La bonne note

A la veille de trois rallyes sur asphalte, le jeune Belge espère avoir retrouvé le fil de son pilotage.

Pilote d’usine full time à 22 ans en championnat mondial des rallyes, François Duval appartient avec Sébastien Loeb, Petter Solberg et Markko Märtin à la nouvelle génération des rallymen de haut niveau. Mais depuis quelques rallyes, le jeune Belge marque le pas par rapport à ses trois contemporains. A la veille de trois rendez-vous importants (Sanremo, Corse et Catalogne), il évoque cette première campagne au plus haut niveau.

Quel bilan dressez-vous de cette première saison complète en WRC ?

François Duval : Cela se passait plutôt bien jusqu’en Finlande où je suis sorti bêtement de la route alors que Malcolm Wilson, le patron du team Ford, m’avait demandé de rouler calmement sans me préoccuper de mes chronos, pour améliorer mon expérience de ce terrain très spécifique.

Cet accident a influencé votre pilotage lors du rallye suivant ?

C’est clair ! En Australie, j’avais peur d’aller une nouvelle fois au trou et je conduisais mal. Résultat : là où je jouais une place dans le top 6 l’an dernier, je naviguais cette fois en dixième position.

Vous évoquez fréquemment un système de notes virage par virage auquel vous éprouvez des difficultés à vous habituer…

Tout est parti d’une remarque de Malcolm Wilson durant le rallye d’Allemagne : il s’était posté dans une étape spéciale et avait noté qu’à l’approche d’un virage, je rétrogradais de deux vitesses là où les autres pilotes n’en descendaient qu’une ; il en avait déduit que mes notes manquaient de précision et m’avait conseillé d’opter pour un système plus élaboré. Avec l’aide de mon équipier Stéphane Prévot, j’ai essayé de m’y adapter mais sans succès.

Stéphane a expliqué en Australie que les notes ne semblaient pas vous parler…

Ne visualisant pas bien ce qu’il m’annonçait, je ne parvenais pas à me faire une idée précise du virage suivant. Dès lors, j’évoluais sur la défensive et je n’étais pas performant. Tant en Finlande qu’en Australie, j’avais le sentiment de régresser par rapport à l’année précédente.

Et vous avez persisté dans cette voie ?

Non. J’ai définitivement choisi de revenir à mes notes initiales au terme de deux journées spécialement organisées par le team pour tenter de trouver une solution.

Pas de panique quand on comprend

Le doute ne s’est jamais installé dans votre esprit ?

Dès le moment où je connaissais l’origine de mes contre-performances, je n’avais pas de raison de paniquer. Le fait qu’un gars comme Mirkko Hirvonen soit devant moi ne m’inquiétait nullement puisque je savais pourquoi j’allais lentement.

Sanremo, Corse puis Catalogne : trois épreuves sur asphalte vont se succéder en quelques semaines. Vous y jouez gros ?

Je sais que je dois y être dans le coup, c’est tout. Mais je ne me prends pas la tête, j’aborde ces rallyes comme les autres.

Vu de l’extérieur, on a parfois le sentiment que rien ne peut vous atteindre et que vous ne mesurez pas votre chance…

Détrompez-vous, je sais parfaitement que de très nombreux jeunes pilotes aimeraient être à ma place. Et même si je ne le claironne pas sur tous les toits, j’ai l’ambition de devenir champion du monde des rallyes. Je n’estime pas avoir atteint mon but en portant les couleurs d’une usine à 22 ans.

Votre situation n’a-t-elle pas évolué depuis que la fédération internationale a imposé de nouvelles règles concernant les deuxièmes pilotes ?

Mon contrat portant sur quatre saisons, le plan idéal était tout tracé : 2003 et 2004 pour apprendre, une première victoire en 2005 et le titre mondial pour objectif en 2006. Ces prévisions ont été remises en cause par la nouvelle donne : on attend des numéros 2 qu’ils soient dans le coup et rapportent des points partout, même dans les épreuves où leur expérience est minime.

La présence de Colin McRae sur le marché ne vous effraie pas ?

Le directeur de la compétition chez Ford m’a renouvelé sa confiance publiquement lors du GP d’Italie, cela devrait suffire à me rassurer. Je rappelle par ailleurs que McRae et Ford ne se sont pas quittés dans les meilleurs termes, fin 2002 ; je ne suis pas certain que les membres du team seraient ravis de voir revenir un gars qui leur a pulvérisé quelques caisses sans sourciller…

Märtin de son côté

Quels rapports entretenez-vous avec votre équipier Markko Märtin ?

Aucun. Märtin n’est pas un grand comique, il vit sa vie de son côté. Nous ne reconnaissons pas les parcours ensemble, c’est bonjour/au revoir pendant les tests et les rallyes.

Et avec les autres jeunes comme Sébastien Loeb et Petter Solberg ?

C’est mieux, ils sont sympas. Mais ils ne s’intéressent à moi que si je fais des temps. Quand je suis dixième, ils ne viennent pas aux nouvelles…

Vous avez la réputation d’être le premier dans l’avion du retour à la fin d’un rallye. La Belgique vous manque tellement ?

Je n’aime pas rester sur place après l’arrivée car je ne vois pas ce que cela peut m’apporter. J’aspire à rentrer vite chez moi pour retrouver mon environnement. Je n’ai jamais caché que le travail au garage de mon père à Cul-des-Sarts est important pour mon équilibre : là, je décompresse vraiment, je me lave la tête. Cela dit, j’évolue avec l’âge, je m’habitue aux déplacements de plus en plus fréquents.

Une jeune championne comme Kim Clijsters affirme souvent qu’elle raccrochera d’ici trois ou quatre ans ; vous vous êtes fixé une échéance ?

Je veux être champion du monde, ensuite on verra. Je ne suis qu’au tout début de mon parcours sportif et j’ai tout à apprendre. L’expérience est déterminante en rallye ; des gars comme Carlos Sainz, Marcus Grönholm ou Richard Burns pour ne citer qu’eux, évoluent au plus haut niveau depuis des années tandis que j’en suis à ma première saison complète au volant d’une WRC, nous ne jouons pas dans la même pièce.

Vous préférez l’asphalte ou la terre ?

La terre est plus amusante, l’auto glisse et il est possible de se faire plaisir. Mes rallyes favoris sont la Turquie, Chypre ou la Grèce car il n’est pas nécessaire d’y connaître le parcours par c£ur pour signer un bon résultat.

Pourtant, c’est sur le tarmac qu’on vous attend ces prochaines semaines…

Je le sais et je compte bien être au rendez-vous. Mais au risque de lasser, je voudrais rappeler que si j’ai disputé la Corse 2002 sur une Focus WRC et je ne disposais que d’une Puma Super 1600 au Sanremo et en Catalogne. La différence est énorme entre ces deux autos.

Existe-t-il une chance, même minime, que vous preniez le départ du rallye du Condroz, dernier rendez-vous de la saison belge ?

A priori non. Je ne veux pas m’aligner dans un mauvais contexte et on a vu à Ypres l’an dernier combien il est malaisé de réunir toutes les pièces du puzzle.

 » J’évolue avec l’âge, je m’habitue aux déplacements de plus en plus fréquents « 

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