L’Inter à l’indonésienne

Le 4 novembre 2013, le nouvel actionnaire principal de l’Inter, l’Indonésien Erick Thohir (44 ans) a surpris la presse quand on lui a demandé qui était son joueur intériste préféré de tous les temps. Ce n’était pas Ronaldo, Javier Zanetti, Zlatan Ibrahimovic ni Sandro Mazzola mais Nicola Ventola,l’avant des nerazzurri de 1998 à 2004. Ce n’est pas vraiment le nom que l’Interista moyen citerait mais voilà, la femme de Ventola est née d’une mère indonésienne, ce qui a fait de l’intéressé le footballeur intériste le plus connu d’Indonésie. C’est pour la même raison que Thohir a tout mis en oeuvre, il y a un an, pour débaucher de Cagliari Radja Nainggolan, de père indonésien, en vain puisque, finalement, l’AS Rome est parvenue à le recruter.

L’Inter, qui n’est plus un grand de Serie A, est donc aux mains de Thohir depuis un an. Celui-ci a déboursé 250 millions d’euros pour acquérir 70 % des parts de l’ancien propriétaire, Massimo Moratti, le 15 octobre 2013. La semaine dernière, Moratti, jusque-là président d’honneur et détenteur de 29,5 %, a annoncé qu’il quittait le club, mécontent de la politique de son successeur et abattu par la remarque du directeur du marketing du club. La saison passée, le club a essuyé une perte de 103 millions, a annoncé Michael Bolingbroke. Recruté à Manchester Unitedpar Thohir, il est un des nombreux anglophones à avoir intégré l’organigramme. Au printemps, Thohir a obtenu un emprunt de 230 millions auprès des banques mais il ne veut pas aller plus loin. Moratti est las des remarques constantes sur la gestion catastrophique du club dans le passé : après tout, sous sa direction, l’Inter a conquis seize trophées et a même remporté le triplé avec José Mourinho en 2010. Reste une question : qui s’intéresse, maintenant, aux parts minoritaires d’un club passé en mains étrangères, club qui ne participe même pas à la Ligue des Champions ?

Le style de Thohir et l’approche de Moratti ne pourraient être plus différents. L’ancien président était une sorte de mécène, qui a injecté 1,3 milliard d’euros dans le club de 1995 à l’année dernière et qui, chaque année, a comblé de sa poche le déficit du club. Thohir, lui, ne jure que par trois piliers : l’Inter doit être rentable et donc ne pas perdre d’argent ; le club doit mieux se profiler comme marque mondiale sur le marché international et il faut mettre sur pied une équipe solide autour du terrain. Le dernier mercato a montré quelle voie Thohir comptait emprunter. Au total, l’Inter a dépensé 11,8 millions en nouveaux joueurs alors qu’il en a vendu pour un montant de 10,9 millions. Ces montants sont d’un tout autre ordre que sous l’ère Moratti.

D’ici dix ans, l’Inter doit figurer parmi les dix plus grands clubs du monde. Avant, il doit se reprofiler dans la Botte et rejouer un rôle significatif. Pour l’heure, l’Inter ne figure pas parmi les candidats au titre alors qu’il a un besoin urgent des revenus fournis par la Ligue des Champions.

PAR GEERT FOUTRÉ

Le style de Thohir et l’approche de Moratti sont diamétralement opposés.

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