La bourse et la vie

La photo au bas de cette page est tirée d’un tableau qui, pendant des années, a décoré l’un des murs du bureau de Constant Vanden Stock, au Parc Astrid. Elle représente le chouchou de l’ancien président des Mauves, Robby Rensenbrink, en duel avec celui qui fait l’objet de cet article, Eric Dumon.

 » Le Rob est le meilleur attaquant que j’aie jamais rencontré « , observe notre interlocuteur, le seul Daringman, autrefois, à avoir fait partie du onze de base du RWDM après la fusion entre le club molenbeekois et le Racing White, au début des seventies (v. SFM de la semaine passée, p. 80sqq.). L’espace de quatre ans, entre 1974 et 78, l’ailier gauche du Sporting et le back droit des Coalisés se sont livré moult duels épiques. Jusqu’à ce jour funeste où la fatalité s’en est mêlée.

 » C’était à l’occasion d’un match contre La Louvière en cours de campagne 1977-78 « , se souvient le citoyen d’Huldenberg.  » Je m’apprêtais à délivrer un centre après un débordement le long de ma ligne, quand j’ai reçu un coup de jambon de Michel Wintacq. J’ai chuté sur ma hanche, très lourdement, mais suis parvenu, malgré tout, à terminer la rencontre clopin-clopant. Le lendemain, j’ai toutefois éprouvé toutes les peines du monde à me redresser. J’étais incapable de me mouvoir normalement.  »

Dans un tout premier temps, notre homme fut pris en charge par le renommé praticien Marc Martens. Mais ni ce docteur-miracle, ni bon nombre de ses confrères ne parvinrent à délivrer le latéral de ses tourments. Aussi, son aventure professionnelle tourna-t-elle court : à 24 ans à peine, c’en était définitivement terminé du football d’élite pour lui.  » J’ai poursuivi à l’échelon inférieur, au Voorwaarts Tirlemont, avant de rentrer encore un peu plus dans le rang, comme joueur-entraîneur à Sint-Agatha-Rode, en série provinciale « , dit-il.

Dans son malheur, Dumon n’en a pas moins eu une chance : celle de ne pas avoir tout misé sur le seul football. Gradué en informatique, il a travaillé comme programmeur, tant pour des privés que pour des organismes de renom.  » J’ai commencé chez un agent de change, Roland Biard, que j’avais connu durant mes années au stade Edmond Machtens, avant de terminer, comme arbitragiste en salles de marché : à la Générale de Banque d’abord, puis chez BNP Paribas-Fortis. En 2009, j’ai cependant dû subir un triple pontage. Aussi, dès que l’occasion m’a été donnée de jouir de mes droits à la pension, je l’ai prise.  »

Pendant toutes ces années, le football est quand même resté présent dans sa vie, tantôt en qualité d’entraîneur des jeunes, voire comme T2 au RWDM à l’époque où Freddy Smets ydirigeaitla Première. Son fils, Greg, a lui aussi enfilé la livrée rouge-blanc-noir, aux côtés de Frederik Vanderbiest et de Jurgen Simeons, dans les années 90. A présent, c’est l’un de ses petits-fils, Mats, bientôt 9 ans, qui marche sur ses traces. Mais à l’OHR (Ottenburg-Huldenberg-Rode) cette fois.

 » Je n’ai qu’un seul petit pincement au coeur « , conclut Eric, valeur sûre aujourd’hui de l’équipe vétéran de Maleizen et cheville ouvrière du VK Eizer, toujours dans le même coin.  » Jamais le Tempo Overijse n’a songé à moi comme coach principal, alors que j’y ai dirigé des formations d’âge et même les doublures. En tant que régional, j’aurais espéré cette faveur. Mais cela ne m’empêche pas de souhaiter le meilleur pour ce club, qui s’éveille chaque année aux plus hautes ambitions. « 

PAR BRUNO GOVERS

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