La bise et la gifle des Judas

Joueur : 6 clubs, 3 pays, 400 matches (1 bon), 2 buts en Coupe d’Europe. Batteur : 3 groupes, 130 concerts (1 sold out).

Palerme-Udinese 0-7. Bravo ! Bien vu les gars. Aussi discret qu’efficace. Le coach est viré dès le lendemain… Ça me fait penser à Claudio Ranieri. Viré de la Roma car trop souvent en conflit avec ses joueurs. Conflit de génération qui jamais, n’a pu faire fi des cons, de leurs états même pas d’âme mais plutôt financiers ou d’orgueil mal placé.

A peine jeté, Ranieri résume ce que beaucoup pensent :  » Dans le foot, il y a le paradis et l’enfer. Vous pouvez décider d’être entre les deux mais moi, c’est l’un ou l’autre. L’Angleterre, c’est le paradis, l’Italie l’enfer. « 

On comprend son aigreur. Son dernier match, il le vit 51 minutes au paradis, sa Louve romaine lui offrant trois beaux buts. 0-3 avant que ses Loups ne le traînent en enfer, quatre lélèches, deux sur chaque joue, le baiser de la mort. 4-3 pour Genoa. Même pas gênés. Message on ne peut plus clair…

Enterrement de première classe pas classe du tout. Pluie de faire-part signés par quelques-uns de ses Loups aux mâchoires trop larges. Aux dents qui se dévoilent sous le sourire froid de l’assassin des rêves d’enfants. Un joueur pro quand il monte sur le terrain, c’est pour gagner, tout donner. Pour son club qui le paye et pour ses supporters qui payent pour le suivre. Eh bien non, dans l’histoire du coach romain :  » Quand on discutait dans le vestiaire, tous les joueurs étaient d’accord, il fallait faire tourner l’effectif. Apparemment… l’accord ne valait que quand ils étaient dans le onze de base ! « 

Ranieri n’exagère rien, il constate, c’est tout. Dans l’Angleterre qu’il connaît si bien (4 ans à Chelsea), ce genre de mascarade n’arrive pas. En tout cas pas comme cela. Prenons Manchester United, 172e fois de suite que Sir Alex change son 11 de base… Ça gène qui ? Le vestiaire prend note, range son carnet à spirale et la spirale positive repart de plus belle. Qui va oser critiquer ? Evidemment, la Roma ce n’est pas United, Ferguson c’est pas Ranieri. Ça fait un quart de siècle que Fergie est là et que les joueurs, c’est lui qui les choisit.

L’autre danger, c’est quand tu as un joueur qui dépasse l’équipe. FrancescoTotti est la Roma. Dans Rome, quand il Capitano place le pouce vers le bas, c’est basta pour toi. A Man U, Giggs est là depuis 867 matches. Quand un joueur incline la tête vers le bas, il la lui redresse. Quand il est sur le banc, il parle avec les jeunes qui jouent à sa place. L’intérêt commun y passe avant le particulier.

Quand ArsèneWenger fait tourner, ça continue de tourner rond… surtout le ballon. Quand CarloAncelotti met DidierDrogba sur le banc, pas un mot. Quoique, pas un mot dans la presse mais bien en coulisses. Même cette belle personne qu’est l’Ivoirien ne peut cacher sa frustration d’être sur le banc. Mais lui ne se cachera jamais sur le terrain, grosse nuance.

Et quand LouisVan Gaal met Mario Gomez en quarantaine, c’est tout simplement le joueur allemand le plus cher de l’histoire de la Bundesliga qui fait banquette. Mais quand il joue, la fine gâchette sort l’artillerie, style mitraillette, pas pour dézinguer son coach mais pour cibler le but. 25 goals en 22 titularisations, Champions League comprise. Faut dire, van Gaal fait fort. Il a destitué l’Empereur de Bavière en personne, Kaizer Franz Beckenbauer. Le passé et le présent mis au pas pour allonger la foulée. Mais le futur est en pointillé : le titre, c’est fini pour Louis. Dortmund a pris le trône.

Jürgen Klopp, l’ex-excité, s’est calmé et a appris aux gros égos de gérer leurs frustrations. Sept fois il a fait monter un joueur qui marque et fait la décision ! Ses réservistes se sentent comme des titulaires. Quand il y a souffrance, on envoie l’équipe chirurgicale qui soulage le patient… Des buts en fin de match pour un Dortmund qui s’offre une fin de saison style tour d’honneur. Y’a pas de règle en foot, que des vérités fragiles. Seule certitude : si on ne craint pas le boss, ça craint pour lui. Sauf s’il fait des résultats, là rien à craindre. Mais ça ne dure jamais…

JOURNALISTE BE/TV

PAR FRÉDÉRIC WASEIGE

A Rome, quand Totti place le pouce vers le bas, c’est basta pour toi.

 » Je ne suis pas candidat au poste d’entraîneur, mais s’il se libère, je le prends !  » (Georges Eo, qui a eu le job au FC Nantes)

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