L’ITALIE veut changer

Après la grande désillusion sud-africaine, c’est tout le foot transalpin qui veut se redonner des couleurs.

Une nouvelle ère semble avoir commencé. Après un été qui avait débuté par une immense frustration pour tout un peuple dans la Botte, le nouvel entraîneur national Cesare Prandelli a été recruté à la Fiorentina qu’il avait amenée en quarts de finale de Ligue des Champions la saison dernière. Prandelli a immédiatement fait part de ses plans : à la mi-août, en amical contre la Côte-d’Ivoire, il n’y avait parmi les 23 joueurs sélectionnés qu’un seul survivant des 14 joueurs qui avaient disputé la finale de CM remportée en 2006 : Daniele De Rossi de l’AS Rome.

La décision la plus frappante de Prandelli fut de convoquer d’emblée trois joueurs ignorés de façon flagrante par Marcello Lippi lors du tournoi mondial. Antonio Cassano, le néophyte Mario Balotelli et Amauri, le buteur né au Brésil. Alors que l’exclusion de ce dernier de la sélection italienne en AfSud paraissait logique, vu sa saison décevante avec la Juventus, la non-sélection de Cassano et Balotelli (deux des talents les plus prometteurs du football italien) donna lieu à de nombreux débats avant et surtout après le Mondial.

Lorsqu’il rencontra les médias début juillet pour sa première apparition en tant que nouveau Commissario Tecnico, Prandelli avait promis du changement. Non seulement il a fait tomber le rideau sur les  » héros de Berlin  » de l’ère Lippi, mais surtout il n’a conservé que neuf éléments qui figuraient dans le noyau de la Squadra il y a encore trois mois : Federico Marchetti au goal, LeonardoBonucci et Giorgio Chellini en défense, De Rossi, Claudio Marchisio, Riccardo Montolivo, Angelo Palombo et Simone Pepe au milieu et Fabio Quagliarella comme buteur. D’un coup, Prandelli a abaissé la moyenne d’âge de l’équipe nationale de 28,9 ans en AfSud à 25,7 ans.

A la mi-septembre, les résultats lui donnaient raison. Victoire 2-1 en Estonie et 5-0 contre les Iles Féroé en premiers matches du groupe C de la qualif’ pour l’EURO 2012. Ce n’étaient pas les adversaires les plus durs pour la Squadra, mais elle pouvait difficilement faire mieux. Le signal donné par Cassano & Co était positif. Enfin…

Rénovation et cure de jouvence

Suite de la déroute sud-africaine, il a beaucoup été question de changement de mentalités et de cure de jouvence nécessaire au sein du foot italien. Depuis longtemps, la presse italienne dénonce le conservatisme et le manque d’audace des entraîneurs du Calcio quand il s’agit de faire confiance aux jeunes et de leur donner leur chance au plus haut niveau. L’âge moyen d’un joueur en Serie A la saison dernière était de 27,44 ans, comparé à 26,69 en Liga espagnole, 26,57 en Premier League anglaise et 25,9 en Bundesliga.

Mais les chiffres des jeunes du cru qui reçoivent leur chance en équipe Première sont encore plus parlants : dans les équipes de Ligue 1 française, pas moins de 26,8 % des joueurs sont issus des équipes d’âge de leur club – c’est-à-dire qu’ils ont au moins passé trois ans en sélections de jeunes entre l’âge de 15 et 21 ans. Ce pourcentage est encore de 21,6 % en Espagne, 17,8 % en Allemagne et 16,5 % en Angleterre mais chute à 8,1 % en Italie.

Le vice-président de la fédération italienne, qui n’est autre que l’ancien médian du Milan AC, Demetrio Albertini, est convaincu que le temps est venu d’une autre approche pour les grands clubs italiens. Ils doivent suivre l’exemple anglais et/ou espagnol en développant des équipes Réserves plutôt que des équipes d’âge, et en inscrivant ces équipes en divisions inférieures.

 » Lorsqu’on regarde notre équipe des -19 ans qui a échoué aux Championnats d’Europe cet été, on constate qu’elle était aussi talentueuse que ses adversaires. Seulement, la Squadra avait un état d’esprit moins compétiteur que les autres équipes. « 

Hommes d’église et hommes en noir

Mais la question de l’aptitude au changement se pose avec insistance. Le football italien est-il en effet prêt à une nouvelle  » révolution culturelle  » ? Les tifosi se sont habitués à devoir aller au stade occasionnellement le dimanche soir et le samedi soir. Certaines équipes alignées en compétitions européennes jouent même parfois le vendredi soir. Et le contrat TV exige cette année que certaines rencontres aient lieu le dimanche midi et le lundi soir. Des figures de proue de l’Eglise catholique ( !) ont déjà émis des réserves à l’encontre de ces nouveautés qu’ils considèrent comme une invasion de leur terrain.

 » S’asseoir devant la télévision à 12 h 30, alors qu’on va déjeuner en famille, ne va pas. Les événements familiaux sont des moments très importants – nous ne pouvons les sacrifier au détriment d’autres occupations. L’omniprésence du football dans l’agenda de nos concitoyens va trop loin mais si l’on en fait l’activité principale du dimanche, à savoir le meilleur jour de la semaine, le plus important, le plus spirituellement élevé, et le plus humain, où va-t-on ?  » a déclaré Monseigneur Carlo Mazza, ancien directeur du sport et du tourisme de la congrégation épis-copale italienne. On s’en doute, le débat n’a pas fini d’animer les conversations des amateurs de foot transalpins.

Un autre sujet qui pourrait ressurgir cette saison, c’est l’éternel débat sur l’arbitrage. En effet, l’ancien homme en noir Stefano Braschi qui a pris le relais du fameux Pierluigi Collina comme convocateur des arbitres pour les matches de Serie A, a promis une  » tolérance zéro  » pour le jeu violent et les réactions verbales exagérées des joueurs envers le referee. Avec une consigne de dégainer la carte rouge à la moindre incartade…

Il faudra également attendre de voir si la décision absurde de la télé publique RAI de diffuser moins de ralentis de phases litigieuses lors de son émission dominicale consacrée au foot générera moins de débat sur l’arbitrage. C’est en tout cas la volonté des patrons sportifs de la chaîne. Mais en pratique, il est à craindre que les protestations continueront, ralentis ou pas…

Autre nouveauté à suivre en Italie cette saison : en Serie B (D2), les néo-promus de Novara dans le Piémont seront les premiers à disputer leurs matches à domicile sur un terrain entièrement synthétique. Selon le fabricant Italgreen, cela amènera une diminution de 30 % des blessures des joueurs. Le coach de Novara, Attilio Tesser, dit que ses joueurs vont devoir s’habituer à une toute nouvelle réalité puisque tout sera différent : le rebond du ballon, la façon de courir, de se déplacer, etc. Vu la piètre qualité des pelouses de certains clubs du top italien, l’expérience de Novara sera suivie de très près cette saison…

par paddy agnew, world soccer – photo: reporters

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