L’oil pour le football?

Robert Waseige n’échappe pas à la définition: un entraîneur limogé est toujours un entraîneur qui, de l’avis de sa hiérarchie, n’a pas répondu à l’attente; et qui n’y répondrait pas davantage au cas où on le maintiendrait dans ses fonctions.

A partir de là, plus le quidam estime l’entraîneur compétent, moins il est d’accord avec l’avis de la hiérarchie, et inversement. Et entre les deux extrêmes, il y a place pour moult variantes qui feront l’extrême variété des footeuseries de comptoir. Quant à moi, dans le cas qui nous occupe, le camp choisi est clair. D’une part une hiérarchie mystérieuse, affairiste, souvent tapie, dont on n’arrive jamais à cerner la ligne de conduite sportive, et cela dure depuis des années. D’autre part un coach avec des défauts comme tout le monde, mais qui a fait ses preuves dans la durée en dépit des vicissitudes inhérentes à la fonction; et chez qui la clarté de ligne de conduite sportive est presque marque de fabrique. Entre les crédibilités respectives, il n’y a pas photo.

Je n’ai pas dit qu’il y avait de quoi crier au scandale: crier à la bêtise de notre microcosme,oui; crier au crime de lèse-majesté, non. Il doit y avoir quelque 800 clubs en Wallonie, et Waseige est un peu le saint patron des 800 entraîneurs d’équipes Premières en fonction: 800 gars qui aiment le coaching tout autant, qui ont autant de chances de se faire arbitrairement virer pour les mêmes manques de résultats …et pour moins que ça si l’on considère l’aspect financier! Pour eux, tout compatissants soient-ils, Waseige viré par le Standard est un peu la double preuve réconfortante qu’en foot, sport pas comme les autres, Dieu et Crésus sont des hommes comme les autres.

Epistémologie du limogeage. Lorsqu’il y a manque de résultats par rapport aux espérances d’avant saison, deux réactions sont possibles chez les décideurs d’un club: soit ils admettent la gigantesque part de hasard liée à un résultat de foot, soit ils ne l’admettent pas. L’admettre est une qualité rare qui induit la patience, comme celle de Detremmerie voici 12 mois malgré le 0/15 de Broos: faire la part des choses, raisonner, croire mordicus que la (mal)chance finira par tourner et que le travail à long terme paie plus que le jackpot. Avoir de la sagesse.

Lorsqu’on n’admet pas le hasard, deux analyses sont possibles: soit les joueurs du noyau ont été surévalués, soit les joueurs ne donnent pas le maximum. Reconnaître qu’il y a eu surévaluation est une qualité rare, les décideurs doivent concéder qu’il y a eu erreur de recrutement, c’est-à-dire avoir alors la modestie du mea culpa: modestie ardue, vu qu’il s’agit d’admettre qu’on a claqué du blé comme de gros bêtas! Il est donc plus simple d’affirmer haut et fort que les joueurs ne répondent pas à l’attente alors qu’ils en ont les capacités.

Lorsqu’on proclame que les joueurs ne répondent pas à l’attente, deux raisons peuvent être avancées, qui cette fois peuvent coexister: soit c’est leur faute, soit c’est la faute de leur coach! Dans un premier temps, c’est souvent leur faute, avec modulations sur le thème éculé des gros-pourris-gâtés-qui-ne-connaissent-pas-leur-chance-et-qui-feraient-bien-de-se-vider-les-tripes. Mais si la pénurie de victoires subsiste, faut bien s’attaquer dans un second temps au seul qui reste en piste pour lui rentrer dans le lard: ce sera donc le coach, coupable – au choix – de manque de psychologie ou de carences tacticiennes…

éa s’est donc passé à Liège comme ça se passe tout le temps ailleurs, sauf que la victime est cette fois le symbole du coaching de foot en Wallonie. éa s’est passé à Liège? Pas vraiment. Car ce limogeage met en lumière le pouvoir de décision relatif de LucienD’Onofrio. De tireur de ficelles comme on l’imaginait, voilà qu’il devient sous-fifre: car les seules pulsions personnelles de D’Onofrio vis-à-vis de son coach et ami étaient pour le moins detremmeriennes! La décision vient de bien plus haut, le Standard n’est plus Club Liégeois.

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