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La chronique de Swann Borsellino: Sens dessus dessous

Swann Borsellino

« Tout fout le camp ». La locution est signée « vieux con », mais il se trouve qu’eux aussi, parfois, ont raison. Tout fout le camp quand, rentré en France, j’ai été témoin, avec une profonde tristesse, de la catastrophe météorologique qui a touché la région liégeoise, et pas que. Tout fout le camp quand, préférant ne pas perdre plutôt que de gagner, des cyclistes olympiques ont préféré regarder Wout van Aert aller chercher sa médaille d’argent seul. Tout fout le camp quand ce 26 juillet, au moment de vous donner quelques nouvelles hebdomadaires, le seul soleil à l’horizon est celui de Mathieu van der Poel, malheureux lors de l’épreuve de VTT des Jeux Olympiques. À Tokyo aussi d’ailleurs, tout fout le camp, puisque si nous nous levons à l’aube pour regarder un Koweïtien de 58 ans tirer avec un fusil sur des cibles lancées à plus de 100 km/h, ils ne sont que quelques poignées à avoir le droit de célébrer les meilleurs athlètes du globe sur place. Finalement, le premier réflexe quand le monde semble perdre pied est de retourner à la source. À sa zone de confort. La Pro League, par exemple. Elle a ouvert ses portes le week-end dernier avec une douce sensation de reprise des habitudes quand certains supporters ont pu renouer le contact avec l’équipe de leur coeur, tandis que quelques joueurs, comme Nicolas Raskin, ont pu, pour la première fois, avoir droit aux encouragements de ceux qui leur ont tant manqué. Un arbre de normalité qui cache une forêt d’incertitudes, car notre beau championnat aussi, est sens dessus dessous après sa première journée. Des incertitudes paradoxalement très habituelles.

Les premières journées de championnat, ce sont des équipes aux niveaux de préparation physique disparates, des effectifs pas toujours au complet, des joueurs en instance de départ et des collectifs pas huilés.

C’est un classique du mois d’août que la Pro League a répété fin juillet. Le début de saison a cela de fou qu’il rebat toujours les cartes et que tout le monde, pour épouser le folklore de l’été, croit aux premières surprises comme un enfant au Père Noël. Les premières journées de championnat, c’est une partie du stade au soleil et une autre à l’ombre. Une atmosphère particulièrement impatiente et détendue au stade. Mais aussi des équipes aux niveaux de préparation physique disparates, des effectifs pas toujours au complet, des joueurs en instance de départ et des collectifs pas huilés. L’occasion rêvée pour les supporters énervés de dire que « leur équipe est nulle » et « qu’il faut vite transférer ». L’occasion pour les « petits » de prendre des points qu’ils ne prendraient pas plus tard. L’occasion pour les observateurs de faire une première revue d’effectif. De ce tourbillon de folie et d’incertitude, il y a des choses à retenir, d’autres à prendre avec du recul. Il suffit par exemple, au regard des résultats de cette première journée, de se rappeler comment Ostende et Charleroi avaient respectivement commencé leur saison l’année passée pour mettre un peu d’eau dans leur vin. Les Zèbres ont montré des choses très intéressantes, les Kustboys absolument aucune. L’avenir nous dira la vérité, mais le passé a prouvé qu’il pouvait être trompeur. On prendra avec moins de recul le putsch de Bruxelles. Parce que gagner à Anderlecht n’est jamais anodin. Parce qu’y gagner en promu l’est encore moins. Mais surtout parce que l’Union a montré des valeurs, mais aussi des idées et des individualités – coucou Loïc Lapoussin – qui sont de bonne augure pour la suite. Dans la catégorie « tout fout le camp », pour Bruges, on retiendra plus les minutes de temps additionnel qui ont rappelé les prolongations de l’EURO que le match nul concédé face à Eupen. La Gantoise et l’Antwerp eux, en s’inclinant à Saint-Trond et à Malines, se sont chargés de donner définitivement à cette première journée un air de foutoir géant. Un bordel pas franchement déplaisant, contrairement à d’autres, qui donne envie de rendre hommage à un humoriste français qui nous a quittés cette semaine: Jean-Yves Lafesse, dont un des gimmick était le suivant: « Pourvu que ça dure ».

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