LA BANDE DES QUATRE

Trois demi-finalistes sont quasiment connus.

Deux matches haut de gamme

Les performances de l’AC Milan et du Real Madrid doivent être sorties du lot pour des raisons différentes. Le club lombard m’a épaté. Il convient cependant, avant d’aller plus loin, de préciser que Deportivo La Corogne a exhibé quelques problèmes propres au football espagnol. Il est bon de contrôler la circulation de la balle mais la finalité doit être concrète. Or, elle ne le fut pas dans le chef de La Corogne. Paradoxalement, leurs meilleurs joueurs furent les attaquants, Luque, Pandiani et Valeron, surtout, mais cela traînait trop au niveau de la ligne médiane. La Corogne n’avait aucune profondeur dans son jeu naïf. Son début de match fut potable mais ce n’était pas suffisant au vu de l’ensemble du match. C’est un résumé de la problématique actuelle du football espagnol. C’est une voie dangereuse. Pour gagner le Tour de France, il ne suffit pas de gagner le prologue. Le maillot jaune doit aussi franchir les Alpes et les Pyrénées et le verdict tombe à Paris, pas avant.

Milan, par contre, a bien utilisé les espaces, marqué quatre buts en huit minutes. La machine milanaise est bien huilée et pratique un jeu moderne. Pourtant, à 0-1, ce fut délicat. Cette équipe ne s’est pas énervée, a marqué lors de moments importants sur le plan psychologique. Elle s’inscrit dans la régularité et la patience. Milan n’a pas encore eu de passage à vide cette saison. J’espère qu’elle évitera une baisse de régime sur le chemin menant à la finale. Un défaut dans cette belle prestation milanaise : sa défense a bien sûr joué en zone et je l’ai trouvée mal placée, ou hésitante, notamment dans le trafic aérien, comme lors du but de Pandiani.

Le Real Madrid a, lui aussi, signé une deuxième mi-temps de toute beauté. Elle fut moins physique que celle de Milan mais plus placée sous le signe de la haute technicité. Je ne comprends pas le remplacement de Ronaldo. Monaco en a profité afin de réduire la marque. Ce ne sera pas suffisant pour le retour mais avec le Brésilien, dans tous les bons coups, le Real aurait pu marquer six ou sept buts. Les Madrilènes n’ont pas un effectif suffisant afin de faire tourner les joueurs. C’était un geste prétentieux de leur coach, Queiroz. Zinédine Zidane m’a épaté. Mais il serait injuste de négliger Luis Figo qui a été très fort, cette fois sur le flanc gauche. Enfin, David Beckham prend de plus en plus de place au Real. En tant que médian… défensif, aux côtés de Gutti, il rééquilibre le jeu, surtout au point de vue offensif. Claude Makelele était uniquement un récupérateur. Beckham apporte une qualité de passe que Makelele n’avait pas et les attaquants y trouvent leur compte en étant mieux servis.

Porto avance et monte en puissance. Cette équipe ne cesse de confirmer ses potentialités. Chelsea et Arsenal ont livré un match placé sous le signe d’un tempo très élevé à Londres. Milan, le Real et Porto sont quasiment qualifiés. A mon avis, Arsenal les rejoindra en demi-finales. C’est la nouvelle bande des quatre et je crains qu’on assise à la naissance d’un football à deux vitesses en Europe : ces clubs-là et les autres. Il y a une cassure. Même le Bayern ou Manchester United sont un ton en dessous. Tout le monde a critiqué le système des poules en Ligue des Champions pour le manque de suspens. Or, en éliminations directes, tout est quasiment dit après les matches aller des quarts de finale.

Bruges : pas d’occasions

Bruges n’est pas parvenu à franchir l’obstacle bordelais. Le poids du match aller a peut-être pesé dans les jambes et les têtes. Or, Bordeaux, en pleine reconstruction, n’est pas encore redevenu un grand du championnat de France. Bruges n’était pas dans un super jour. Un bon Bruges se forge beaucoup d’occasions de but et ce ne fut pas du tout le cas cette fois-ci. Le mérite en revient à Bordeaux, calme, posé, maître de ses émotions, et Bruges abusa des balles hautes. La seule grosse chance de but flandrienne fut celle de Bengt Saeternes avant le repos : c’était hélas trop peu pour décrocher une qualification.n

Propos recueillis par Pierre Bilic

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