La Champions League est meilleure que le Mondial

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Depuis mardi dernier, la Champions League offre de nouveau l’espoir de caresser ses grandes oreilles. Pas besoin d’avoir les yeux en face des trous pour constater que c’est tout simplement la meilleure compétition de foot au monde qui a redémarré. Meilleure que la Coupe du Monde. Difficile de comparer une compétition de sélection avec une de clubs, d’accord, mais les coupes du monde c’est en juin. Avec des joueurs épuisés de leur saison. Les entraîneurs ont peu de temps pour leur mise en place. On joue sur un mois mais si tu débutes mal, t’es dehors.

La Ligue des Champions s’étale sur neuf mois. Les entraîneurs en ont eu deux pour la préparer. Quoique. Les années post Coupe du Monde sont toujours très spéciales vu que les grandes équipes sont aussi les grandes pourvoyeuses de sélection nationale.

Mercredi j’étais avec Philippe Albert au royaume de Louis 1er. Je vous le confirme, Van Gaal y règne en maître absolu. Sa conférence de presse d’après match valait le détour. La salle de presse bavaroise, c’est comme une salle de cinéma High Tech. 200 places, casque pour les traductions simultanées, micros pour poser les questions. Des questions qui mettent du temps à sortir. Personne ne veut être le premier. Il y a Super Louis en face.

Une minute de silence. Première question, première réponse : un NEIN clair et net. Pas besoin de traduction. Deuxième question, un courageux ose demander pourquoi la première mi temps du Bayern fut si insipide. Et là, Louis nous fait du Louis Jouvet. Regard dans les yeux du journaliste, il verse un peu de lait dans son café, ouvre nonchalamment deux paquets de sucre et tourne lentement sa cuillère. 40 secondes de grand silence (croyez-moi, c’est long). Même les mouches s’arrêtent de voler. Elles préfèrent planer de peur de déranger.

La réponse dure cinq bonnes minutes (croyez-moi, c’est long et rare). Cinq minutes à expliquer le cheminement tactique de la rencontre. A expliquer ses ajustements à la mi-temps. Ça valait la peine d’attendre. C’est généreux. C’est une leçon. On comprend pourquoi Thomas Müller dit de son souverain qu’il est un génie tactique.

Tiens puisqu’on parle génie, le jeune Müller n’en est pas un mais il en a de plus en plus souvent les gestes. Son but contre la Roma a résolu tous les problèmes de son équipe. Quand dans un même corps, dans une même tête, le talent et l’efficacité côtoient l’insouciance, cela donne cette merveille de Thomas Müller. Plus que jamais il faudra dans l’avenir des petits grains de folie, de génie pour mettre à mal les plans bétonnés des équipes qui visitent.

Question d’un confrère : -Son remplacement après son but c’était pour les applaudissements ? Van Gaal :  » Nein. Thomas et moi on a un arrangement. Quand il est fatigué, il me fait signe. Après son but il m’a fait signe. Je l’ai sorti. Même si je savais très bien qu’il n’était pas fatigué. Vous voyez, je ne suis même plus le boss au Bayern.  »

Mouais… Van Gaal, c’est surtout l’école Ajax. Le talent, fût-il pubère, est roi quant il libère l’équipe. Van Gaal ne recherche pas la rigueur pour la rigueur. Il en use uniquement pour permettre à ses joueurs de s’exprimer dans les meilleures conditions de créativité.

Enfin, un confrère italien ose subtilement : – Vous avez déclaré ne pas aimer le foot italien, vous êtes donc très content de l’avoir battu ce soir ? Cela n’a pas toujours été le cas…  » Super Louis inspire trois grands coups et regarde le plafond :  » Je n’ai pas dit exactement cela mais oui je suis content. J’aime battre une équipe qui ne pense qu’à attendre dans son camp. Comme l’Inter la saison dernière. Mais quand je jouais contre la Fiorentina de Prandelli, j’étais plein de respect car, avec lui, les Italiens jouent au foot.  » Sur ce, il se lève. Fin de la conférence de presse. A nous de dire -Respect ! Car avec lui, le jeu est toujours franc.

 » Dans le métier d’entraîneur, seuls les dictateurs ont une chance  » Brian Clough

par fred waseige, journaliste betv

Quand dans un même corps, dans une même tête, le talent et l’efficacité côtoient l’insouciance, cela donne cette merveille de Thomas Müller.

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