entre 5.000 et 15.000 euros « , ajoute Jonckheere.

Au 1er septembre, De Troetsel et Jonckheere n’ont pas trouvé de club pour une location. Pourtant, plus de noyau A pour eux.  » Ce n’est pas la faute de Cartier. Je l’ai entendu demander à son président notre retour dans le noyau A mais Vermeersch a refusé « , affirme De Troetsel.

Pour Jonckheere, la situation est viciée depuis le début. Alors que son contrat prévoyait une revalorisation après 10 matches disputés, il n’a jamais rien vu venir alors que ce quota avait été atteint en octobre 2006 contre Westerlo.  » Chaque fois que j’allais voir le président, il me répondait – Plus tard, plus tard. Au mois de juin 2007, je suis allé voir Sporta, le syndicat des joueurs, qui a envoyé un recommandé au club en demandant une régularisation dans les 15 jours « . La menace fonctionne : le Brussels envoie un recommandé au joueur en l’augmentant de…100 euros. Mais si le recommandé est bien arrivé, à la date d’aujourd’hui, le joueur n’a toujours pas vu la couleur de l’argent en question. Cette saison, Jonckheere n’a même pas été payé pendant deux mois et demi.

 » Après ce laps de temps, Vermeersch régularise. Il n’a pas le choix. S’il ne paie pas un joueur durant trois mois, il sait qu’il n’obtiendra pas sa licence « , révèle Jonckheere.

 » A ce jour, 32 dossiers litigieux sont dans les mains de Sporta ou d’avocats « , corrobore Frans Hauwaerts, l’ancien secrétaire général.

En janvier, De Troetsel a été loué à Meldert. Lieu où pouvait également partir Jonckheere, pourtant courtisé par Tubize, Waasland et l’Antwerp.  » Le 31 janvier, le secrétaire général de Tubize a même proposé une somme minime de transfert et de l’argent à la revente. Vermeersch a répondu – Ce n’est pas Jonckheere qui va me rapporter de l’argent à la revente ! D’un côté, il montre clairement qu’il ne compte plus sur moi mais il continue à bloquer mon transfert. Au même moment, le comble, c’est qu’il me propose un nouveau contrat de deux ans. J’ai appris par la suite que son but était de me louer tous les six mois à un club et de demander 5.000 euros à chaque location. Sans compter que le club acquéreur devait reprendre mon contrat à sa charge ! « . Jonckheere a refusé. En fin de contrat en juin, il a signé à Tubize. Depuis lors, il ne peut même plus disputer les matches de Réserves…

Ce n’est pas un cas à part. Colpaert rejoindra Zulte Waregem, Phiri La Gantoise.  » Et d’autres devraient suivre. Tellement les parents sont éc£urés « , ajoute un jeune.

La mauvaise image active l’exode

Tout cela ne fait évidemment pas la publicité du club.  » Longtemps, on a su appâter le client (à savoir le jeune) parce que le FC Brussels offrait un véritable débouché, aux meilleurs « , argumente Jacques Colson, directeur technique de l’école des jeunes.  » Une perspective qui n’existe pas, dans la même mesure, à Anderlecht. La fameuse facture d’électricité non payée, il y a quelques mois, en a dissuadé plus d’un de rallier notre club. Tout en poussant d’autres à aller voir ailleurs. Il y a un an, en avril, beaucoup sont partis. Si le club culbute en D2, on aurait pu faire la part belle à quelques jeunes. Mais Vermeersch les a relégués sur une voie de garage. Cette année, compte tenu du travail effectué avec les jeunes (des moins 11 au moins 19), nous nous situons en 3e position (en matière de points obtenus et de places au classement). Seuls Anderlecht et le Standard nous devancent. Là-bas, des jeunes se retrouvent en Première, pas chez nous. C’est anormal. Si on n’a rien à offrir comme perspectives aux jeunes, ni sur le plan financier ni sportif, c’est à désespérer de tout. Dans ce cas, c’est normal qu’on aille à la concurrence. L’approche humaine, chez nous, est en dessous de tout. En moins 15 et moins 16, on a été deux fois champion de Belgique la saison passée. Au lieu d’ébaucher un plan d’avenir avec eux, la direction, Vermeersch en tête, les a laissé macérer dans leur jus. Du coup, les meilleurs sont allés voir ailleurs. Comme Ndongala et Mununga, passés au Standard ou Rheda qui a rejoint Anderlecht. Vermeersch veut qu’on forme des gars pour la Première mais les meilleurs vont voir ailleurs « .

Des comptes cadenassés

 » Il ne parle que d’argent « , affirme Jonckheere.

 » Tout au long des mois que j’ai passés comme secrétaire général du club, je n’ai jamais vu le moindre extrait de compte. Vermeersch gardait toujours tout jalousement. Dans ces conditions, il était difficile de savoir à quoi s’en tenir exactement. On ne savait pas où allait l’argent et quelle était la situation financière exacte du club « , ajoute Hauwaerts.

En bon entrepreneur qu’il est, le club ne doit rien lui coûter :  » Johan Vermeersch a horreur du gaspi et rogne sur tout « , explique Hauwaerts.  » Si le secrétariat a besoin d’un bic, c’est lui qui doit donner le feu vert et l’argent. Parfois, c’est le feu vert sans argent. Il faut alors se faire rembourser et ça peut traîner « .

En décembre 2006, au moment où les Français SamuelNeva, Citony et FlavienLePostollec ont été engagés, il fallait des photos d’identité pour leurs documents de licence auprès de la fédération. Ils ont réclamé de l’argent au secrétariat pour s’exécuter mais personne ne voulait le leur avancer. L’un des préposés suggéra que l’un d’entre eux se serve de sa carte Visa ou Mastercard pour régler le montant (avant de se faire soi-disant rembourser) mais personne n’a voulu. On les avait déjà prévenus que c’était la galère pour récupérer son fric…

L’école des jeunes est la première à pâtir de l’avarice du président.  » Le budget de fonctionnement octroyé annuellement aux jeunes est de 300.000 euros « , argumente Jacques Colson.  » C’est bien sûr fort peu. La région et la commune de Molenbeek nous aident mais Vermeersch ? Rien du tout. Je suis au Brussels depuis 7 ans et il a toujours promis de servir d’exemple pendant tout ce temps en pompant de l’argent sur des jeunes qui, selon ses dires, lui sont chers. Toujours est-il qu’il n’a pas mis un sou vaillant chez les jeunes. Pourtant, il m’a souvent dit et répété qu’il mettrait des panneaux au logo Vermeersch Construct autour des terrains destinés à la jeune classe. Des panneaux qu’il allait soi-disant payer mais qui lui assuraient en même temps une belle pub pour son entreprise « .

Le noyau A vit aussi dans la misère.  » Chaque mois, sur la totalité de mon salaire (fixe et primes), il manque toujours quelque chose. Parfois 200 euros, parfois 600 « , rapporte un des piliers de l’équipe.  » Dans l’affaire Zola, la fuite provenait de Sven Verdonck, reparti à Genk, qui a décidé de lâcher le morceau parce qu’il n’était plus payé depuis deux mois. Son salaire était partagé par Genk et le Brussels, ce dernier ne payant plus son dû « , révèle un proche du club.

Derrière cette politique des bouts de ficelle, Vermeersch n’hésite pas à verser dans les dépenses inutiles.  » Autant Vermeersch insiste pour que les autres fassent des économies, autant il grève lui-même inutilement le budget de son club « , dit Hauwaerts.  » Exemple : dès qu’un joueur ou un coach est devenu inutile, il estime superflu de devoir le payer. C’était le cas de Davy Theunis (blessé et opéré puis parti à Saint-Trond) et des coaches EmilioFerrera ou récemment Cartier. C’est oublier que toutes ces personnes ont signé des contrats en bonne et due forme et qu’il faut les respecter jusqu’au bout. Vermeersch table toujours sur une forme de découragement ou de lassitude chez ces gens-là. Mais si quelques-uns laissent tomber, la plupart vont au bout de leurs revendications. Résultat des courses : Vermeersch doit alors payer ce qui était prévu dans ces divers contrats, à majorer des intérêts et des frais d’avocat. C’est un très, très mauvais calcul « .

Mauvais calcul également dans certains bras de fer.  » Il offrait 1.800 euros au buteur Sanharib Malki mais celui-ci pouvait en recevoir 2.000 à Roulers. Pour 200 euros de différence, il est parti à Roulers. Aujourd’hui, il vaut un million d’euros « , lâche un proche du club.

 » Autre exemple de gaspi : les quatre Brésiliens qu’il a fait venir il y a deux ans et qui ne valaient franchement pas tripette. Ils ont d’ailleurs fait long feu « , continue Hauwaerts.  » Vermeersch s’est défendu en disant que ce quatuor n’avait rien coûté. C’est archi-faux, évidemment. Il y a eu les billets d’avions à payer, ils ont tous logé pendant leur séjour à Bruxelles au Rijkendael, l’hôtel exploité par l’ancien président du FC Strombeek, Emile De Schouwer. Il avait beau être lié de près au club, il ne les a quand même pas hébergés pour rien. Sans compter que parce qu’il s’agissait de footballeurs extra-communautaires, ils coûtaient un peu plus de 60.000 euros par an en matière de contrat « .

Les sponsors crient sauve qui peut !

Dans la foulée de l’affaire Zola, Kia, sponsor du club, décida de rompre unilatéralement le contrat qui l’unissait aux rouge-noir-blanc. Au plan des généreux donateurs, le constructeur automobile coréen n’aura pas été le seul à regretter son partenariat avec Vermeersch. Michel Vanderveken, ancien responsable de la firme d’équipements ménagers Fulgor, estime avoir été grugé lui aussi sur la marchandise.

 » J’ai signé un accord de sponsoring de 180.000 euros  » dit-il.  » Après m’être investi dans le football féminin, je m’étais fait la réflexion qu’un deal avec Vermeersch pourrait être une opération win win également. D’un côté, le club était un vecteur de pénétration très intéressant pour nos cuisines encastrables, et de l’autre j’étais convaincu d’un retour sur investissement aussi, dans la mesure où le président du Brussels, patron d’une importante entreprise de construction, s’était engagé verbalement à pourvoir ses nouveaux appartements, bungalows et villas de l’équipement ménager que ma firme produisait. Mon grand tort fut de ne pas avoir mis tout ça sur papier. Après coup, jamais Vermeersch ne fit appel à moi pour doter ses constructions d’un de mes produits. Je me suis laissé dire qu’il avait déjà un accord avec Bosch en ce temps-là, tout comme c’est le cas avec Al No aujourd’hui. Cette mauvaise plaisanterie n’est, hélas, pas restée sans conséquence pour moi car j’ai perdu ma place chez Fulgor « .

Il n’y a pas que les investisseurs qui ont trouvé quelquefois l’attitude du président du Brussels saumâtre. Les propres commerciaux du club en connaissent un bout sur la question aussi. Comme Michel Hubert, appelé à appâter le client au cours des années 2004-06.

 » Pour convaincre les éventuels candidats-sponsors, il est toujours de bon ton de les inviter à une rencontre à domicile « , explique-t-il.  » La logique voudrait, dans ce cas, que le président les accueille ou fasse, au moins, le tour des tables pour serrer les mains. Rien de tout ça avec Vermeersch, qui s’est toujours plu à traverser la salle de réception sans le moindre regard pour les convives. Aux petites heures, lorsque les langues se délient, il daignait de temps en temps se racheter une conduite. Mais parfois, au lieu de se rattraper, il faisait froncer encore plus les sourcils. Comme cette fois où un petit sponsor, ravi de sa soirée, lui fit savoir qu’il comptait non plus injecter 2.500 mais 12.500 euros dans son club et qui reçut en guise de réponse – Vous n’allez tout de même pas mettre votre argent dans ce club de merde. Sympa, non ? »

 » Le respect pour le sponsor, c’est un vain mot à la rue Malis « , poursuit ce témoin.  » Surtout s’il n’injecte pas beaucoup d’argent. Un soir, lors de la visite du Standard, un panneau publicitaire est tombé. – Inutile de le redresser, c’est pas un gros client fut la remarque de Gino Gylain, le directeur commercial du club et principal acolyte de Vermeersch. Grande classe aussi, n’est-ce pas ? A une autre occasion, un groupe de personnes de Mercedes Abrumatrans s’était vu refuser l’accès au stade, faute d’invitations. Pour débloquer la situation, l’intervention du bras droit du président était requise. Il préféra toutefois couper son GSM et poursuivre tranquillement son repas. Pour la petite histoire, c’était avec un certain René Vandereycken…  »

par bruno govers et stéphane vande velde

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