l’Union

Le cercle saint-gillois peut compter sur les supporters les plus drôles du monde.

Prêt à tout pour défendre l’honneur du journalisme d’investigation, l’auteur de ces lignes, qui, quand il était encore jeune et frais, porta lui-même les couleurs du mythique club local, n’y va pas par quatre chemins : hot-dog, ketchup et oui, plein de choucroute. La saucisse, ferme comme un discours de FrançoisHollande, rappelle qu’il faut du courage pour être supporter de l’Union. Et pas mal d’humour aussi.  » Si tu viens pour le foot, tu es mal servi ici. Mais si tu viens pour la rigolade, alors c’est parfait « , nous assène d’emblée un fidèle, dévoré par le virus unioniste comme l’était son père, bien avant lui.

Pour le coup, l’Union semble renaître gentiment de ses cendres. Plutôt bien classée, la formation bruxelloise peut encore rêver de montée, objectif avoué de la nouvelle direction. L’optimisme pourtant, n’est pas encore partagé sur toutes les marches des gradins :  » Je crois que je ne verrai jamais l’Union en D1 de mon vivant, même si, après 235 saisons de misère, ça va un peu mieux « , entend-on en tribunes. Sur le terrain, les Jaune et Bleu affrontent le KFC Oosterzonen Oosterwijk. C’est aussi ça la vie de footballeur, certains jouent le Real Madrid, d’autres le KFC Oosterzonen Oosterwijk.

 » Oosterzonen, une chanson ! Vous ne savez même pas où vous habitez ! », crie le leader des supporters locaux, le dénommé GrandRobert, chemise légère sur tee-shirt et look à la Noël Godin, avant d’enchaîner sur un plus hasardeux  » Vous êtes des nazis ! », lui-même suivi d’une repentance instantanée » Ouille, j’ai peut-être un peu exagéré là.  » Le tout dans une bonne humeur qui n’a d’égale que l’incroyable diversité d’un public saint-gillois populo-bobo-vieillo-flamando-jeuno-gaucho-anglo-rigolo. Heureusement, d’ailleurs, qu’on s’amuse sur la Butte, vu la persécution pas chouette d’un froid piquant et malpoli.  » Mettons-nous torse-nu, on est tous ukrainiens ! On n’a même pas froid, ma mère s’appelle Ibrahimovitch « , entonne encore GrandRobert.

Alors qu’un joueur de l’Union, coupable d’une vilaine faute sur un adversaire, voit sa poignée de main de la paix éconduite par ledit opposant, un cri déchirant éclate dans les gradins :  » Asocial ! ». Probablement la pire insulte qu’un compétiteur ait eu à endurer à ce jour. Terrible. GrandRobert n’a pourtant pas hurlé son dernier mot :  » Rentre chez toi, ta mère a fait des Oosterzonen !  » Puis, plus calmement, au cas où :  » C’est un jeu de mots en flamand.  »

Sur le pré, l’Union joue bof, sans âme, avec un léger mieux en deuxième mi-temps. Et même si l’Union encaisse un but en contre.  » 0-1, par StevenVanBrakel « , annonce l’inamovible speaker du stade Marien.  » On s’en fout « , répondent les UnionBhoys, avec un H, comme leurs homologues du Celtic Glasgow. C’est d’ailleurs dans la langue de Shakespeare que d’excellentes nouvelles insultes vont émerger, contre l’arbitre cette fois-ci. On traduit :  » Tu es roux et tu es un pu… de fasciste.  »

Ça donne mieux en anglais, même si ça n’a pas plus de sens (l’arbitre n’est pas roux, son fascisme étant probablement tout aussi contestable). Mais bon. Malgré deux poteaux et un ciseau-retourné fort mignon, l’Union mange la poussière. Et se fait applaudir chaudement, malgré tout, par ses supporters. Dans la buvette, le constat est implacable :  » Si tu ne marques pas un goal, tu ne gagnes jamais un match.  » Plus vrai que ça, tu meurs.

PAR GUY VERSTRAETEN – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Rentre chez toi, ta mère a fait des Oosterzonen ! « 

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