LA BIJOUTERIE MAUVE

Pierre Bilic

L’arrivée de Mbark Boussoufa à Anderlecht n’est pas passée inaperçue et les amateurs de jeu technique se lèchent déjà les doigts en songeant aux créations qu’il proposera dès la reprise du championnat de D1. Tous espèrent découvrir des dribbles comme des rivières de diamants, des buts tels des émeraudes et des exploits en or massif dans la vitrine de la bijouterie Vanden Stock.

Anderlecht a toujours eu l’art de mettre la main sur des artistes d’exception, des joueurs offensifs, des leaders qui ont eu un impact très important sur leur équipe. Le montant du transfert de Boussoufa n’a pas été révélé mais Anderlecht a plus que probablement dépensé 3,5 millions d’euros pour s’offrir les services de cette petite merveille. Il s’agit là du plus gros transfert de l’histoire entre clubs belges. Ce n’est pas la première fois que le Sporting puise généreusement dans ses réserves afin de pêcher un crack en Belgique. En 1942, Anderlecht dépensa 125.000 francs (3.125 euros : record pour l’époque !) pour recruter Jef Mermans à Tubantia Borgerhout (D2). Durant 15 ans, cet attaquant d’élite marqua des buts comme à la parade, fut même considéré comme une star du top européen, attira le regard de l’AS Rome, de la Lazio Rome, de l’Atalanta Bergame et du Real Madrid qui proposa 750.000 francs (18.750 euros) pour acquérir ses services. La direction bruxelloise repoussa cette offre qui lui aurait pourtant permis de récolter six fois sa mise de 1942.

En sera-t-il de même le jour où un géant d’Europe sera prêt à dépenser 21 millions d’euros pour Boussoufa, le sextuple de la somme offerte aux Buffalos ? Après le Bombardier des années 40 et 50, Anderlecht dénicha sa nouvelle vedette parmi ses jeunes : Paul Van Himst. Si Mermans était de type britannique, puissant, efficace de la tête, le Pelé blanc s’exprimait via sa technique, ses slaloms, ses revers du pied, son jeu collectif et reculait plus sur l’échiquier. Quand il quitta Anderlecht pour le RWDM, en 1975, les Mauves ne juraient déjà que par un chef d’orchestre hors norme : Robby Rensenbrink acheté à Bruges en 1971 pour 4.000.000 francs (100.000 euros) plus deux joueurs, Wilfried Puis et Johnny Velkeneers. Un investissement 24 carats.

Dix ans plus tard, Michel Verschueren fonça à Washington où le club de Juan Lozano (les Diplomats) était aux prises avec des problèmes financiers : le manager bruxellois ramena le meneur de jeu andalou pour 400.000 dollars. Bien vu. Dans le même rayon des bonnes affaires, un cadet de la Louvière est recruté pour 1.450.000 francs (36.250 euros) : Enzo Scifo. Marc Degryse était une valeur affirmée quand il opta pour Anderlecht et cela s’est vu au prix demandé par Bruges : 2,25 millions d’euros. Jean Dockx dénicha le dernier de cordée dans le Grand Nord. Pär Zetterberg quitta Falkenberg pour quelques allumettes suédoises.

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