LA BELGIQUE, PAYS DE TRANSIT

Il y a deux ans, Maxime Lestienne séjournait à Gênes, en Serie A. Sans succès, ce qui n’a pas empêché le club transalpin de suivre d’autres joueurs intéressants de notre championnat. Il avait notamment coché les noms de Thomas Meunier et de Björn Engels. Le scout du club assistait régulièrement à des matches belges.

Grâce à l’EURO, Meunier a trouvé mieux que Gênes et sans sa blessure, Engels ne jouerait plus en Belgique non plus. A l’issue de la prochaine campagne européenne, s’il est épargné par les blessures, il sera le prochain Belge à rejoindre une des cinq grandes compétions, comme Meunier, Christian Kabasele et Jordan Lukaku l’ont fait cet été, grâce aux Diables Rouges.

D’autres footballeurs vont nous quitter dans les prochains jours. Naples s’intéresse depuis des mois à Sven Kums. Celui-ci peut éventuellement tempérer un moment ses ardeurs mais Dennis Praet, lui, a décidé de ne pas postposer son départ. Le Club, qui n’est pas obligé de vendre des joueurs, semble devoir payer le prix de son titre. Avec un José Izquierdo dans sa forme actuelle, il peut casser la baraque en Ligue des Champions mais José a déjà pris congé du Club dans sa tête.

C’est le prix à payer pour un championnat de transit, où viennent les jeunes étrangers, sachant qu’ils s’y mettront rapidement en vitrine pour les grandes nations du football. Ils partent dès qu’ils peuvent progresser sportivement ou financièrement. Il y a fatalement plus de mouvements que dans les pays voisins. Sur les 176 joueurs titularisés le week-end dernier, il n’y avait que 65 Belges, soit à peine 37 %.

Depuis 2009, chaque équipe est obligée de coucher six Belges ou assimilés sur la feuille d’arbitre. Un an auparavant, il n’en fallait que cinq, un de plus que l’année précédente. Initialement, il était convenu d’augmenter le nombre de Belges mais les grands clubs avaient freiné des quatre fers.

Aligner des étrangers est devenu lucratif pour les clubs plus modestes aussi. C’est devenu l’unique selling proposition de la Jupiler Pro League. Ce terme de marketing indique la manière dont une marque se distingue des autres. Comme il n’y a pas de limite au nombre de joueurs étrangers à l’Union européenne et que le salaire minimum de ces footballeurs (78.400 euros par an) est nettement inférieur à celui imposé dans les pays voisins (aux Pays-Bas, par exemple, le salaire minimum est de 395.000 euros pour les joueurs de plus 21 ans et de 197.000 euros pour les plus jeunes), notre pays est devenu un aimant pour les clubs étrangers, les agents et les écoles de formation comme Aspire : ils peuvent tester leur jeunes talents dans un solide championnat professionnel plutôt sous-estimé. Dans le meilleur des cas, trois ans plus tard, munis d’un passeport belge, ces footballeurs peuvent frapper à la porte d’un des grands championnats.

Comme tout le monde en profite financièrement, nul n’a envie de resserrer la vis. Pour le moment, donc, 112 des 212 étrangers présents dans les seize noyaux de l’élite ne sont pas originaires de l’Union européenne. C’est plus de la moitié des joueurs. Le week-end dernier, 57 des 176 footballeurs titularisés n’émargeaient pas à l’UE. Ces mercenaires ne pensent qu’à troquer le plus vite possible notre pays pour une plus grande nation du football. Autant le savoir et ne pas trop s’en énerver : dès la première bonne performance, ils annoncent rêver d’un grand club.

Pas un belge, évidemment.

Ce week-end, les Jeux olympiques débutent à Rio. Ce numéro vous en donne un avant-goût et à partir de la semaine prochaine, nous y consacrerons un cahier spécial.

PAR GEERT FOUTRÉ

Le week-end dernier, 57 des 176 joueurs titularisés n’émargeaient pas à l’UE.

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