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La crédibilité

Le mentaliste d’Anderlecht. Il y a six mois, c’est ce que nous titrions en une de ce magazine à propos de René Weiler. Le Suisse était alors pris par ses travaux de démolition et de rénovation et était confronté à de nombreux doutes. Pourtant, il répétait avec assurance qu’il avait clairement changé la mentalité à Anderlecht et que les choix qu’il opérait servaient les intérêts du club. Ça sonnait bizarrement dans la bouche d’un entraîneur qui avait perdu contre Westerlo, à domicile, quelques semaines plus tôt.

Ces dernières semaines, si une constante revient à son propos, c’est sa conséquence. Cette persévérance lui offre une crédibilité dont peu de ses prédécesseurs récents ont joui, en interne. Les Mauves ont pris le bon pli juste à temps, malgré le faux-pas de la semaine dernière contre le Sporting Charleroi. Le flegme d’Anderlecht dimanche à Gand est l’illustration de cette nouvelle mentalité. Jamais l’équipe n’a été en proie au stress. Tout le monde s’est satisfait du nul, même s’il était possible de faire mieux. Ce match ne constituait qu’une haie sur le parcours qui mène au titre.

Qui entraînera le Club Bruges la saison prochaine ? Ce ne sont pas les noms qui manquent, ces jours-ci. Celui de Francky Dury revient avec de plus en plus d’insistance. Ce serait pourtant vraiment bizarre. Moins parce qu’en 2011, Dury a déjà été pris en grippe par les supporters brugeois alors qu’il avait conclu un accord avec le Club pour succéder à Adrie Koster que parce qu’il a clairement lié son sort à Zulte Waregem en y signant un contrat de dix ans. Que n’a pas raconté Dury depuis ? Qu’il restait à Waregem jusqu’à sa retraite, qu’il y décidait des contingences sportives, que les dirigeants étaient tous ses amis, qu’il voulait mener ce projet à terme, etc…

Francky Dury est ambitieux et ce n’est évidemment pas interdit. Mais alors, il vaut mieux réfléchir à deux fois avant de faire ce genre de déclarations, histoire de ne pas perdre sa crédibilité. Certes, nul ne s’en offusque dans le milieu : ça fait partie du jeu. On ne cesse de clamer tout et son contraire. Jadis encore plus que de nos jours. En ce sens, l’interview du très autoritaire président gantois Albert De Meester, parue en septembre 1980 dans Sport ’80, l’ancêtre de ce magazine, est mémorable. Il avait juré sur la tête de son fils que son entraîneur, Léon Nollet, ne serait pas limogé. C’était notre titre. Deux jours plus tard, Nollet était renvoyé. Quelques jours après, De Meester convoquait l’auteur de l’interview. Pas pour lui passer un savon mais parce qu’il… avait trouvé belle la photo qui accompagnait l’article.

Le week-end dernier, le Bayern est devenu le premier champion des grandes compétitions européennes, remportant son 27e titre. Et ce au terme d’une campagne durant laquelle son entraîneur, Carlo Ancelotti, a été vivement critiqué, surtout après son élimination en demi-finale de la Coupe d’Allemagne et en Champions League. L’Italien ne prodiguerait pas des séances assez intenses, il serait trop souple avec les joueurs et trop passif le long de la ligne. Alors qu’Ancelotti a toujours tenté d’être le plus effacé possible…

Entre-temps, l’hégémonie du Bayern pose un problème au football allemand. Cinq titres d’affilée, c’est comme si vous mangiez une escalope viennoise cinq jours de suite. Ça ne nuit pourtant pas à l’intérêt suscité par la Bundesliga : plus de 41.000 spectateurs par match, en moyenne, aucun autre championnat ne fait mieux. Même la deuxième Bundesliga connaît une progression significative. Alors que le VfB Stuttgart est en passe de retrouver l’élite et que des clubs de tradition (Munich 1860, Kaiserslautern, St. Pauli) sont ou ont été menacés de rétrogradation, on a enregistré une assistance moyenne de 31.000 personnes le week-end dernier !

par JACQUES SYS

Que n’a pas raconté Francky Dury depuis qu’il a signé pour dix ans à Zulte Waregem ?

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