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L’Union professionnelle

Un paquet de nouveaux joueurs, du matériel d’entraînement dernier cri et l’embauche d’un préparateur mental : l’Union ne nous avait pas habitués à tant de changements. Pour les Saint-Gillois, la saison 2017-2018 sera placée sous le sceau du professionnalisme.

Dimanche 26 février, il fait noir depuis plusieurs heures et pourtant la nuit s’annonce encore longue à la chaussée de Bruxelles. Le Club House de l’Union est plein et certains de ses occupants aussi : la bière coule à flot. Pourtant, plus tôt dans l’après-midi, les hommes de Marc Grosjean se sont inclinés sur le terrain de l’OHL lors de la dernière journée de la compétition régulière. Heureusement pour les Unionistes, le Cercle Bruges, en prenant la mesure de Tubize dans le même temps, a offert aux Bruxellois la quatrième place de D1B, synonyme de PO2 et de meilleur résultat de l’histoire des Saint-Gillois depuis la saison 1976-1977.

Au revoir les anciens

Dix matches de PO2 et cinq mois plus tard, les Bruxellois s’apprêtent pourtant à reprendre la compétition avec un effectif passablement chamboulé : une dizaine de nouvelles têtes ont débarqué et autant d’autres s’en sont allées voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Si la majorité des départs concerne des éléments qui n’avaient plus vraiment voix au chapitre comme Florent Zitte, Lou Wallaert, Alessio Palmeri ou Georgios Kaminiaris, de vieux serviteurs du club ont également déserté le Parc Duden. Ainsi le trio Anthony SadinVincent VandiepenbeeckGeoffrey Cabeke a rejoint les rangs du RWDM voisin. À eux trois, ils cumulaient 16 saisons de présence au stade Marien dont 9 pour le seul Sadin, relégué au rang de second gardien par Adrien Saussez en cours de saison dernière.

Pour Vandiepenbeeck et Cabeke, la donne était encore différente : les deux défenseurs combinaient le foot avec une activité professionnelle qu’ils auraient été contraints d’abandonner pour rester chez les Jaune et Bleu. Ainsi, Cabeke explique avoir, malgré une nouvelle proposition unioniste, fait  » le choix de la raison « … mais aussi  » du coeur  » puisqu’il retrouvera au stade Machtens son frère Anthony et sans doute d’autres visages connus puisque le latéral de 28 ans a été formé à Molenbeek, tout comme Vandiepenbeeck et Sadin d’ailleurs.

Un départ en masse de figures locales qui n’a évidemment pas laissé les supporters de marbre. Sur les réseaux sociaux, certains annonçaient même envisager  » supporter aussi Molenbeek avec tous ces transferts  » avant sans doute de se reprendre :  » dans sa vie, un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion mais il ne change pas de club de foot « , dit la maxime. Et le supporter Unioniste est fidèle.

Outre les  » anciens « , d’autres pions importants de l’Union 2016-2017 feront défaut cette saison. Titulaire indiscutable sur le flanc droit, l’ex-international français U20, Yannick Aguemon arrivait en fin de contrat et n’est pas parvenu à se mettre d’accord avec la direction saint-gilloise, ce dont a profité Oud Heverlee Louvain. Plus attendu, le transfert de Nicolas Rajsel à Ostende était probablement inéluctable et a bien rempli les caisses. Auteur de 25 buts sur les deux dernières saisons, le Franco-Slovène était la véritable plaque-tournante des Bruxellois et la capacité de l’Union à se passer de lui sera déterminante pour la réussite du championnat.

Ironie du sort, l’infortuné ailier gauche vient de se blesser gravement au genou, et ses débuts en D1A en faveur des Côtiers sont postposés d’au moins six mois. Enfin, le sympathique back droit Tracy Mpati a également rejoint l’élite en signant en faveur de Lokeren. Observé par de nombreux clubs depuis pas mal de temps – Hein Vanhaezebrouck l’a eu un temps dans le viseur – son départ, après deux saisons de bons et loyaux services, est également dans la logique des choses.

Professionnalisation

Si certains se la sont coulée douce durant l’intersaison, à l’image de Gertjan Martens qui a enchaîné son mariage, un séjour à Ibiza avec Laurent Depoitre et une lune de miel aux Maldives, les dirigeants unionistes et le coach Grosjean ne se sont accordés que très peu de répit. Et ça paie : le 21 juin, lors de la reprise et des traditionnels tests médicaux d’avant-saison, 11 nouveaux éléments (voir cadre) avaient déjà rejoint les Jaune et Bleu et la préparation a pu être entamée avec un effectif au grand complet, les Bruxellois espérant juste encore attirer un gardien.

Comme à l’habitude depuis l’arrivée de Jürgen Baatzsch à la présidence, c’est en Allemagne que les Bruxellois ont pris leurs quartiers pour le stage d’avant-saison. 10 jours passés à Barsinghausen, dans les environs de Hanovre, dans un complexe qui a déjà accueilli la Mannschaft championne du Monde. Si l’accent a bien évidemment été mis sur la cohésion de groupe et la découverte des nouveaux partenaires, Grosjean a également insisté pour partir plus longtemps que la semaine traditionnelle en vue d’optimiser un travail physique de fond indispensable selon lui :  » On doit être plus costaud dans les duels en 2017-2018. Nous avons vu la différence physique en play-offs et nous voulons encore mieux nous préparer pour cette saison « , confiait le coach liégeois à La Capitale.

Pour ce faire, le club bruxellois n’a pas hésité à innover en investissant dans des GPS propres à chaque joueurs. Distance parcourue, sprints effectués, vitesse maximale atteinte, ces données n’auront désormais plus aucun secret pour Frédéric De Meyer, le préparateur physique de l’Union. Si de plus en plus de clubs de D1A disposent déjà de ce type de matériel, seul le Lierse en est également équipé dans l’antichambre de l’élite et cela permet au staff d’intensifier le travail individuel. Les joueurs, eux, se rendent compte du boulot abattu : à l’issue du séjour allemand, tous avaient effectué entre 150 et 180 kilomètres de course.

Trois matches amicaux ont d’ailleurs été disputés sur place : une défaite face au modeste TSV Havelse (1-0), un nul face au VFL Bochum (0-0) et un nouveau revers face aux U23 de Wolfsburg (2-0). Si la fatigue accumulée ne fait pas de ces matches de bons indicateurs, on remarque toutefois l’inefficacité des Bruxellois, incapables d’inscrire le moindre but. Des soucis offensifs déjà présents la saison dernière qui se sont vus confirmer par la suite avec une nouvelle défaite face au Sporting Charleroi de Felice Mazzù (2-0), les attaquants unionistes ne trouvant la faille en cette présaison que face aux Saoudiens d’Al Faisaly (2-1) et aux amateurs de Rebecq (0-3) par l’entremise de Houdret, Fixelles, Tabekou et Ferber (2x).

Roulez jeunesse

 » Nous ne sommes pas satisfaits des résultats de notre école de jeunes actuellement. L’idée est de faire en sorte que les différentes catégories d’âge évoluent toutes dans le même système. L’objectif est d’intégrer plusieurs jeunes chaque année au noyau A « . En avril dernier, le président était clair. Trois mois plus tard, le projet avance : les jeunes du cru Yassine Salah, Jakob Hermansson et Adriano Cipollina ont été intégrés de façon permanente au groupe pro et Sambou Diawara a été nommé coordinateur général des équipes élites nationales.

Ancien Unioniste, le formateur malien passé par l’AFC Tubize et par Saint-Trond a désormais pour mission de renforcer la collaboration entre l’équipe fanion et les équipes élites. Autre nouveauté, l’adjonction au staff d’un préparateur mental : Slim Chérif, sera désormais chargé de l’aspect psychologique, un pas de plus dans la professionnalisation des structures du club bruxellois.

Ce qui n’a par contre toujours pas changé c’est la situation du stade. À Forest, le stade Joseph Marien ne répond toujours pas aux normes. Et pour cause, un an après l’avoir quitté pour le Stade Roi Baudouin, les travaux n’ont toujours pas commencé, faute de permis. 2017-2018 se disputera donc à nouveau dans les travées, fort vides, du Heysel. Une situation qui ne plaît ni aux supporters, ni à Marc Grosjean qui estimait déjà la saison dernière être désavantagé par ce déménagement forcé. Les chiffres ne lui donnent pas tort. En 2015-2016, lorsqu’elle évoluait encore au Parc Duden, l’Union a pris 63 % de ses points à domicile tandis que la saison dernière ce chiffre est tombé à 55 %.

La situation ne s’offrira de toute façon pas d’emblée au capitaine Charles Morren et ses coéquipiers puisque les Bruxellois ont hérité d’un calendrier difficile avec deux déplacements, au Beerschot puis au Cercle, lors des deux premières journées. Dans une D1B plus compacte que jamais avec l’arrivée du Beerschot, supérieur à Lommel le descendant, l’entame de championnat s’avérera cruciale pour tous. L’été dernier, les Saint-Gillois avaient également débuté par deux matches hors de leurs pénates et avaient signé un joli 4 sur 6. Une chose est certaine, tout le monde à Saint-Gilles signerait des deux mains pour rééditer une telle performance.

PAR JULES MONNIER – PHOTOS BELGAIMAGE

Cet été, les dirigeants unionistes n’ont pas chômé. À la reprise, le mercato était déjà quasiment bouclé.

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