L’oeil de l’ex

L’ex-coach national et ex-(futur) coach d’Anvers donne son avis sur les huit formations engagées dans les playoffs.

« Limogé par la fédération et démissionnaire dans la Métropole: ce n’était pas ma saison! », soupire Tony Van den Bosch. Il peut donc donner un avis neutre (ou plus ou moins neutre, car il n’a jamais totalement rompu les ponts avec l’Arena de Deurne) sur les playoffs qui ont débuté hier.

Enfin les choses sérieuses! « Cette deuxième phase du championnat était vraiment superflue », admet-il. « Mais on ne peut pas jeter la pierre aux responsables du calendrier. Si faute il y avait, elle a été commise plus tôt, lorsqu’on a laissé des clubs vivre au-dessus de leurs moyens avec les conséquences que l’on connaît. Anvers, d’ailleurs, l’a échappé belle: si on avait conservé l’équipe championne de 2000, le club serait en faillite à l’heure qu’il est ». Bref, l’été dernier, on s’est retrouvé avec 11 clubs en D1 et on a essayé de trouver une formule qui permettait d’avoir autant de matches qu’avant avec moins d’équipes. Cela n’a pas été une réussite. En outre, la Ligue s’est un peu sabordée elle-même en supprimant les playouts pour la descente, ce qui a ôté tout intérêt au Groupe B (regroupant les cinq équipes de bas de classement).

Nous avons posé à Van den Bosch trois questions classiques concernant les huit participants aux playoffs:

Ostende

+ « L’avantage du terrain. La gestion magistrale d’Eddy Casteels: depuis qu’il est arrivé, l’équipe n’a pas cessé de progresser. Avec Ed Cota, Ostende a aussi trouvé un joueur capable d’être le prolongement du coach sur le terrain. Le retour de Van den Spiegel est un atout supplémentaire. De plus, il a permis à Praskevicius de retrouver son poste de prédilection au n°4. Le banc est très étoffé. Ostende a tous les atouts pour remporter le titre ».

« Depuis le départ de Rudolf Vanmoerkerke, il n’y a plus en Flandre l’équivalent d’Eric Somme. Johan Vande Lanotte devrait limiter son rôle à l’aspect commercial et moins se mêler de l’aspect sportif. L’engagement de Cizmic et de Giedraitis n’a pas été une réussite complète ».

? « Peu d’éléments sont laissés au hasard. Ostende ne surprendra pas et je n’ai pas l’impression qu’il se laissera surprendre ».

Charleroi

+ « Giovanni Bozzi est toujours capable de motiver ses troupes. Le fait qu’il ait annoncé son départ aura plutôt une influence positive. Il abordera les playoffs avec moins de pression et les joueurs auront intérêt à se montrer pour plaider leur cause auprès du nouveau coach. Charleroi peut compter sur des joueurs puissants et expérimentés. La paire de distributeurs est très fiable ».

« Il n’y a pas de véritable centre: ce sont tous des n°4. L’équipe est assez âgée, cela pourrait être un handicap lorsqu’on joue tous les deux jours ».

? « Pepinster ne devrait pas constituer un obstacle insurmontable. L’adversaire en demi-finales non plus. Pour battre Ostende en finale, il faudra que tous les joueurs soient à 100% de leurs capacités physiques. L’arme secrète pourrait être Van de Vondel, sur le plan défensif en tout cas ».

Bree

+ « Les infrastructures. La science tactique de Paul Vervaeck. Et forcément le tir à trois points ».

« Les bruits de transferts ont déstabilisé un effectif qui était jusque-là bien en place. L’équipe est aussi trop tributaire des tirs à trois points: ça peut passer un jour, mais ça cassera le lendemain ou le surlendemain. En outre, Bree est trop inconstant en déplacement. Il a aligné une belle série de victoires en février et mars, mais pour les playoffs je n’y crois pas ».

? « Bree reste Bree: on a engagé Yves Dupont, mais au lieu qu’il soit alimenté sous l’anneau, c’est lui qui sort pour tirer à trois points. Vervaeck surprendrait tout le monde en jouant à fond la carte du jeu intérieur au lieu du tir extérieur, mais je ne pense pas qu’il dispose des éléments pour le faire ».

Mons

+ « Une équipe bien équilibrée, avec un savant amalgame entre jeunes et anciens, et un bon mix entre joueurs offensifs et défensifs. Ronny Bayer et Mathias Desaever auront à coeur de quitter le club la tête haute ».

« L’équipe est trop tributaire de… Ronny Bayer! Paradoxal, car son apport en points fut minime cette saison, mais les jeunes joueurs qui l’entourent ont besoin de son expérience et de son calme. On n’a pas assez de garanties sur le rendement de Volcic et Dewilde au poste n°4 ».

? « L’équipe a alterné le bon et le moins bon cette saison. Lorsque cela tourne, elle peut battre les meilleurs. Pour l’équipe-surprise des playoffs, je mise plus sur Mons que sur Bree ».

Liège

+ « L’expérience de la plupart des joueurs. Le talent de Huger. L’enthousiasme de Baert ».

« Il n’y a pas de véritable centre. Heinle est un excellent joueur, mais il a tendance à s’écarter de l’anneau. Lorsqu’un pivot est tributaire de son tir extérieur, c’est anormal et cela rend son rendement aléatoire ».

? « Van Crombruggen est un vieux renard rusé. Il n’a pas son pareil pour placer son équipe en position d’outsider. Il fait croire qu’il est déjà très content d’être là, mais il a déjà battu deux fois Charleroi ».

Tournai

+ « L’équipe doit 50% de son succès à Rotsaert. Il mériterait 100 fois le titre de Coach de l’Année. Van de Keere est devenu un des meilleurs joueurs belges alors qu’il usait ses fonds de culotte sur le banc à Ostende. Tournai jouera libéré: sa saison est déjà réussie ».

« Il n’y a pas d’alternative valable pour Mason à la distribution. Le jeu de Tournai est trop prévisible ».

? « Certaines équipes ont été surprises en début de saison par la match-up zone, mais aujourd’hui tout le monde la connaît. Il faudra donc trouver autre chose ».

Pepinster

+ « Faison est un joueur de talent. Le cinq de base, dans l’ensemble, tient la route. Et Bavcevic est un formateur hors pair. Bien que je défende les coaches belges, je dois lui tirer mon chapeau ».

« Globalement, le potentiel de l’équipe me semble trop faible pour inquiéter Charleroi. En particulier à la distribution. Jordan est parti, et le nouveau, Norvell, pourrait manquer de rythme car il vient des Pays-Bas. Sous l’anneau, Hervelle est une grande promesse mais encore un peu tendre. Il y a trop peu de possibilités de rotation sur le banc. La défense agressive préconisée par le coach risque de mettre l’équipe en problème de fautes ».

? « Pour avoir une chance de s’imposer, Pepinster devrait orienter son jeu vers l’intérieur, qui est le point faible de Charleroi. Et essayer de casser le rythme des Spirous. Ce n’est pas aussi simple: si on neutralise Rowe, Potter entre en action ».

Anvers

+ « En talent individuel, l’équipe recèle un grand potentiel. La motivation est toujours présente face aux ténors. En outre, les joueurs ont été vexés d’avoir été relégués dans le Groupe B et ont envie de redorer leur blason ».

« Le fait d’avoir disputé les matches du Groupe B durant la deuxième phase a peut-être brisé le rythme de l’équipe, qui a été coupée du haut niveau pendant deux mois ».

? « Si on va au troisième match, tout est possible avec Anvers. Une bombe de Loridon à la dernière seconde, par exemple. Paul Bayer et Moors ont traversé une période difficile, mais je suis persuadé que cela ne durera pas ».

Daniel Devos

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