La Coupe est vide

On avait commencé 2020 par devoir encore et toujours rappeler à quel point notre sport préféré trahissait la morale et la priorité sportive. Rappeler à quel point les signaux envoyés par les dirigeants les plus puissants du football sont catastrophiques, insultants, désespérants, révoltants.

Ils ressemblent de plus en plus aux hommes politiques. C’est-à-dire exactement l’exemple à ne pas suivre. C’est-à-dire des larbins de la finance, des girouettes au gré des vents de la géopolitique. Des observateurs, plus que des défenseurs des droits de l’Homme.

Bon, sont pas tous les mêmes, hein ! Évidemment. On parle surtout des très  » haut placés « . Ceux qui ont leur place à côté des vrais décideurs de la marche de ce monde. Ce panier de crabes. Avec de grandes pinces pour mettre le grappin sur le plus d’argent possible. Pognon roi, pognon fait loi.

Question droit de l’Homme, les dernières actus foot font encore très fort. Bon, ça date pas d’hier. Remember les Coupes du monde en Argentine, en Russie ou encore celle à venir au Qatar. Et puisqu’on parle Golfe persique, on va parler de l’Espagne et de sa fameuse Supercoupe.

Mais faisons un petit retour vers le futur. Qui dit Espagne dit forcement Barça, et l’histoire nous rappelle les relations très étroites que le club catalan et l’émirat qatari ont tissées. Tellement étroites qu’elles incluaient dans le  » deal  » les oeillères et les bouches cousues sur les us et coutumes du pays. Le Barça a été d’une très grande influence pour l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.

Revenons au présent qui, hélas, n’est que le passé en pire. Plusieurs pays ont changé les formules de leur Supercoupe. C’est devenu  » Coupe Super pleine « . D’argent. De droits TV, de téléspectateurs, de propagande.

Exemple avec la Supercoupe d’Espagne, qui s’est jouée en Arabie saoudite, autre état du Moyen-Orient. Le plus grand, même. Il se doit donc de lustrer son image en se servant du sport, lui aussi.

J’ai dit le sport, car y a pas que le foot. Mais bon c’est le sport-roi. Et dans cette monarchie absolue, ça compte. Une Supercoupe, ça a toujours été le champion contre le vainqueur de la Coupe.

En Espagne, ça a longtemps été la double confrontation entre les deux vainqueurs, en avant saison, sur le territoire national. Et puis l’an dernier, on a délocalisé au Maroc, et ça c’est joué en un seul match. Le Barça, auteur du doublé, a donc joué contre le FC Séville l’autre finaliste de la Copa del Rey.

Et cette année, on va donc en Arabie saoudite. En janvier. Faut surtout plus perturber les tournées d’été très lucratives de ces grands clubs. On y va à quatre équipes. Le Top 2 du championnat et les finalistes de la Coupe. Comme le Barça est dans les deux, on a rajouté le Real Madrid. La belle affaire.

Le lucre pour la fédé espagnole est de quarante millions d’euros. Avec pour faire semblant que c’est important, la promesse des autorités locales que les femmes pourront assister aux matches.

N’empêche, ça gueule, ça proteste mais, ignominie et indécence, pas pour ce que vous croyez. Le président de la Liga râle parce qu’une chaîne de TV saoudienne pirate les matches alors que les droits ont été vendus à beIN Sports, soit une chaîne… qatarie.

Le président de la fédé espagnole peste d’autant plus qu’en effet, un peu de décence dans cette histoire, aucune TV espagnole n’a retransmis les matches. Question de dignité. Et donc lui, l’indécent, dépose plainte contre la télévision publique RTVE.

En résumé, le  » droit  » de visibilité des sponsors est bien plus important que ceux de l’Homme et, plus que jamais, de la femme. Valence râle pour le respect des droits de l’Homme ? Non, non, non. C’est parce qu’ils ne touchent que deux millions d’euros. Alors que le Real et Barcelone en touche six, et l’Atlético trois.

On vit vraiment dans un monde formidable. Ce qui aurait été formidable, c’est que les stars refusent de jouer. Par peur de se blesser. Ou même, on peut rêver, peur de blesser leur dignité.

Ha oui, dernière chose, 26 supporters de Valence ont fait le déplacement. Cinquante de l’Atlético. Avec des places offertes par le club. Une fois de plus la vérité vient des tribunes.

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