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La chronique de Fred Waseige: la Premier League ne tient pas ses engagements écologiques

La compétition anglaise s’est engagée à réduire de 50% ses émissions de CO2 d’ici 2030. Mais elle n’agit pas. C’est l’objet de la chronique de Fred Waseige.

La Premier League est toujours aussi belle. Des stars et des buts à la pelle. Celle-là même qui va creuser sa propre tombe. Le rachat de Newcastle a remis en lumière ce que beaucoup préféreraient laisser dans l’ombre. Peu importe d’où il vienne, l’argent doit rentrer. Dans les clubs. Pour pouvoir acheter encore et encore ce qui se fait de mieux dans l’exploitation du ballon avec les pieds. Toujours le même réflexe. S’il ne vient pas chez nous, il ira ailleurs. L’indécence de l’argent est déjà en train de sceller à plus ou moins long terme l’existence de notre planète. Il salit de plus en plus à court terme l’existence d’une belle croyance: le sport, et donc le foot, garantit l’évidence de vraies valeurs.

La Premier League s’est engagée à réduire de 50% ses émissions de CO2 d’ici 2030. Mais elle n’agit pas.

Dans ce cadre, bien au-delà du foot, il y a des habitudes qui perdurent. À l’heure de ces fameuses « COP », chaque minute compte pour tenter d’éviter ce que ces brasseurs d’air rendent inéluctable. La preuve, on en est à la COP 26. Ça en fait 25 de trop. Elles devaient être la solution mais en fait, elles sont la cause de notre fin. Ces fameux rassemblements censés sauver notre planète sont en fait gangrenés par les « marques ». En version sponsors. Les constructeurs automobiles qui véhiculent les participants reçoivent en échange le droit de nous faire croire qu’ils oeuvrent pour le « moins polluer ». Un peu comme la Premier League dont certains clubs font fort. Très fort.

Jusqu’il y a peu, Tottenham détenait la palme de l’indécence. Se déplacer en avion pour un vol de vingt minutes. Direction Bournemouth depuis Londres. Mais en octobre, Manchester United a fait encore pire. Les 160 kilomètres pour rallier Leicester ont été pollués en dix minutes de vol. Bravo. Paraît qu’il y avait du trafic sur les routes. Pas question de se taper 2h30 de car à quatre jours d’un match européen. Re-bravo. Ben ouais, il y a trente ans, on aurait pu comprendre. Plus maintenant.

La Premier League laisse faire. Bien qu’elle se soit engagée à réduire de 50% ses émissions de CO2 d’ici… 2030 et zéro émission en… 2040. Tu parles! Mais tu n’agis pas. Réflexe contagieux, on laisse la merde pour les suivants. Une ancienne légende mancunienne semble plus concernée. EdwinvanderSar, devenu chef exécutif de l’Ajax, a décidé en 2019 que le déplacement de l’équipe vers Paris se ferait en train. « Nous avons notre rôle d’exemple à jouer auprès de nos supporters et même ceux du monde entier ». Merci Edwin.

La Premier League continue de détourner le regard. Courage, fuyons. Ce sont maintenant les clubs qui doivent organiser leurs déplacements. Ce qui ne l’a pas empêchée après l’interruption de la compétition due au Covid, d’encourager les clubs à utiliser… l’avion, afin de réduire les contacts. C’est vrai qu’il y a moins de contacts dans un avion privé que dans un car tout aussi privé.

Soit. Positivons. Arsenal, Tottenham, Liverpool et Southampton ont signé le « Cadre d’action des Nations Unies pour les clubs pour le climat ». Juré promis, on va réduire nos émissions. Même que Chelsea et Tottenham se déplacent maintenant avec du fuel bio dans les réservoirs. Le réservoir est plein, on va lâcher les gaz avec une bonne blague. La dernière avant Noël, que je vous souhaite pétillant.

Le tirage des Coupes d’Europe de l’UEFA. Trop beau pour être vrai. Tant de nullité nuit à la crédibilité. On aurait dit un Grand Prix de Formule 1. Mais boules sur le sapin, le plus beau, c’est que le Real Madrid est offusqué parce que quelque chose de louche s’est passé sous l’égide de l’UEFA. Lui, le Real… Lui, FlorentinoPérez. Comment ose-t-il? Il devrait créer une Super League. Celle de la meilleure blague de l’année. Il était temps.

Comme pour moi, tant que j’y suis, de vous souhaiter aussi une année où tout ira mieux. Et pourquoi pas, par les temps qui courent, une vie merveilleuse

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