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L’ombre de Meunier

Un jeune Belgo-Malaisien, un Hollandais, un Colombien, un Sénégalais, un Croate, un Nigérian, un Flamand et maintenant un Angolais. Qui sera le nouveau Thomas Meunier ?

Le banc du Club Bruges avait déjà vécu cela la saison dernière. Bruges a été champion mais, lors des deux matches de play-off 1 face à Genk, Anthony Limbombe – souvent insaisissable – avait été muselé par Clinton Mata (24)  » Le meilleur arrière droit du championnat « , disait-on à l’époque.

L’international angolais, prêté aux Limbourgeois par Charleroi, était une bonne affaire. Genk voulait jouer la carte de Joakim Maehle, qui avait progressé dans l’ombre pendant un an, et Charleroi ne refuserait pas une belle somme d’argent.

Souffrant de pubalgie, Mata devait être opéré et ne serait prêt qu’en octobre mais à Bruges, on ne s’en inquiétait guère. Deux ans après le départ de Thomas Meunier, on était convaincu d’avoir trouvé le successeur de l’Ardennais.

Dion Cools était arrivé en 2015. Dix-neuf ans, 32 matches de D2 dans les jambes seulement (avec OHL) et une formation de… médian offensif. Dès 2010, Henk Mariman, alors responsable de la formation à la Club Academy, avait constaté que c’était un problème en Belgique.

 » S’il y a si peu de défenseurs latéraux, c’est parce qu’on fait toujours jouer les meilleurs dans l’axe. Surtout dans les équipes d’âge belges, où la plupart des clubs cherchent à tirer le maximum de l’équipe. Gagner, c’est important mais on oublie parfois que nous devons avant tout former des joueurs.  »

Meunier n’était pas un arrière droit non plus. À Virton – D2 et D3 – c’était un bon attaquant de pointe. C’est Georges Leekens qui avait eu l’idée de le recycler.  » Tu est un bon attaquant mais tu peux devenir un excellent arrière droit « , lui avait-il dit. Meunier était un élève exemplaire, qui savait forcer son adversaire à s’écarter vers le flanc et pouvait rentrer dans le jeu au bon moment.

Il était doté d’un gros volume de course, d’un bon centre et d’une technique supérieure à la moyenne. Ex-attaquant, il pouvait aussi se montrer dangereux dans les seize mètres adverses. Après le limogeage de Leekens, il avait réussi à convaincre Juan Carlos Garrido. Puis Marc Wilmots. Et Roberto Martínez.

Une longue quête

Lors de ses débuts à Bruges, Dion Cools a souffert. Les séances d’entraînement étaient longues et dures, le rythme était beaucoup plus élevé, il devait apprendre de nouvelles lignes de courses et l’entraîneur – Michel Preud’homme – était sévère, n’hésitant jamais à le reprendre devant tout le groupe.

Suite à la blessure au genou de Meunier, il avait joué contre Panathinaikos, inscrivant un but et délivrant un assist mais à Old Trafford, Memphis Depay l’avait confronté à ses limites.  » Le plus mauvais match de ma vie « , avait-il déclaré. Davy De fauw avait alors remplacé Meunier pendant quelques matches.

Nous étions fin août et la saison de Cools était pratiquement terminée, même s’il a encore joué quelques matches…. à gauche par la suite. Preud’homme voulait un joueur plus libéré et, après le départ de De fauw à Zulte Waregem, il exigeait l’arrivée d’un nouvel arrière droit.

Comme Stefano Denswil un an plus tôt, Ricardo van Rhijn (Ajax) était sur une voie de garage à l’ArenA, où il avait joué plus de 160 matches en équipe-fanion. À l’image de son prédécesseur, c’était un arrière latéral adapté – il avait été formé comme ailier et était devenu arrière central mais avait gagné ses galons d’international au poste d’arrière droit – mais il plaisait.

Titulaire indiscutable, il renvoyait à nouveau Cools à gauche et se montrait souvent décisif (3 buts et 4 assists) mais s’occasionnait une petite déchirure du ligament de la cheville après le Nouvel An. Juste avant la clôture du mercato d’hiver, Bruges transférait dès lors Helibelton Palacios (Deportivo Cali), un Colombien de 23 ans.

Titularisé d’emblée, celui-ci soufflait le chaud et le froid mais MPH se montrait peu patient à son égard. Au cours des mois suivants, le poste d’arrière droit était occupé par Cools, Palacios, Van Rhijn et… Ruud Vormer (3 matches)

Défense à 3

En 2017, Bruges changeait complètement son fusil d’épaule. Contrairement à son prédécesseur, qui jouait à quatre derrière, Ivan Leko instaurait un système à trois défenseurs. Sur les flancs, il tâtonnait. Le nouveau T1 croate souhaitait garder Van Rhijn mais, à l’époque, il n’avait pas encore suffisamment de crédit pour s’opposer à la volonté de la direction.

 » On m’a dit que je pouvais rester en vacances dix jours de plus « , déclarait Van Rhijn à Voetbal International.  » Je n’ai pas réagi et, à la surprise générale, je me suis présenté à l’entraînement. Dans le vestiaire, quelqu’un avait pris ma place. Le responsable du matériel ne m’attendait pas et n’avait pas d’équipement pour moi. Vivre cela, c’est vraiment bizarre.  »

Le Hollandais avait signé pour trois ans mais il pouvait partir après une saison. Il était d’abord loué à AZ, qui l’achetait définitivement l’été dernier. Ivan Leko était encore plus exigeant que son prédécesseur – si, si, c’est possible ! Pour le premier match de la saison, à Lokeren, Cools était sur le banc – aux côtés d’ Anthony Limbombe et Hans Vanaken.

Palacios entamait la rencontre mais il était rapidement écarté et, en janvier, il rentrait en Colombie (Atlético Nacional), où il se hissait en équipe nationale. Thibault Vlietinck se voyait offrir quelques opportunités mais Cools regagnait ses galons de titulaire. Plus concentré à l’entraînement et en match, il soignait ses passes et ses lignes de course, ce qui lui permettait souvent de se montrer décisif : il inscrivait 3 buts et délivrait autant d’assists.

Mais même comme cela, le Belgo-Malaisien ne parvenait pas tout à fait à dissiper le doute à son sujet. En hiver, Ivan Tomecak débarquait du FC Malines mais il ne s’imposait pas. KrépinDiatta, un… attaquant sénégalais transféré de Sarpsborg pour plusieurs millions finissait par être préféré à Cools qui craquait totalement : physiquement, mentalement et tactiquement.

Espoir angolais

La direction du Club Bruges devait agir. Mata signait pour quatre ans mais il était blessé, Diatta était titularisé lors du match de Supercoupe mais il se fracturait le poignet. Tomecak était autorisé à partir (mais ne trouvait pas de club), Emmanuel Dennis se montrait décisif face à Anderlecht mais il était beaucoup trop offensif, Cools ne saisissait pas une nouvelle chance (il était même régulièrement écarté de la sélection), Vlietinck (21) séduisait, y compris face au Borussia Dortmund, mais il ne tenait pas encore la distance. Bref, Clinton Mata semble rétabli juste à temps…

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