LA DEMI-FINALE DE 1985 COMME RÉFÉRENCE

Les Francs Borains ont dit au revoir à la Coupe de Belgique, ce dimanche, au Stade Vélodrome. Celui de Torhout, pas celui de Marseille.

Le Stade Vélodrome de Torhout. Jadis, on y courait sur piste, mais comme au Vélodrome de Marseille, celle-ci a disparu : les Allemands l’ont démolie durant la Deuxième Guerre mondiale, pour construire un dépôt de munitions. RomainHaghedooren ne le sait pas encore, mais il sera le héros de l’après-midi.  » Ce Stade Vélodrome sans piste, c’est le point commun entre l’OM et Torhout. La différence, c’est qu’il y a un peu moins de monde qu’à Marseille, ici « , s’amuse-t-il.

Un mois jour pour jour après la reprise des entraînements fixée le jour de la fête nationale, c’est là que les Francs Borains disputent le quatrième tour de la Coupe de Belgique. Aux tours précédents, ils avaient signé deux performances intéressantes : deux fois 4-1 contre Duffel et le RWDM.

 » C’est encourageant, mais il ne faut pas prêter trop d’attention au score « , avertit le manager AlainBattard.  » Nous avons bénéficié de circonstances favorables. Contre Duffel, nous avons joué toute la deuxième mi-temps à 11 contre 10 suite à l’exclusion d’un joueur anversois, et contre le RWDM, nous avons marqué deux buts sur contre-attaque en fin de match, alors que les Bruxellois mettaient tout à l’attaque.  »

Le nom d’Alain Battard est associé aux Francs Borains. Originaire de la région, il a vécu toute l’histoire du club, d’abord comme journaliste, puis comme dirigeant. Il est de retour depuis un an.  » J’avais quitté le club en 2012, alors qu’il évoluait en D2 avec l’une des plus fortes équipes qu’il ait connues. J’avais besoin d’un peu souffler. Je suis parti à La Louvière, mais dans un autre rôle.  »

Le divorce a été consommé en 2015 et la nouvelle direction du RFB lui a fait un appel du pied.  » Les Francs Borains traversaient une petite crise. Ils avaient, par exemple, encaissé l’une des plus lourdes défaites de leur histoire : 0-6 contre le SK Hal, qui venait de monter de P1. On a réussi à redresser la barre en fin de championnat, mais pas assez pour participer au tour final et on s’est retrouvé en 3e Division Amateur alors qu’on visait l’accession à la D2.  »

PROLONGATIONS

Au Stade Vélodrome de Torhout, les deux équipes – comme l’arbitre d’ailleurs – sont équipées en Patrick. Et elles portent les mêmes couleurs : vert-blanc-noir. En tant que visiteurs, c’est aux Francs Borains qu’il revient de revêtir le maillot de remplacement, grenat. Le grand gardien borain JulesDjoudjou porte le même maillot jaune et noir que l’arbitre KevinDebeuckelaere, mais ce dernier n’y voit pas malice.

Les Francs Borains se montrent d’emblée les plus dangereux. GianlucaFalzone envoie trois tirs cadrés qui ne surprennent pas le gardien DylanOlievier. Après 15 minutes de jeu, on a déjà utilisé trois ballons. Deux ont atterri dans les buissons, derrière le but. Mais au repos, c’est toujours 0-0.

LorenzoLaï fait 0-1 à la 79e minute, alors que Torhout est réduit à dix suite à l’exclusion de DarrenSteur. On croit le match plié, mais Haghedooren – pourtant défenseur central – parvient à égaliser cinq minutes plus tard. Et à la 90e minute, SofianeRezouk, arrivé du RCCF cet été, réagit à une faute commise sur lui – que l’arbitre avait pourtant déjà sanctionnée – et est exclu à son tour. Le RFB perd sa supériorité numérique.

Le marquoir affiche 1-1 au terme des 90 minutes. A partir du 4e tour de la Coupe de Belgique, on ne procède pas directement à la séance de tirs au but : on joue les prolongations. La veille, JurgenBrinckmann (qui a pourtant déjà sifflé en D1) l’avait oublié lors du match Deinze-Wetteren et avait fait jouer les 30 minutes supplémentaires… alors que trois tirs au but avaient déjà été tentés.

Haghedooren, encore lui, fait 2-1 dans la prolongation. Les Francs Borains quittent la Coupe de Belgique. La tête haute, mais avec des regrets.  » Il y a eu du positif « , se console l’entraîneur EmmanuelMassaux.  » Mais j’ai aussi constaté qu’il restait beaucoup de travail.  »

COMBATIVITÉ ET MENTALITÉ

Place au championnat, dans une 3e Division Amateur que les Francs Borains abordent avec des ambitions mesurées.  » On sait qu’on n’a ni le plus gros budget, ni le plus gros effectif de la série, mais on sait aussi que l’argent ne détermine pas tout « , poursuit Battard.

 » La combativité et la mentalité peuvent compenser beaucoup de lacunes. C’est cet état d’esprit que je veux instaurer. Cela vaut pour les joueurs comme pour les dirigeants : on vient d’accueillir six nouveaux administrateurs. On va aussi essayer de trouver de bonnes affaires sur le marché, comme cela avait été le cas avec MomoDahmane ou WilliamDutoit à l’époque de la D2.

Pour le club, la D3 Amateur pourrait se révéler attrayante. Nous retrouverons, par exemple, un derby contre Mons. Certes, ce n’est plus l’Albert, mais Quévy était aussi un club proche. Ce sera folklorique, sympathique et haut en couleur.  »

Le capitaine Lorenzo Laï, qui a encore joué avec le double buteur Haghedooren dans les équipes de jeunes de Mouscron ( » Eh oui, le temps passe… « ) se montre ambitieux.  » On vise le titre. On a l’équipe pour y parvenir. Et la mentalité aussi…  »

SOUVENIRS, SOUVENIRS

Sur le plan de la Coupe de Belgique, l’histoire des Francs Borains est inévitablement associée à la demi-finale disputée contre le Cercle Bruges en 1985, après avoir éliminé Seraing en quart. 31 ans déjà, mais Alain Battard s’en souvient comme si c’était hier.

 » C’était l’époque du président JeanZarzecki, qui investissait beaucoup dans le club. Il n’y avait pas de vedettes dans l’équipe, et aucun joueur n’a réalisé une belle carrière par la suite (ndlr : à l’exception tout de même de RudyMoury, qui a joué pour le Sporting de Charleroi) mais c’était des guerriers.

L’équipe, entraînée par CasimirJagiello, était constituée d’un savant mélange entre joueurs de la région, comme AndréLaurent, GeorgesMercante ou le gardien LucCalbert, et des joueurs bruxellois comme AlbertWauters, LucHanouille ou BrunoVanWemmel.

Il y avait aussi un défenseur polonais, WaldemarTuminski, que l’on avait surnommé  » le divin chauve  » et qui était un rempart presque infranchissable mais qui a commis une erreur fatale en demi-finale. Pour ce match, les Francs Borains avaient émigré au Tivoli de La Louvière, car le stade n’avait pas encore été modernisé. Aujourd’hui encore, je cite ce match comme une référence : les joueurs actuels doivent s’en inspirer au niveau de la mentalité.  »

A l’époque, les Francs Borains (une fusion entre Boussu-Bois et le FC Elouges) avaient le matricule n°167. En proie à des problèmes financiers, ils l’ont vendu en 2014 à Seraing (racheté par le FC Metz) qui est passé sans transition de la P1 à la D2. Les Francs Borains actuels portent le matricule n°5192. Mais, comme pour mieux rappeler son passé, le nouveau maillot est une synthèse entre les lignes horizontales du Celtic de Glasgow (réputé pour son engagement) et le maillot de 1985.

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO CHRISTOPHE KETELS

 » En 85, il n’y avait pas de vedette dans l’équipe mais des guerriers  » – ALAIN BATTARD

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire