L’oublié de la Roja

Employé par des clubs de second rang depuis son départ de Barcelone, l’élégant milieu de terrain espagnol va-t-il enfin éclater aux yeux du grand public à Arsenal ?

Après être passé tout près de la correctionnelle en tour préliminaire de la LC face à l’Udinese, avoir salopé sa copie en début de championnat, avoir vendu la doublette du milieu de terrain Samir Nasri– Captain Fabregas, et subi l’humiliation de Manchester United (8-2), Arsène  » Loser  » Wenger faisait face à l’un des plus gros défis de sa carrière : acheter expérimenté et vite. Sont donc arrivées en last minutes Per Mertesacker (26 ans), Chu-young Park (26 ans), André Santos (28 ans) Yossi Benayoun (31 ans) et Mikel Arteta (29 ans). Cinq nouvelles têtes venues grossir et vieillir les rangs de Baby Gunners aux abois.

Transféré d’Everton pour 12 millions d’euros, Arteta fait figure de pioche indispensable de ce mercato, davantage encore depuis la lourde blessure à la cheville de Jack Wilshere. A 29 ans, le meneur de jeu espagnol emmène à Londres son vécu (près de 200 matches en Premier League) et un style qui rappelle indiscutablement celui de Fabregas, de retour à Barcelone. Cesc machine a d’ailleurs tenu à céder les clefs du temple avec élégance, donnant quelques tips à son successeur concernant le club, les joueurs et les bonnes piaules londoniennes…

Du Barça au PSG

Pour ses débuts à l’Emirates, face à Swansea (victoire 1-0), Mikey s’est directement installé dans le fauteuil du patron, rythmant les échanges, mêlant jeu long et jeu court. Wenger :  » Je suis quand même surpris à quel point il est fort dans les duels. Il a reçu une bonne éducation en Ecosse.  » Et le Frenchie de souligner :  » Je le suis depuis qu’il évolue en France. C’est le genre de joueurs qui n’a pas eu la chance de jouer avec constance en Ligue des Champions. Désormais, il va pouvoir prouver à quel point, c’est un bon joueur.  »

Ces compliments rappellent aussi que le milieu espagnol a emprunté quelques chemins de traverse. Et pourtant, tout semblait filer droit au début. Né en pays basque, à San Sebastian, le Nino s’essaie vers 12-13 ans chez le voisin de Bilbao mais rejoint rapidement la célèbre Masia. En Catalogne, Arteta a comme partenaire de chambrée, Pepe Reina (aujourd’hui à Liverpool) et partage le palier avec Victor Valdès ou Andrès Iniesta :  » Barcelone, c’est la plus belle chose qui me soit arrivé. Mais c’était aussi très dur. C’était un autre monde, une jungle où il fallait survivre.  »

Et dans cette fabrique à artistes, le Basque comprend qu’il ne va pas avoir droit au chapitre chez les pros, d’autant qu’évolue à son poste Xavi, de deux ans son aîné, et déjà incontournable. Luis Fernandez, alors coach au PSG, lui propose une porte de sortie. A peine majeur, Arteta accepte la main tendue et rejoint en prêt la capitale française. On est au début des années 2000 et le PSG est plus bling-bling que jamais. L’Espagnol s’immisce au milieu des stars, Jay-Jay Okocha, Nicolas Anelka ou Ronaldinho. Il la joue discret et s’impose rapidement comme relayeur entre la défense et l’attaque. A peine arrivé, Arteta touche à la Ligue des Champions, et enchaîne avec une campagne en Coupe UEFA la saison suivante mais, lassé de ne pas se voir proposer de contrat d’une direction peu inspirée, l’Espagnol file en douce vers l’Ecosse et les Glasgow Rangers.

Everton legend

Dans les Iles, et malgré bourrasques et kick and rush, la qualité technique de Mikey fait fureur. A 20 ans, il emmène les Rangers vers le triplé Championnat, Cup et Coupe de la Ligue. Des titres qui restent à ce jour les seuls inscrits à son palmarès. Au terme de sa seconde saison, Arteta a de nouveau la bougeotte. Son souhait : retrouver l’Espagne et s’imposer en Liga. La Real Sociedad empoche la mise et Arteta retrouve sa ville. Chez les Bleu et Blanc, l’enfant prodigue doit en faire oublier un autre, Xabi Alonso, parti à Liverpool. Mais l’histoire tourne court, Arteta se brouille avec son coach et fuit son Pays Basque six mois plus tard.

Janvier 2005, back in the UK. L’élégant milieu de terrain espagnol signe à Everton. David Moyes le relance, et cette fois pour de bon. Pendant six saisons et demie, Mikey devient le leader technique des Toffees. Elu deux fois meilleur joueur d’Everton en 2006 et 2007, il est cette même année consacré meilleur milieu de terrain de Premier League devant des sommités comme Paul Scholes ou Steven Gerrard. Il accroche au passage un autre trophée : Lorena Bernal, ex-Miss Espagne et actrice éclair dans les Experts, avec qui il se marie en 2008.

A l’été 2010, Arteta est (déjà) annoncé du côté d’Arsenal, les noms de Barcelone et de Séville sont aussi cités. Mais les supporters des Toffees lui vouent un culte absolu ( There’s nobody betta’ than Arteta est régulièrement entonné à Goodison Park) et l’Espagnol reprend une année de rab. Cet été, l’envie de regoûter à la Ligue des Champions et d’étoffer son palmarès est cette fois trop forte. Son transfert à Arsenal ravive un autre désir, resté chimérique du temps d’Everton : goûter enfin à la Roja ! Titulaire chez les -16, -17 et Espoirs espagnols, Mikel Areta n’a jamais connu les joies de la sélection A. Ne plus faire partie de la liste des meilleurs joueurs du monde à n’avoir jamais défendu les couleurs de son pays, voilà son ultime objectif.

THOMAS BRICMONT – PHOTO: REUTERS

 » Avec la LC, il va prouver à quel point il est fort. « 

(Arsène Wenger)

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