L’ITALIE, MAÎTRESSE DE L’EUROPE

Les équipes du Calcio sont à nouveau sur le toit du continent.

Les personnalités de la Juve

La Juventus et l’AC Milan se sont méritoirement qualifiés pour la finale de la Ligue des Champions. Le plus intéressant des deux chocs des demi-finales fut assurément la visite du Real Madrid à Turin. A cette occasion, le nouveau champion d’Italie a souligné l’étendue de sa vraie philosophie de jeu. Le catenaccio, le football attentiste, tout cela semble bien fini et c’est tout à l’honneur de cette équipe et du football italien. Les équipes du Calcio ont donné beaucoup de fil à retordre à celles de la Liga lors des campagnes européennes. A part Valence qui a fait exploser l’Inter, sans parvenir à se qualifier, les autres duels tournèrent généralement en faveur des Italiens. Et ce qui s’est passé mercredi dernier à Turin illustre bien cette problématique. A la fin du compte, on a eu l’impression que la Juventus jouait comme le Real Madrid des grands soirs. Les Turinois étaient visiblement animés par le désir de prouver qu’ils étaient capables d’aussi bien jouer que Madrid. Maintenant, il s’agit de se demander pourquoi le Real a accepté, même subi, cette démonstration de force, de fraîcheur et de supériorité tactique.

La Juventus a géré la circulation de la balle et n’a cédé le commandement des opérations qu’en fin de rencontre alors que la messe était dite. Or, le Real a justement l’habitude de monopoliser la balle. Pour les Madrilènes, quelque chose ne se passait donc pas comme prévu dans le film du match. Petit à petit, les personnalités de ce grand rendez-vous se sont affirmées. A ce jeu-là, on n’a pas vu Zidane ou Figo mais bien Nedved, Zambrotta, Del Piero et consorts. A cela, il faut ajouter que la défense de la Juventus a été dans le coup, alerte, intransigeante. Personne ne souleva l’étendard de la révolte au Real et, de plus, la défense fut une fois de plus à côté de ses pompes. Sur le deuxième but italien, Hierro était trop à droite, un défenseur se prenait pour un deuxième gardien en étant carrément à hauteur de Casillas.

Juve : plus forte mentalement et physiquement

Très rapidement, on a constaté que la Juventus dominait le débat tant sur le plan physique que mental. Les têtes italiennes étaient fraîches après la conquête du scudetto. Battu en championnat, le Real est dépassé au top de la Liga et ce problème a laissé des traces dans le mental de ses joueurs. Physiquement, le Real était éprouvé avec, en prime, des joueurs souffrant de bobos : Ronaldo, Figo, etc.

En face, il y avait une formation certes euphorique mais surtout bien préparée. Les Italiens ont toujours su mettre les petits plats dans les grands afin d’aborder les rendez-vous importants dans les meilleures conditions. Le football italien est en avance sur le plan scientifique. Cette fois, ils ont ajouté des pincées de bon football et donc de technique au sérieux de leur préparation. La Juventus a présenté un jeu tonique, moderne et bien organisé que le Real n’a pu contrer. Techniquement, la Juventus avait envie d’imiter le Real et y est parvenue. Lors des cours de la Pro Licence, nous avons assisté à des séances de travail physique de la Juventus. Ventrone dirige cet aspect des choses. Impressionnante et, non contente d’être très forte physiquement, la Juventus a visiblement ouvert les portes pour aérer son football.

Dommage pour Nedved

Tout le monde regrettera l’absence de Pavel Nedved lors de la grande finale. A mes yeux, l’attaquant tchèque est le meilleur footballeur européen du moment. Il est libre, peut se retrouver en pointe, en retrait, à gauche ou à droite. Il sait vraiment tout faire sur un terrain. Malgré d’indiscutables lettres de noblesse, il ne tire jamais la couverture à lui. Nedved joue d’abord pour le groupe. A mon avis, il sera le favori du prochain Ballon d’Or. Quand il écopa du carton jaune, il s’effondra en comprenant que la finale de la Ligue des Champions lui filait sous le nez. C’était une scène émouvante, ses larmes en fin de match tranchèrent avec la joie de ses équipiers et de tout un stade en extase.

par Emilio Ferrera

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