La Chine, nouvelle terre promise ?

Quel est le point commun entre Paulinho, Demba Ba, Eidur Gudjohnsen et Asamoah Gyan ? Ils viennent tous de signer un contrat lucratif dans un club chinois de D1. Asamoah Gyan va gagner 314.826 millions euros par semaine, soit 16 millions par an à Shanghai SIPG FC. C’est plus que Neymar (305.118 euros par semaine), Luis Suarez (305.118) et Gareth Bale (277.380), les gros salaires du football européen. Son club précédent, Al Ain, aux Emirats, offrait 220.800 euros par semaine à Gyan. Guangzhou Evergrande a tenté d’enrôler Lior Refaelov, auquel il a offert un contrat de trois ans assorti d’un salaire annuel de 1,8 millions mais l’Israélien de 29 ans a jugé qu’il était prématuré d’accepter ce genre de transfert.

Tout semble indiquer que la Chine est la nouvelle terre promise du football. Pourtant, jusqu’il y a peu, le sport suscitait de vives discussions dans la république populaire : la Super League a été accablée par des scandales de match fixing et l’équipe nationale a accumulé les revers humiliants. Sponsors et supporters se sont détournés du football et des vedettes comme Didier Drogba et Nicolas Anelka, qui avaient rejoint Shanghai Shenhua en 2012, ont rompu leur contrat.

Le gouvernement est intervenu au bon moment. Il a ordonné l’arrestation de dizaines de dirigeants, footballeurs et arbitres corrompus. Il a rendu sa crédibilité au sport, ce qui s’est traduit par un retour des investisseurs. Ghangzhou est sans doute le plus bel exemple de cette renaissance. En 2010, il a été relégué en D2 pour avoir influencé des matches. Evergrande, un groupe de promoteurs, a racheté l’équipe. Cette injection financière a permis à la phalange de Marcello Lippi d’engager une série de footballeurs étrangers et trois ans plus tard, Evergrande est devenue la première formation chinoise à enlever la Ligue des Champions asiatique.

L’année dernière, le club a bénéficié d’un coup de pouce supplémentaire : Alibaba, un géant de la vente en ligne, a racheté 50 % des parts pour 175 millions d’euros. Guangzhou Evergrande a aussi annoncé vouloir fonder des académies pour les jeunes Chinois en Espagne et aux Pays-Bas. Depuis, tous les clubs chinois essaient de copier la recette de Guangzhou.

La Chine veut aussi développer le football. Le président Xi Jinping, fervent amateur de football, a trois souhaits : que la Chine se qualifie pour une Coupe du Monde, ce qu’elle n’a réussi qu’en 2002, perdant ses trois matches de poule sans inscrire le moindre but, organiser un Mondial – en 2026 ? – et en gagner un, un jour. En fonction de ces objectifs, il a approuvé en mars un vaste plan de réformes. Le football devient une matière obligatoire en primaire et en secondaire, le nombre d’écoles de football passera de 5.000 à 20.000 d’ici 2020 et ce mois-ci, on a entamé la formation de 6.000 entraîneurs. Le président a résumé sa volonté :  » Il faudrait inciter les bébés chinois à jouer au football.  »

PAR STEVE VAN HERPE

 » Il faudrait inciter les bébés à jouer au football.  » Le président chinois Xi Jinping

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