La CHARGE des Eléphants

Aruna Dindane et les siens sont désormais proches du Mondial 2006. Une première à laquelle l’ASEC Abidjan, club-phare du pays, et ses Académiciens sont étroitement associés.

Jamais encore depuis son adhésion à la FIFA, en 1960, la Côte d’Ivoire n’a été aussi près d’une qualification pour la phase finale de la Coupe du Monde qu’aujourd’hui. Leaders du groupe 3 africain avec deux points d’avance sur le Cameroun (19 contre 17 au terme de la 8e journée), les Eléphants n’ont plus besoin que d’une victoire face à cet opposant, voire d’un nul assorti d’un succès devant le Soudan, dernier de sa poule, à la faveur du 10e et ultime rendez-vous des qualifs, pour forcer les portes de l’Allemagne en 2006. Cet honneur, les footballeurs d’ Henri Michel le doivent assurément, dans une large mesure, à leur buteur-fétiche, Didier Drogba, auteur de 7 goals jusqu’à présent tout au long de leur parcours, dont deux lors du récent match au sommet contre l’Egypte (2-0) à Abidjan, le 19 juin dernier.

Ce dimanche après-midi-là pourtant, à l’applaudimètre, ce n’est pas le réalisateur des hautes £uvres de Chelsea qui a fait exploser les décibels au stade Félix Houphouët-Boigny, mais plutôt son compère au sein de la ligne d’attaque, Aruna Dindane.

Le néo-Lensois, il est vrai, aura marqué lui aussi d’une empreinte indélébile ses rencontres en sélection. Avec un total de quatre roses, plantées tour à tour contre la Libye (2-0), l’Egypte (1-2), le Soudan (5-0) et le Bénin (0-1) et autant de passes décisives sur l’ensemble des préliminaires, l’ex-Anderlechtois peut même se targuer d’avoir été plus décisif encore que son acolyte. Ses statistiques, jointes à son style spectaculaire, tout en percussions et déhanchements, le placent même, dans les c£urs, au côté du grand Laurent Pokou, le plus adulé des joueurs ivoiriens de tous les temps.

 » Au même titre que Lolo Pokou, enfant de la balle qui a fait toutes ses classes à l’ASEC, le club-phare de la capitale, avant de tenter sa chance à l’étranger, au Stade de Rennes, tous les Abidjanais se reconnaissent en leur nouvelle idole, Aruna « , observe Paul Bahini, du quotidien local Fraternité Matin. Aux yeux du public, cette trajectoire est autrement plus symbolique que celle de Didi Drogba, dont la seule attache avec le pays est d’être né dans la capitale avant de faire son apprentissage en France, au Mans d’abord, puis à Guingamp avant de rallier Marseille et l’Angleterre. Ici, qu’on le veuille ou non, il faut en premier lieu avoir transité par l’ASEC pour avoir rang de star. Et le Belge, comme nous le surnommons tous affectueusement, répond furieusement à ce critère « .

Les Mimos

L’essor du football ivoirien, vainqueur de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 1992 au Sénégal (0-0 contre le Ghana, puis 11-10 à l’épreuve des tirs au but) et lauréat de la Coupe d’Afrique des Clubs Champions en 1998 par l’entremise de l’ASEC (0-0 et 2-4 contre les Dynamos Harare du Zimbabwe), est sans conteste lié de près, depuis une bonne douzaine d’années, à la belle santé de l’Association Sportive des Employés de Commerce, surnommée les Mimosas ou les Mimos en raison de sa couleur jaune, ainsi que de son Ecole des Jeunes, mieux connue sous le nom d’Académie MimoSifcom et créée au beau milieu des années 90 par l’homme fort de la maison, l’avocat Roger Ouégnin, toujours maître des lieux.

 » Quand j’ai repris le témoin à la fin des eighties, l’ASEC était au creux de la vague « , dit-il.  » Champion en 1980, il avait dû abandonner l’hégémonie à ses rivaux de la capitale, le Stella, sacré en 1981 et 1983 et, surtout, l’Africa Sports National, numéro 1 à 7 reprises entre 1982 et 1989. Afin d’inverser la tendance, j’ai fait revenir au pays certains éléments dont l’expérience n’avait pas été couronnée totalement de succès à l’étranger. Comme Dominique Sam Abouo à l’AS Monaco voire Abdoulaye Traoré au FC Metz. Ce fut un coup dans le mille car en 1990, l’équipe renoua avec le titre. Dans la foulée, ces deux-là, épaulés par d’autres comme Saint-Joseph Gadji-Céli et Serge-Alain Maguy, contribuèrent au tout premier succès en CAN à Dakar. L’ASEC et les Eléphants étaient au sommet à ce moment-là. Encore fallait-il s’inscrire dans la durée et, à cet égard, l’idée m’est venue de développer un authentique centre de formation « .

Roger Ouégnin, mémoire vivante du club, se souvient qu’à l’époque des pionniers, au début des années 50, le coach français Guy Fabre s’était appuyé sur des jeunots d’un quartier de Treichville, nommé Sol Béni, pour donner une première impulsion au club. Son slogan d’alors  » Les enfants s’amusent «  est d’ailleurs toujours d’application actuellement. Restait à remettre au goût du jour le vieux concept de Sol Béni. Ce qui fut chose faite 40 ans plus tard, non pas sur les lieux d’origine, mais le long de la lagune Ebrié où s’érige depuis lors un superbe complexe de dix hectares qui abrite le blé en herbe du club : des jeunes, au nombre d’une bonne quarantaine, qui constituent l’Académie MimoSifcom . Une juxtaposition du nom des Mimos, d’une part, ainsi que d’une branche de leur partenaire financier, la Sifca, géant de l’agro-industrie en Côte d’Ivoire.

 » J’avais évidemment besoin d’un formateur hors pair « , observe le président de l’ASEC.  » Or, à l’entame des années 80, lorsque j’avais encore rang de simple administrateur du club, j’avais eu l’occasion de sympathiser avec le technicien français Jean-Marc Guillou, principale cheville ouvrière du centre de formation de l’AS Cannes. Il était tombé sous le charme de l’un de nos joueurs, Youssouf Fofana, et, conscient de son potentiel, j’avais intercédé personnellement auprès des autres membres du comité pour qu’ils acceptent de libérer ce joueur promis à une belle carrière. De fait, sous les ordres de Jean-Marc Guillou, il allait complètement s’épanouir au point de réaliser un beau parcours, au sein du club qui l’a hébergé d’abord sur la Côte d’Azur puis à l’AS Monaco avec laquelle il a explosé un jour le FC Bruges : 6-1 en coupe de l’UEFA 1988-1989, si mes souvenirs sont bons, avec un hat-trick de sa part (il rit). Aussi, ma décision coulait-elle de source : c’est Jean-Marc Guillou qu’il me fallait « .

Super-Coupe d’Afrique

En 1992, l’entente est scellée entre les deux parties. Dans l’attente du réaménagement complet des installations de Sol Béni, une entreprise qui nécessitera près de deux années de travaux, Jean-Marc Guillou officie comme manager général du club. Au beau milieu des nineties, les premiers Académiciens font leur apparition dans le centre de formation. La plupart sont issus de structures de football inter quartiers, entendu que le sport de compétition organisé, en faveur des adolescents, n’existait pas encore en ce temps-là. Parmi ces jeunots de la première heure figurent deux éléments dont les noms évoquent des consonances familières en Belgique : Dindane et Didier Maestro Zokora.

 » Guillou s’est targué de les avoir découverts ainsi que tous les Académiciens suivants « , précise Ouégnin.  » La vérité est que ces jeunes ont été poussés par d’autres vers notre centre. Aruna Dindane était le joueur le plus en vue de l’une des nombreuses équipes de la capitale, appelée les Inconditionnelsd’Adjamé. C’est l’un de ses leaders qui l’a acheminé vers nous, le reste c’est du vent. En réalité, le seul mérite de JMG est d’avoir contribué à dégrossir ces diamants bruts : sur le plan de la conduite des jeunes, c’est un guide de tout premier ordre. Jamais je ne le dénigrerai sur cet aspect-là « .

L’espace d’un lustre, Jean-Marc Guillou travaille en profondeur avec une vingtaine de teenagers à Sol Béni. Durant la même période, l’ASEC, qui n’en finit pas de truster les titres sur la scène nationale, se fait progressivement un nom aussi sur la scène africaine. En 1995, les Mimos accèdent pour la première fois de leur histoire à la finale de la Coupe des Clubs Champions. A ce stade, toutefois, ils sont battus par l’équipe sud-africaine des Orlando Pirates : 2-2, 1-0. Trois années plus tard, ses joueurs obtiennent leur revanche en étant sacrés pour la première fois numéros 1 à l’échelle continentale face à leurs adversaires zimbabwéens. Du coup, ils ont le droit de disputer la Super-Coupe d’Afrique face aux Vainqueurs de la Coupe des Coupes, l’Espérance Sportive de Tunis.

 » Nous savions ce que notre équipe représentative avait dans le ventre à ce moment-là « , souligne Roger Ouégnin.  » Mais nous baignions encore dans le flou quant à la valeur réelle de notre première génération, ou plutôt promotion, d’Académiciens. Dès lors, pour les besoins de cette double confrontation sans véritable enjeu sportif, l’idée nous est venue, à Jean-Marc Guillou et moi-même, de lancer dans la bataille nos jeunes pousses. Le 7 février 1999, une bande de gamins dont la moyenne d’âge n’excédait pas les 18 ans réussit alors l’exploit, au stade Houphouët-Boigny, de battre les expérimentés Tunisiens sur le score de 3-1 après prolongations : but d’ouverture d’Aruna en première mi-temps, égalisation du gardien Chokri El Ouaer en fin de match, sur penalty, et doublé de Vénance Zézé Zezeto dans les prolongations. Joueurs, dirigeants et supporters : tout le monde était aux anges. Avec le recul, je n’hésite pas à dire que ce match-là a été le plus important de l’ASEC. Car aucun autre n’a autant influé sur le cours de son histoire « .

Rupture avec Guillou

La saga des gosses inexpérimentés qui réussissent à faire plier un grand nom du football maghrébin et africain, a bien sûr alimenté les chroniques sportives. Et un an après l’exploit, au soir d’une première campagne complète chez les A de l’ASEC, les deux premiers Académiciens quittent Abidjan pour chercher gloire et fortune à l’étranger. Aruna aboutit ainsi à Anderlecht, au cours de l’été 2000, tandis que son compère Zokora trouve refuge au Racing Genk. Au total, le club perçoit un peu plus de deux millions d’euros pour la vente de ce duo.

 » Pour la première fois depuis mon accession à la présidence, des transferts étaient réalisés à destination de la Belgique « , commente Roger Ouégnin.  » D’autres allaient immanquablement suivre, puisque Guillou planchait à l’époque sur une symbiose avec Beveren. Je n’y étais pas réfractaire. Au contraire, j’avais le sentiment que tout le monde était susceptible d’y trouver son compte : les Académiciens d’une part, dûment formés, qui avaient la perspective de monnayer leur talent en Europe, et l’ASEC lui-même, entendu que les joueurs devaient d’abord faire profiter le club de leurs aptitudes avant l’Europe. En outre, l’argent récolté en cas de revente devait, en partie, être ristourné à l’Académie MimoSifcom afin d’assurer sa continuité. Car, mine de rien, son budget de fonctionnement s’élevait à 250.000 euros annuellement. Avec Guillou et Beveren, nous nous étions mis d’accord sur une clé de répartition : 30 % pour le club belge, 40 % pour JMG et 30 % pour l’Académie. En échange, nous devions mettre à disposition du club, annuellement, quatre Académiciens après un passage obligé de quelques mois, voire davantage, en équipe fanion de l’ASEC « .

Durant l’été 2001, les quatre premiers Académiciens quittent l’ASEC à destination du club du Freethiel. Il s’agit de Zezeto, Gilles Yapi Yapo, Arsène Né et Yaya Touré. Un an après, comme convenu, ils sont rejoints par un deuxième arrivage : Arthur Boka, Josselynn Joss Péhé, Constant Kipre Kaiper et Mohamed Diallo Diallito. Quelques mois plus tard, toutefois, c’est le clash : Jean-Marc Guillou réclame un troisième contingent, avec Emmanuel EbouéAndrade, Moussa Sanogo et Marco Né, que Roger Ouégnin lui refuse dans un premier temps. Le divorce est alors consommé et JMG quitte Sol Béni pour s’en aller trouver refuge au centre technique des métiers de Bingerville d’abord, puis à Dagbé, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale ivoirienne où son Académie tourne toujours aujourd’hui, fût-ce à moindre vitesse. Il est vrai qu’entre-temps, le technicien français a été condamné à cinq ans de prison par un tribunal d’Abidjan et que, par la force des choses, il ne peut plus suivre sur place l’évolution de ses ouailles.

 » La genèse de notre différend repose sur des mots « , explique Ouégnin.  » Au départ, tout s’était déroulé comme prévu puisque Guillou avait obtenu le concours de quatre éléments pendant l’été 2001 et d’autant d’autres l’année suivante à la même époque. Mais sous prétexte d’une nouvelle période de transfert, lisez le mercato d’hiver 2003, il avait voulu anticiper la venue d’un nouveau contingent, dont l’arrivée était programmée l’été suivant seulement. Mon club et moi-même n’étions nullement préparés à cette réalité, puisqu’il en allait là de joueurs qui n’avaient pas encore eu leur chance au plus haut niveau à l’ASEC. Je ne pouvais admettre qu’ils rallient la Belgique sans avoir fait bénéficier mon club de leur bagage et j’ai refusé. Dès cet instant, ce fut la guerre entre Guillou et moi. D’autant que je m’étais aperçu, dans l’intervalle, que le titulaire du compte ouvert à la Banque Populaire du Luxembourg dans le cadre du pourcentage à restituer à l’Académie MimoSifcom n’était pas cet organe mais… Guillou lui-même. Mon sang n’a fait qu’un tour et je l’ai immédiatement attaqué au civil pour détournement de fonds.

Dans la foulée, le 4 décembre, je l’ai sommé aussi de plier bagage à Sol Béni, étant donné qu’il n’avait de cesse de monter les jeunes contre moi. Entre un président qui privilégie les intérêts de son club et un technicien qui amène les jeunes en Europe, le choix est bien sûr vite fait (il grimace). Mais il y a eu une justice quand même : JMG a été condamné par contumace ici et ne peut plus mettre les pieds dans ce pays. Un autre procès, examiné par le TAS à Lausanne à l’heure actuelle, devrait également nous permettre de récupérer une somme de 750.000 euros pour la formation des Académiciens de l’ère Guillou qui ont quitté Beveren afin de poursuivre leur carrière en Ukraine ou en France comme Arsène Né ou Arthur Boka. Mais ce qui fait ma fierté, par-dessus tout, c’est que l’Académie MimoSifcom est toujours là, en dépit des prédictions de JMG, pour qui elle était vouée à l’échec sans lui. Après un peu plus de deux années de fonctionnement, nous en recueillons d’ailleurs les premiers dividendes sous la forme de l’incorporation de quatre premiers Académiciens dans le noyau élite : Aboubacar Diomandé Mé, Marc Sédé Dion, Ismaël Béko Fofana et Serge Konan Kouadio « .

18.000 joueurs à l’essai !

Jean-Marc Guillou parti avec tous ses promotionnaires, c’est le vide à Sol Béni, où il faut tout rebâtir. Pour assurer la continuité, le président Roger Ouégnin fait appel à un nouveau technicien français, riche d’une longue expérience chez les jeunes à Caen, Pascal Théault. Un jeune quadragénaire qui, au stade Malherbe, a notamment formé Bernard Mendy ainsi qu’un certain Jérôme Rothen. Arrivé fin 2002, ses six premiers mois à Abidjan sont consacrés à la détection des talents qui composeront le nouvel effectif à Sol Béni. A raison de 400 joueurs par jour pendant un mois et demi, ce ne sont pas moins de 18.000 éléments qui se sont exposés à son regard au tout début de son mandat.

 » La folie totale « , confie l’entraîneur français.  » Je me faisais la réflexion, a priori, que ce flux ne durerait pas. Mais de jour en jour, nous devions refuser de plus en plus de monde. C’est assez dire si l’ASEC et son Académie MimoSifcom marquent les esprits. Avec, hélas, certaines dérives. Car si tous nos pensionnaires sont scolarisés, il n’en va pas de même pour les milliers de garçons que, par la force des choses, nous avons dû éconduire. Pour eux, et pour leurs parents, le football est devenu plus important que l’école. Tous songent à devenir des Dindane ou des Drogba. Malheureusement, s’il y a beaucoup d’appelés, il y a aussi peu d’élus. Nous comptons 44 Académiciens pour le moment mais je ne puis jurer que tous auront une trajectoire aussi fabuleuse que leurs modèles. C’est pourquoi, si l’ambition est de contribuer à leur épanouissement footballistique afin qu’ils servent un jour l’ASEC, une formation étrangère ou, à défaut, une autre équipe ivoirienne tout simplement, nous avons à c£ur aussi qu’ils ne se retrouvent pas les mains vides au cas où ils ne feraient pas carrière dans le football. De là l’importance d’une bonne scolarité que nous nous efforçons de leur inculquer « .

Théault a entamé son mandat en 2003 avec un groupe de 18 Académiciens âgés de 14 et 15 ans afin que l’ASEC ne doive pas patienter durant des années pour tirer les premiers fruits de son labeur. Deux ans après, leur nombre a donc plus que doublé et l’Académie compte désormais des jeunes âgés de 11 à 17 ans.

Et là où Guillou ne jurait que par promotions entières, il est frappant de constater qu’aucune équipe complète ne se dessine à présent par classes d’âge. Ils sont chaque fois 6 ou 7 selon la catégorie à laquelle ils appartiennent, et ce n’est que pour les besoins des matches qu’ils sont associés à des éléments d’une catégorie supérieure. Pour le reste, tout est fonction de travail individualisé.

 » En un peu moins de trois ans, je ne suis pas mécontent du travail accompli « , souligne Pascal Théault.  » Neuf Académiciens ont participé dernièrement à la CAN Cadets en Gambie, et nous comptons 13 autres internationaux dans d’autres tranches d’âge. Sans oublier les quatre garçons appelés désormais à faire montre de leurs aptitudes dans le noyau de Première à l’ASEC. Nous avons trois groupes de travail articulés autour de nos 17, 15 et 13 ans. Deux cadres techniques leur sont adjoints par catégorie et, par semaine, une dizaine d’entraînements leur sont dispensés selon des spécificités liées à l’âge. Nous avons la chance, à Sol Béni, de disposer de deux billards qui n’ont pas leur pareil en Afrique de l’Ouest. Seules les meilleures infrastructures sud-africaines sont capables de soutenir la comparaison, c’est tout. Ce double outil de travail permet une formation de qualité. Pour ne citer qu’un exemple, je citerai les transversales. En raison de leurs évolutions sur des espaces réduits, dans les quartiers, nos gaillards sont tous des orfèvres dans le jeu court. Par contre, au plan des changements d’orientation, ils ont la plupart du temps encore tout à apprendre. Or, Dieu sait si basculer le jeu d’un flanc à l’autre est important. Cette richesse-là, grâce aux terrains, nous sommes en mesure de l’inculquer « .

Eternel recommencement

Le contrat de Théault, ainsi que de son adjoint, Benoît You, vient à expiration cette année. Mais aux dires du président Ouégnin, les deux hommes devraient être reconduits dans leur fonction. Car tous deux ont réalisé du bon travail et favorisé l’incorporation d’un premier quarteron de joueurs en équipe fanion. Tout porte à croire que ceux-là, voire les suivants, emboîteront un jour les pas de leurs glorieux devanciers et que, comme eux, ils convergeront tôt ou tard vers un club européen après avoir servi l’ASEC. Quant à la suite logique, pour eux, elle aura pour nom aussi, sans doute, l’équipe nationale, lisez les Eléphants. A cet égard, on relèvera que sur les 23 sélectionnés dans le cadre du récent Côte d’Ivoire-Egypte, plus de la moitié étaient estampillés ASEC ou Académie MimoSifcom. Si les anciens Blaise Kouassi, Guel Tchiressoa et Bonaventure Kalou n’ont pas pu profiter de l’écolage classique chez les jeunes mais ont débuté immédiatement en Première, dix autres sont passés par l’Académie MimoSifcom : Barry Boubacar Copa, KoloTouré, Arthur Boka, Siaka Chico Tiéné, Didier Zokora, Gilles Yapi Yapo, Yaya Touré, Aruna Dindane, BakariKonéBaki et Emmanuel Eboué. A l’exception du gardien Jean-Jacques Tizié actif à l’Espérance de Tunis, de l’arrière Marc Zoro, sociétaire de Messine, de Cyrille Domoraud, joueur à Créteil, et de Didier Drogba, puncheur de Chelsea, tous les autres Eléphants opposés aux Pharaons étaient des ex-Mimos. Une tradition qui a désormais toutes les chances de perdurer et qui devrait permettre à la Côte d’Ivoire de garder son rang en Afrique. Car personne n’en doute : à l’heure actuelle, les Eléphants sont la meilleure équipe du moment sur le continent noir.

 » Guillou était d’avis qu’il allait nous porter un coup fatal dès l’instant où il a établi ses lares ailleurs « , conclut Ouégnin.  » Il a cru qu’il était le seul à avoir la science infuse et que sans lui, l’ASEC et l’Académie MimoSifcom étaient appelés à péricliter. Désolé mais personne n’est plus important que le club. Et celui-ci, ma foi, se porte plutôt bien. Au plus haut niveau, nous sommes actuellement engagés en poule B de la Ligue des Champions d’Afrique aux côtés du Zamalek du Caire, de l’Espérance de Tunis et de l’Etoile du Sahel. Avec une bonne carte à jouer car certains ne manquent pas de répondant sur le terrain. Un garçon comme Soro Bakary, par exemple, leader de notre défense à 19 ans à peine, ne détonnerait pas dans un club comme Anderlecht. Mais c’est une autre histoire.

Sur la scène domestique, nous comptons 16 points d’avance sur le deuxième classé, l’Africa Sports National, et un 14e titre en l’espace de 16 ans ne peut plus décemment nous échapper. Quant à la belle histoire qui veut que les meilleurs Mimos puissent rallier l’Europe avant d’avoir rang d’internationaux à part entière, elle est sans doute appelée à se poursuivre pour un bon bout de temps encore. Comme quoi l’histoire, ici, est un éternel recommencement « …

Bruno Govers, envoyé spécial en Côte d’Ivoire

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