La consigne c’est la consigne

« Si les consignes ne sont pas bien appliquées, c’est qu’elles ont mal été expliquées « , a dit Paul Le Guen, l’entraîneur de Lyon, suite à la défaite encaissée à Anderlecht en Ligue des Champions. Quelle honnêteté ! On ne sait si Le Guen est toujours aussi correct, mais en Belgique on n’est guère habitué à un langage de ce type. Il y a des exceptions, mais nos entraîneurs ont encore trop souvent tendance à expliquer un résultat négatif par la prestation arbitrale, la malchance ou carrément le manque de discipline de leurs joueurs.

Mais Le Guen fait partie de ces entraîneurs français que l’on doit bien cataloguer comme scientifiques. Ce sont des gaillards qui ont étudié et qui laissent le moins de choses au hasard. On va, de plus en plus, vers des coaches de ce type qui  » sentent  » évidemment le jeu mais qui ne basent pas leur coaching uniquement sur un feeling au-dessus de la moyenne et un sens inné de la communication. L’analyse est poussée, l’entraînement adapté, les messages clairs, les exigences élevées et les joueurs priés de laisser leurs états d’âmes aux vestiaires. Car comment voulez-vous être des professionnels dignes de ce nom sans accepter les principes de la concurrence, de la rotation, de la critique directe ou des horaires allongés ?

Ce qui est frappant, dans ce monde d’entraîneurs de pointe et d’avenir, c’est qu’ils ne reprochent jamais publiquement à l’un ou l’autre de leurs joueurs de manquer de professionnalisme. En effet, dans cet environnement moderne, les joueurs commettant des incartades par rapport à la discipline collective font long feu. Où alors, leurs entraîneurs parviennent à les mettre dare-dare dans le droit chemin.

Or, que de fois n’entend-on pas de la part d’entraîneurs actifs en Belgique des reproches sur le professionnalisme de leurs troupes ? Mais est-ce une excuse facile ou une réalité ? Le professionnalisme belge ne date que de trente ans, il faut le rappeler, et, vu aussi le fait que la majorité de nos clubs sont loin d’avoir le niveau de vie des grands championnats européens, il peut effectivement y avoir des différences de mentalité et d’approche.

Prenez Mons, par exemple, et Sergio Brio, un coach hyper dur qui applique en Hainaut les recettes les plus impitoyables du Calcio. Tout le monde prédit qu’il va se casser la figure (même un ex-joueur comme Georges Grün qui a évolué en Italie) et voilà que les Dragons remportent leur première victoire à l’extérieur ! Que valent encore les critiques à l’égard d’un Mister quand le dernier résultat est positif ? Les joueurs qui fêtaient les trois points à Westerlo n’avaient-ils pas l’impression que tous les efforts déployés dans leur  » Alcatraz  » n’en valaient pas la peine ?

Le but de Brio est clair : il veut tester son noyau physiquement et mentalement. Les plus forts résisteront et c’est avec eux (plus les renforts qu’il faudra) qu’on abordera le deuxième tour. Brio n’a pas le choix. Le Guen ferait sans doute la même chose s’il était plongé dans le même engrenage.. Quand Didier Deschamps est arrivé à Monaco, il commença par se planter et voyez où il est maintenant.

En tête du championnat, Anderlecht et Hugo Broos continuent leur petit bonhomme de chemin sans que rien ne vienne troubler leur marche vers le titre. Samedi dernier, plus que jamais décimé par les blessures (on a rarement vu pareille épidémie), le club bruxellois a ressorti un grand OlegIachtchouk. Il avait montré le bout du nez en Ligue des Champions contre Lyon et il fut l’homme du match contre le Lierse. Son talent est toujours intact malgré deux ans en enfer marqués par des blessures aux adducteurs et des opérations. Tchouki marque et provoque un penalty dont l’auteur – Jonas De Roeck – est exclu. Une carte rouge très dure qui arrêta le match.

Si on se fie aux résultats et à l’analyse de la direction anderlechtoise, Broos devrait signer une prolongation à son contrat qui se termine en 2005. Roger Vanden Stock trouve un air malheureux à son coach mais c’est le seul reproche qu’il lui fait… Il a l’air totalement d’accord avec ses options de jeu.

par John Baete

 » Roger Vanden Stock ne fait qu’un reproche à Hugo Broos : son air malheureux « 

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