La carte du back

Après une saison réussie à Gand, le jeune espoir belge rebondit à Charleroi qui recherchait depuis longtemps un vrai arrière gauche.

Les deux villes baignent en pleine rivalité mais l’histoire sportive regorge de Liégeois venus chercher la réussite à Charleroi. C’est donc dans le sillage des Robert Waseige, François Sterchele, Giovanni Bozzi ou Jean-Michel Saive que débarque le nouvel arrière gauche du Sporting de Charleroi, Massimo Moia.  » Je n’y avais pas pensé. Cela me fait donc un objectif supplémentaire : réussir à Charleroi en tant que Liégeois.  »

A 21 ans, Moia éclata la saison passée sous la vareuse des Buffalos. Liégeois pur jus, il avait effectué ses premiers pas de footballeurs à La Préalle et à Visé avant d’émigrer à Maastricht et ensuite de peaufiner sa formation à Sochaux. Dans quelques jours, il emménagera dans un appartement à Charleroi. En attendant, c’est dans son fief, à Chaudfontaine (il aura au moins un sujet de conversation avec son président !), entouré de ses parents qu’il nous reçoit.

Pourquoi avoir quitté Gand ?

Après une première saison réussie, Moia n’a fait que très peu d’apparitions sous le maillot gantois, cette année. En cause ? Une brouille avec les dirigeants lors de la renégociation de son contrat qui arrivait à échéance en juin 2009.  » En arrivant à Gand, j’ai signé un premier contrat de base et il était prévu de le renégocier une fois mes preuves faites, c’est-à-dire 10 matches comme titulaire. Et alors que j’ai été choisi dans l’équipe de base à plus de 30 reprises, je n’ai rien vu venir. Il a fallu attendre le début de la campagne actuelle pour qu’on me propose quelque chose, bien loin de mes aspirations. J’avais reçu d’autres offres, avec à la clé un salaire trois fois supérieur à ce que Gand me proposait. J’ai fait une contre-proposition que le club a refusée. A partir de ce moment-là, Michel Louwagie a commencé à casser du sucre sur mon dos. Notamment auprès d’acquéreurs potentiels comme le Germinal Beerschot ou Genk. Il disait que j’avais une mauvaise mentalité, que j’étais un fainéant et que je n’aimais pas travailler. Vous pouvez demander à n’importe qui, je suis tout le contraire. J’étais fâché et déçu. D’autant plus que les clubs l’ont cru. Cela ne se fait pas. Louwagie croyait en fait que j’avais déjà signé pour juin dans un de ces deux clubs. En agissant de la sorte, il perdait la possibilité d’un bon transfert en hiver.  »

Est-il déçu de son expérience gantoise ?

Cela devait être l’année de la confirmation mais Moia n’a disputé que trois rencontres.  » J’avais été séduit par le discours de Louwagie il y a un an. Je ne m’attendais pas à ce qu’il agisse de la sorte douze mois plus tard. Je suis peut-être gentil et bon mais il ne faut pas me prendre pour ce que je ne suis pas. De Gand, je pars déçu mais heureux aussi de cette première expérience. Je retiens mes débuts en D1, la Coupe Intertoto, mon goal contre le Brussels qui fut classé, en fin de saison, deuxième plus beau but de l’année, mon but en Coupe de Belgique contre le Standard, mon club de c£ur, et la finale de la Coupe contre Anderlecht. Quand j’ai entendu que Michel Preud’homme avait signé à Gand, j’étais très excité. Il venait d’être champion avec le Standard. Et j’avais encore en mémoire ses exploits de joueur. Mais entre nous, la sauce n’a pas pris. Je ne peux pas l’expliquer. Peut-être ne suis-je pas son style de joueur ? Sans doute à cause de ma taille. Je sais qu’il aime les grands défenseurs. Moi, je suis plus technique. J’aime combiner de l’arrière. Je ne suis pas du genre à dégager dans les tribunes.  »

Que retient-il de Sollied ?

Si le courant ne passa pas avec MPH, on ne peut pas dire la même chose concernant Trond Sollied, qui fit immédiatement confiance à Moia.

 » Je venais d’arriver. Je n’étais pas censé commencer directement. J’ai profité des blessures de Dario Smoje et de Djordje Svetlicic. Alexandre Mutavdzic a été déplacé de la gauche à l’axe et on m’a lancé à gauche. Au fur et à mesure, un rapport de confiance s’est installé entre nous. Il appréciait mon apport offensif et insistait pour que les arrières latéraux montent. Il m’a appris à centrer correctement : à ras de terre au premier poteau ou en l’air au deuxième poteau. Tous ces conseils m’ont servi à donner des assists. Sur le plan défensif, il me replaçait, me disait de coulisser. Cela ne faisait que deux ans que j’évoluais comme back gauche puisqu’à Maastricht, on me plaçait encore au poste d’avant-centre. J’ai donc un tempérament offensif et je dois apprendre les gestes défensifs. Dans cette optique, le Norvégien m’a beaucoup aidé.  »

Pourquoi avoir choisi Charleroi ?

Une fois le divorce consommé avec Gand, il restait à Moia à trouver un club. Genk lui a fait une proposition alléchante avant de faire marche arrière. Charleroi a alors rebondi en lui proposant un contrat de trois ans et demi.  » Je crois que le prix du transfert avoisine les 200.000 euros. « 

Il y a un an, les Carolos s’étaient déjà montrés intéressés mais à l’époque, Moia avait choisi Gand,  » un club plus ambitieux « . Or, il a récemment affirmé la même chose sur le Sporting.  » Je maintiens que Gand est un club ambitieux mais je trouve que Charleroi n’est pas à sa place au classement. Les infrastructures sont au moins aussi bonnes qu’à Gand où il n’y a pas de terrain synthétique couvert. Les terrains d’entraînement ne sont pas en moins bon état et je n’ai pas dit que le noyau était plus fort mais qu’il recelait autant de qualités. Il y a juste une différence dans la façon de travailler : Gand se donne les moyens que Charleroi ne possède peut-être pas. Il faut toutefois respecter la politique du Sporting ! Les dirigeants sont ambitieux mais à leur manière. J’ai opté aussi pour Charleroi car j’ai été bien accueilli. Jusqu’à présent toutes les promesses ont été tenues. On a dit qu’on ferait tout pour me trouver rapidement un appartement et cela fut fait. « 

Pour un Liégeois, Moia a cependant toujours été intrigué par Charleroi.  » Quand j’étais petit, j’allais voir le derby contre le Standard et j’ai toujours été impressionné par le stade, les rayures du maillot et l’ambiance. Quand les contacts se sont précisés, j’en ai parlé avec Dante, qui possède le même agent que moi et qui m’a poussé à signer. Il m’a dit qu’il n’avait gardé que de bons souvenirs de Charleroi.  »

Y a-t-il une filiation entre Collins et Sollied ?

Le discours de John Collins l’a également immédiatement séduit.  » J’ai choisi Charleroi pour la langue également. Je voulais retrouver des théories en français. Ok, Collins est écossais mais il donne toutes ses consignes en français. A Gand, Preud’homme et Sollied parlaient en anglais car il y avait beaucoup de nationalités dans le noyau. Sollied et Collins se ressemblent. Ils aiment l’offensive et veulent du show sur le terrain. Preud’homme ou Alain Perrin, que j’ai côtoyé à Sochaux, mettent davantage l’accent sur l’organisation défensive. Collins connaît le foot et il va apporter beaucoup à Charleroi. On sent qu’il a du vécu et il sait comment accélérer le jeu. Il faut cependant le temps que la sauce prenne. En espérant qu’il reste encore la saison prochaine. Comme il aime le football offensif, le courant ne peut que passer avec moi.  »

Qu’apporte Craig, l’adjoint ?

 » Tommy Craig est un personnage… excité. Il parle beaucoup avec ses mains ou par gestes. Il est toujours en mouvement. Il connaît le milieu dans lequel il travaille et il est passionné par le foot. Il essaie de nous faire partager sa vision. Les deux entraîneurs écossais sont toujours là pour nous motiver. Parfois, ils parlent un anglais bruyant pour nous secouer. On les entend crier – Come on de l’autre bout du terrain.  »

Comment s’est passée son intégration carolo ?

Il a directement trouvé ses marques dans le groupe.  » Les Flamands sont plus froids mais ici, on s’appelle tous par des petits surnoms, on se fait la bise. « 

Le capitaine Frank Defays l’a même pris sous son aile, partageant sa chambre lors du stage en Turquie.  » Il m’a expliqué la façon de travailler de chacun dans le club. Lui est toujours resté à Charleroi et on sent qu’il aime le Sporting. Il m’a dit qu’il s’agissait d’un bon club pour les jeunes et il m’a beaucoup parlé du nouvel entraîneur. Je m’entends bien également avec Damien Miceli. Lui aussi a joué à Maastricht mais on ne se connaissait pas. Il était déjà en Pro et moi encore chez les jeunes.  »

Et quand il est arrivé, Moia n’a pas du tout trouvé une équipe traumatisée par le changement d’entraîneur :  » Au contraire. Le groupe était réceptif, à l’écoute, très sérieux. Collins avait déjà apposé sa griffe. « 

Est-ce le bon choix pour Charleroi ?

Depuis le départ de Loris Reina à Zulte Waregem et celui de Dante au Standard, Charleroi a un problème récurrent au back gauche. Velimir Varga, Ibrahima Diallo et Salaheddine Sbai se sont succédé à ce poste mais sans convaincre.

 » J’ai été placé au back gauche à Sochaux. Au début, j’ai éprouvé quelques difficultés mais une fois qu’on fait ses débuts en équipe première, on est tellement content qu’on ne fait pas attention au poste qu’on occupe. Tout doucement, j’ai commencé à apprécier cette position. Je peux me faire remarquer défensivement en sauvant un but mais aussi offensivement en apportant un assist. Je sais que, dans le foot actuel, ce poste est fortement recherché et que si j’arrive à me perfectionner, beaucoup d’opportunités s’offriront à moi. On m’a dit aussi que Charleroi cherchait un arrière gauche depuis quelques années. A moi de prouver qu’ils ont bien fait de miser sur moi. « 

Comment juge-t-il ses premières prestations ?

Moia a fait ses débuts sous le maillot zébré en mode mineur. Un non-match de toute l’équipe contre Westerlo et une élimination en Coupe au Cercle Bruges, où il fut remplacé à l’heure de jeu.

 » L’entraîneur m’a retiré à Bruges parce que j’avais déjà un carton jaune. Il faut dire que je n’avais pas pu apporter le surplus offensif car j’étais bloqué par Honour Gombani qui restait souvent en attaque. Le Cercle avait bien étudié notre jeu et avait fermé le flanc. Et puis, il n’est pas facile d’arriver dans une nouvelle équipe. Je suis toujours en repérage défensif et je dois trouver mes marques. De plus, je n’ai disputé que trois rencontres avec Gand au premier tour. Je dois aussi retrouver le rythme des matches. Pour le moment, je ne suis qu’à 60 % de mes moyens et je veux retrouver le niveau qui était le mien à Gand.  »

par stéphane vande velde – photos: reporters/ hamers

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