La beauté de la tradition

L’ex-9e joueuse mondiale vient de publier sa biographie et rêve encore souvent de ses exploits londoniens.

Battue deux fois en huitièmes de finale de Wimbledon, Dominique Monami n’a forcément jamais reçu son badge de Last 8. Cela ne l’enrage pas réellement mais elle nourrit malgré tout quelques regrets :  » On reçoit le titre de Last 8 lorsqu’on se qualifie pour les quarts de finale du tableau de simple ou les demi-finales du tableau de doubles dames. Ce qui veut dire que l’on fait partie des 8 dernières joueuses de tel ou tel tableau. Dès que l’on a réussi cette performance, le comité de Wimbledon vous invite chaque année. Vous pouvez donc vous rendre au All England Championship tous les ans, avec un de vos proches. C’est évidemment un avantage non négligeable qui m’aurait fait bien plaisir. Et comme, en plus, je ne commente pas les matches pour la BBC je n’irai pas à Londres cette année… ( elle rit). Notez que je ne suis Last 8 ni à Paris, ni à Londres mais seulement à l ‘ Australian Open, le plus lointain « .

Il va sans dire que le fait de ne pas posséder ce sésame définitif pour Church Road ne constitue pas la plus grande des déceptions :  » Non bien sûr. Par deux fois, j’ai eu l’occasion de me hisser en quarts de finale, ce qui aurait constitué mes meilleures performances avec mes deux quarts à l’ Australian Open. La première fois, en 98, j’ai perdu en trois sets contre l’Espagnole Arantxa Sanchez mais, franchement, je n’ai jamais été proche de la victoire. Par contre, j’ai vraiment raté la montre en or l’année suivante quand je me suis inclinée face à la Française Nathalie Tauziat. J’ai été tout près de la battre et, quatre jours plus tard, elle disputait la finale « .

Si Monami rêve encore parfois de ces deux matches, c’est tout simplement parce que, pour elle, comme pour tant d’autres joueuses, Wimbledon demeure le Grand Chelem le plus mythique :  » Je sais que Roland-Garros est davantage suivi par les amateurs belges et je reconnais beaucoup aimer la levée française du Grand Chelem mais Wimbledon, c’est autre chose. C’est le plus beau parce que le plus traditionnel. Dès que l’on pénètre dans les installations du club, on a l’impression d’entrer dans l’histoire même du tennis. Tout vous fait penser au passé : les joueurs et joueuses doivent encore et toujours s’habiller de blanc, les poteaux des filets sont en bois, le thé est servi à 16 heures – même dans les vestiaires – on ne peut pas s’entraîner sur les terrains qui servent au tournoi mais on doit se réfugier dans le club annexe d’ Oarangi Park. Quant aux spectateurs, ce sont des fous de tennis qui, quoi qu’il arrive, mangeront des fraises à la crème et boiront du Pimm’s. Les gardiens et hôtesses du stade sont de vieilles personnes qui revêtent leur uniforme de gala, soit d’infirmier, de pompier, de militaire. Et puis, cerise sur le gâteau, jusqu’il y a peu, les robes des juges de ligne féminins ressemblaient à des rideaux… Tout est tradition, je vous dis « .

Tradition que l’on retrouve également dans les vestiaires :  » Wimbledon est le dernier tournoi du Grand Chelem qui divise les joueurs en trois catégories. Il y a les underdogs (les moins bien classés) qui ont droit au vestiaire 3, puis les joueurs moyens qui vont dans le vestiaire 2. Les anciens vainqueurs et têtes de série ont accès au vestiaire 1, un véritable petit bijou. Il est tout d’abord super bien situé mais, en plus, le service offert est digne d’un palace. Pour les joueuses, deux dames sont en permanence à leur service. Elles trient le courrier, font le repassage, proposent un thé, font couler le bain ou la douche… Bref, elles sont aux petits soins. Quand on a goûté à ces avantages, on ne peut plus s’en passer « .

Outre la tradition, les Internationaux de Grande Bretagne sont également uniques pour des raisons d’hébergement :  » C’est le seul tournoi majeur pendant lequel la plupart des compétiteurs ne logent pas à l’hôtel. Ils préfèrent résider dans le village même de Wimbledon où ils louent une maison ou un appartement. C’est génial parce que, lorsqu’il pleut (ce qui arrive souvent !), on peut se réfugier chez soi, sans devoir rester dans le salon des joueurs « .

 » Justine peut gagner  »

Tous ces avantages, Justine Henin en profite évidemment à nouveau depuis lundi. A propos de la numéro 1 mondiale, Dominique Monami pense qu’elle dispose de tous les atouts pour triompher dans une dizaine de jours :  » Justine peut gagner, c’est évident. Mais ce tournoi restera toujours un peu plus compliqué pour elle car le gazon est la surface qui exige le plus de puissance au service. Or, si on la compare aux Américaines Serena et Venus Williams (WTA 7 et 31), à la Russe Maria Sharapova (WTA 2), voire même à la Serbe Jelena Jankovic (WTA 3), Justine est moins puissante. Si elle tombe face à une des ces joueuses qui serait dans un bon jour, elle peut être éliminée sur le seul service. Et puis, il ne faut pas oublier que, sur herbe, les échanges sont moins longs et que, de ce fait, des filles comme les Williams peuvent terminer un point en une ou deux frappes, ce qui est quasiment impossible sur terre ou sur ciment. Cela dit, depuis quelques années, il me semble que le jeu sur gazon se modifie. Il n’y a plus les grands serveurs volleyeurs comme du temps de l’Allemand Boris Becker, du Suédois Stefan Edberg ou de l’Américain Pete Sampras. De plus en plus souvent, les échanges se disputent du fond de terrain, ce qui confère un autre avantage à Justine « .

par bernard ashed

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