L’orphelin

Le décès d’Yves Baré a failli avoir la peau de l’un des bureaux les plus importants du marché belge.

Dans les années 90 et la première partie des années 2000, trois associés occupaient une place centrale sur le marché des agents en Belgique : Willy Hox, Yves Baré et Guy Bonny. Hox est décédé en 2006, Baré a suivi l’année dernière. Bonny reste seul et fut à deux doigts d’abandonner.  » Après la mort de Willy, ça a continué à bien se passer avec Yves parce que ça restait une association et le travail était toujours le même. Par contre, j’ai fait une grosse déprime quand Yves est décédé. C’était un ami avant d’être un associé. Pendant sa maladie, nous avons énormément parlé. Je lui avais dit un jour que s’il ne s’en sortait pas, j’arrêterais le boulot d’agent. Il m’avait répondu : -Tu ne peux pas faire ça. Mais l’idée m’a quand même plus que traversé l’esprit.  »

Au temps où ils fonctionnaient en trio, ils avaient une centaine de footballeurs dans leur écurie. Le couple Bonny/Baré était tombé à une quarantaine.  » Aujourd’hui, il m’en reste environ 35 de ceux-là.  » Et Bonny vient de prendre un associé : Evert Maeschalck, fils du réputé avocat Johnny Maeschalck qui est spécialisé dans la défense des sportifs (footballeurs, cyclistes, tennismen) accusés de dopage.  » Evert avait une vingtaine de joueurs et nous avons mis nos listes ensemble.  » La SA Yves Baré, créée au début des années 90, a été dissoute. On a aujourd’hui la SPRL Guy Bonny et la société fondée par Maeschalck, Sportplus.

Dans le portefeuille du duo Bonny/Maeschalck (80 % de ces joueurs sont en D1), on trouve par exemple Sébastien Bruzzese, Stijn De Smet, Koen Daerden, Damien Lahaye, Kevin Roelandts, Thomas Matton, Stijn Minne, Benjamin De Ceulaer, Sepp De Roover, Philippe Clement, Anthony Portier, Wim Mennes, Marc Wagemakers. Aussi une bonne partie de l’équipe de Westerlo : Yves De Winter, Steven De Petter, Günther Vanaudenaerde, Jarno Molenberghs, DieterDekelver, Jef Delen (qui est avec Bonny depuis ses débuts) et Rachid Farssi qui était un intime de Baré et lui rendait visite chaque semaine pendant qu’il se battait contre son cancer.

Deflandre et Gillet sont toujours là aussi. Par contre, des gros cubes sont partis chercher fortune auprès de la concurrence.  » Thijs et Sonck ne sont plus chez nous. Lombaerts non plus. C’est dommage de perdre un joueur qui vaut autant d’argent, alors que nous avons cru en lui au moment où personne ne le connaissait. Mais je ne lui en veux pas. Quand il est parti en Russie, Paul Courant est aussi intervenu dans la transaction. Et comme le père Lombaerts est très proche de Courant, le fils a fini par confier sa carrière à cet agent. C’était une décision familiale. Idem dans le cas de Van Damme. Quand il a rencontré Elke Clijsters, son futur beau-père Lei lui a proposé de gérer ses affaires. Quand des joueurs pareils partent, ce sont des déceptions mais nous comprenons leurs raisons et j’ai gardé de bons rapports avec eux. Si on fait ce métier, il faut accepter de se faire chiper du jour au lendemain un client qui peut rapporter beaucoup d’argent. C’est une loi du milieu. Elle fonctionne dans les deux sens, on peut aussi hériter subitement d’un bon footballeur pour lequel on n’avait jamais rien fait.  »

PAR PIERRE DANVOYE – PHOTO: REPORTERS

 » On peut se faire chiper subitement un joueur qui rapporte beaucoup. Mais ça fonctionne dans les deux sens. C’est une loi du milieu. « 

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