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La cote à la Côte

Gert Verheyen (47 ans) va effectuer ses débuts d’entraîneur en championnat la saison prochaine, à Ostende. Avant même de commencer, il est considéré comme un grand entraîneur. Pourquoi ? Quatre témoignages.

 » Il nous a beaucoup appris tout en étant un homme normal  »

Brecht Capon, l’arrière droit d’Ostende, a travaillé avec Gert Verheyen il y a onze ans, quand celui-ci entraînait les espoirs du Club Bruges. La saison prochaine, il sera son entraîneur à la Versluys Arena.

 » À l’époque, quand il entraînait les Espoirs, il venait de mettre un terme à sa carrière et on admirait ce qu’il avait réussi. Il a immédiatement voulu tout professionnaliser, en insistant pour mettre sur pied une véritable structure, pour réduire le fossé qui nous séparait de l’équipe première. On devait s’entraîner le matin, manger au club et faire du fitness avant la séance. Ça a été une expérience très positive. On était tous convaincu qu’il pourrait aller loin au poste d’entraîneur.

C’était sa première année mais on a tout de suite réalisé son potentiel. Chaque exercice était motivé par une idée. Ce qu’il demandait en match revenait à l’entraînement. Comme Emilio Ferrera, il marquait parfois des espaces sur le terrain pour nous apprendre à jouer à partir de notre position, chacun avec sa mission, pour nous inciter à réfléchir ensemble. On jouait en 4-4-2, comme les A.

Il a arrêté au bout d’une saison mais, pour nous, ça a été une année fantastique. Gertjan De Mets, Thomas Matton et moi nous sommes souvent estimés heureux d’avoir pu vivre ça. On a beaucoup appris. Pour la première fois, on a eu le sentiment de travailler avec professionnalisme et d’effectuer un grand pas vers la Première. En même temps, c’était un homme normal, sympathique.

Il voulait qu’on travaille sérieusement mais on avait le droit de rigoler. Quand on allait manger un bout, il nous accompagnait. Il se mêlait à nous dès qu’il le pouvait. Cet aspect humain est très important pour un groupe. Sur le terrain, il discutait beaucoup avec ses joueurs, pour les corriger ou tout simplement pour savoir comment ça allait. Mais si quelqu’un franchissait les limites, il intervenait et le remettait à sa place devant tout le groupe. Il a certainement évolué depuis mais, à ce moment-là de notre carrière, c’était l’entraîneur parfait pour nous.  »

 » Il préfère le 3-4-2-1 mais il est souple  »

Franky Van der Elst a été le coéquipier de Gert Verheyen au Club Bruges et il était entraîneur-adjoint à l’époque où Verheyen achevait sa carrière active pour entraîner les espoirs. Ces deux dernières années, il a été son assistant en équipe nationale U19 et il le suit à ce poste au KV Ostende.

 » Les gens voient à la télévision ce dont Gert est capable. Il lit parfaitement le jeu et il l’explique dans un langage que tout le monde comprend. Il s’exprime clairement, avec facilité, ce qui est important pour un entraîneur. Gert explique très bien comment il veut jouer et ce qu’il attend de chacun, à la théorie comme sur le terrain, pendant les entraînements. Il a de la présence et il est agréable. Il possède évidemment beaucoup d’expérience. Il est intelligent, très fort sur le plan tactique tout en possédant aussi une intelligence émotionnelle. Je crois vraiment en lui, en l’homme comme en l’entraîneur. D’après moi, il a toutes les qualités qu’il faut pour réussir.

Gert est intelligent, très fort sur le plan tactique tout en possédant aussi une intelligence émotionnelle. Je crois vraiment en lui.  » Franky Van der Elst

Après, le football reste le football. On n’a pas toutes les cartes en mains. Un entraîneur dépend aussi de son noyau et des caractères qui le composent. Gert est conscient de tout ça, puisqu’il a lui-même longtemps joué. Je sais qu’entraîner une équipe nationale de jeunes est très différent mais je pense qu’il est capable d’être entraîneur au quotidien, de diriger un groupe sur le terrain au jour le jour. Ça a un impact sur la vie. Jusqu’à présent, la sienne a été plutôt confortable mais sa longue carrière lui a appris ce que ce poste représentait et il a bien réfléchi avant de prendre sa décision, en sachant qu’il connaîtrait des moments plus difficiles mais que ce travail procure aussi beaucoup de satisfactions, une sorte d’émotion qu’on ne ressent pas quand on est analyste ou coach des U19. En plus, Gert est capable de s’accrocher. Quand il entreprend quelque chose, c’est à fond, avec la conviction qu’il va réussir. C’est trop tôt pour le dire mais je pense que ce sera une belle aventure.

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Il veut avant tout gagner, évidemment. C’était déjà le cas quand il jouait. Il mettait tout en oeuvre pour ça. Gert sait comment il veut jouer, son style sera reconnaissable et il va beaucoup exercer son groupe mais il est aussi souple. Il a une préférence pour le 3-4-2-1 mais il changera de système s’il le juge nécessaire. Il est ouvert au dialogue. En U19, il convoquait régulièrement quelques gars pour réfléchir avec eux. S’il sent que le noyau souhaite autre chose, il s’y adaptera. Gert n’est pas de ceux qui vont au mur pour leurs principes.  »

 » Gert s’entend très bien avec les gens  »

Philippe Clement, l’entraîneur du Racing Genk, a été le coéquipier de Gert Verheyen au Club Bruges et en équipe nationale.

 » Il est bien armé. Il a acquis de l’expérience en U19, il a l’habitude de se tenir devant un groupe, de faire passer ses idées et de les inculquer pendant les entraînements. En plus, il emmène quasiment tout son staff à Ostende et ces gens ont déjà mérité leurs galons, comme Franky Van der Elst. Gert est humain, sociable, il s’entend bien avec les gens et je pense qu’il sera proche de son noyau. Il estime les relations importantes, qu’il s’agisse de ses contacts avec les joueurs, les membres de son staff et les autres personnes du club.

Je ne me fais absolument pas de souci quant à la pression qu’induit son nouveau poste. Il l’a connue pendant sa carrière de joueurs. Certains s’occupent surtout d’eux-mêmes mais comme moi, Gert s’est toujours senti très responsable à l’égard du club. Je sais que Gert s’est même senti mal lors du limogeage de certains coaches parce qu’il s’estimait également responsable des résultats. Il se donne à fond pour son club. Il le fera toujours, parce qu’il est impliqué émotionnellement.

Joueur, il s’est engagé très tôt, il a vécu en fonction du football pendant une très longue période. Quand il a mis un terme à cette carrière, il en a eu assez. Il a voulu un peu profiter de la vie, rattraper le temps perdu. Maintenant, la pression et l’ambiance qui vont de pair avec cette vie consacrée au football lui manquent. Il a retrouvé son envie et vous pouvez être sûr qu’il va se retremper dans le bain. Je m’attends à ce qu’il développe un football positif mais réaliste.

Selon moi, avoir été aussi longtemps de l’autre côté constitue un gros avantage. Il sait comment la presse juge les entraîneurs et ça peut l’aider à relativiser certaines choses, à ne pas les prendre de manière personnelle. Cela veut-il dire qu’il va rester calme ? Non. Aucun entraîneur ne peut prétendre ça. Se fâcher de temps en temps quand on veut gagner et qu’on n’est pas d’accord me semble tout à fait humain. Mais ça ne peut pas durer trop longtemps, bien sûr.  »

 » La confiance est cruciale pour lui  »

Chris Van Puyvelde, conseiller sportif de la Pro League et directeur technique de l’UB, a également côtoyé Gert Verheyen pendant cinq ans, quand il était l’adjoint de Trond Sollied au Club Bruges.

 » Gert jouit déjà d’une estime considérable parce qu’il est un excellent analyste et les gens s’attendent donc à ce qu’il soit aussi bon au poste d’entraîneur. Son travail en équipe nationale lui vaut aussi beaucoup de considération, de la part des joueurs comme des clubs. Il franchit un cap car dorénavant, il va travailler pour obtenir des résultats et il va être constamment sous pression. Maintenant, c’est lui que les commentateurs vont analyser. Mais il sait très bien dans quoi il s’engage.

Ces dernières années, Gert a fait ce qu’il aimait. Son travail d’analyste était apprécié et il a pu se développer dans une atmosphère professionnelle chez nous. La Pro Licence, le stage à l’étranger, le contact avec les professeurs, le sélectionneur, les clubs, leurs responsables des jeunes, les écoles de sport de haut niveau : toutes ces expériences l’ont formé.

Gert a toujours eu des opinions très tranchées. Au fil du temps, la structure de son jeu et ses consignes sont également devenues de plus en plus claires. Je trouve que Gert et Franky sont très complémentaires. Franky attache beaucoup d’importance à la technicité et à l’équilibre. Gert se laissera sans doute davantage influencer par les aspects physique et tactique dans ses décisions.

Gert a besoin d’être convaincu par un projet. Il doit s’y sentir très bien, être sûr de pouvoir réussir. Il ne partira pas à l’aventure. Il s’appuie sur une vision et sur des motivations soigneusement pensées. Il va changer de vie et il est d’autant plus important pour lui de s’entourer de gens qu’il connaît et en qui il a confiance. La confiance est très importante pour lui. Il a besoin de se sentir respecté. Je sais qu’il est à l’aise grâce à la présence de Van der Elst et d’ Hugo Broos à Ostende mais aussi grâce à tout le nouveau management du club et au projet qui lui est présenté.

Il ne fera pas de cadeau à ses joueurs : ils vont devoir travailler et montrer leur professionnalisme « . Chris Van Puyvelde

Je m’attends à ce que son équipe développe un football qui lui correspond : un ensemble bien structuré, avec des consignes claires, discutées avec le noyau, bien exercées et étayées par des chiffres. Il ne fera pas de cadeau à ses joueurs. Ils vont devoir travailler et montrer leur professionnalisme.  »

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