L’HÔTELIER

Le gardien des Campinois affiche 37 ans au compteur. Le Westerlo – Anderlecht de ce week-end pourrait être son dernier.

R onny Gaspercic :  » Je pense que, cette saison, Westerlo sera un peu moins fort qu’au premier tour de la saison dernière et un peu plus fort qu’au second. Je ne crois pas que nous jouerons encore aussi bien qu’avec Jaja Coelho. Nous avons des alternatives mais nous cherchons encore le meilleur moyen de les exploiter.

Je crois que le pourcentage élevé de défaites de la saison dernière était dû au fait que nous avions perdu notre charnière entre la défense et l’attaque. Il aurait fallu modifier tout le système mais nous n’avions pas les joueurs pour cela. Nous sommes une équipe qui, à domicile surtout, joue plus devant le ballon que derrière. Nous y allons toujours de bon c£ur, nous devrions être plus prudents. Avec Jaja, ce n’était pas vraiment nécessaire car il faisait toujours la différence balle au pied et nous pouvions attaquer. Maintenant, notre jeu est toutefois plus structuré et on voit que cela commence à aller mieux.

Désormais, il y a plus de pression sur la défense mais nous pouvons compter sur Stef Wils, qui peut évoluer comme demi défensif ou comme défenseur. Je ne m’attendais pas à ce qu’il puisse jouer derrière aussi rapidement – je pensais que Bobsam Elejiko conserverait cette place – mais cela s’est plutôt bien passé jusqu’ici. Cela prouve que nous avons plus d’alternatives que la saison dernière. Wils parle beaucoup et c’est très important. Je pense que c’est ce qui a fait la différence. Il est également très agressif sur le ballon, il joue simplement, il commet peu de fautes et il est fort de la tête.

Wim Mennes est important pour combler les espaces. Il devra dicter davantage le rythme même si, selon moi, il ne parle pas assez en cours de match, à l’image de TomVan Imschoot. Ce dernier joue plus haut, il est un peu plus offensif pour compenser le départ de Chris Janssens et nous ne devons pas oublier que Peter Utaka joue différemment. C’est du moins mon impression. Il a d’énormes possibilités et je pense qu’il a un peu moins de pression sur les épaules. C’était nécessaire. Il faut dire qu’avec l’arrivée d’autres attaquants, il est moins seul. Avant, il oubliait de se repositionner et, lorsque les choses se sont gâtées après le départ de Coelho, on a tout remis sur son dos. Le groupe était frustré car nous n’avons pas su nous adapter à cette nouvelle donne.

L’entraîneur est-il plus clair aujourd’hui ? Peut-être, oui. Mais c’est aussi plus facile pour lui car il a plus de possibilités. Quand on voit le nombre de blessés que nous avons déplorés au deuxième tour l’an dernier ! Si cela s’était produit à Anderlecht, toute la Belgique en aurait parlé. Nous avons constamment dû boucher des trous et aligner des joueurs à des places qui n’étaient pas les leurs. Le point positif, c’est qu’il y a désormais plus de concurrence et qu’avec les arrivées de Bart Van den Eede et Patrick Ogunsoto, nous avons des ressources devant. Bart est un tank, vous savez ! Vous devriez voir ses mollets ! Ils sont deux fois comme mes cuisses (il rit). Je lui ai déjà demandé comment il faisait pour avancer ( il rit) « .

Vidéo

 » J’ai l’impression que le championnat est plus fort que l’an dernier. Après notre bon premier tour, je me demandais comment c’était possible avec aussi peu de talent. J’ai fortement ressenti la différence avec l’Espagne : aux niveaux de la vitesse d’exécution, du jeu défensif et de la contre-attaque. En Espagne, beaucoup d’équipes tentent d’avoir le contrôle du jeu et de mettre l’adversaire sous pression. Pas quand on joue contre le Real Madrid ou Barcelone, évidemment (il rit). On pense parfois que l’herbe est plus verte à l’étranger mais ce n’est pas toujours vrai. Comme cela va plus vite, on commet plus d’erreurs. Mais la Belgique a encore de bons gardiens. Je trouve le niveau assez bon, on ne voit pas beaucoup de gaffes.

Dans une carrière, il est important d’avoir toujours quelque chose à apprendre. Au Betis et à Albacete, j’ai beaucoup appris sur le plan tactique. La pression y était énorme. Nous avions droit à trois ou quatre heures de théorie par semaine. C’est une des premières fois que j’ai pensé qu’il y avait autre chose que le football dans la vie (il sourit). Quand on débarque de Harelbeke, il n’est pas facile d’être aussi professionnel. Je ne veux pas diminuer les autres clubs mais… je constate que tout le monde ne travaille pas comme cela. A Westerlo, on fait un décrassage après le match puis on a droit à un jour de congé deux jours après. C’était pareil en Espagne et aussi en Allemagne, d’après Nico Van Kerckhoven. C’est comme cela que je me sens le mieux. Après le premier entraînement, je suis fatigué, mais par la suite, je sens la force revenir et je suis tout à fait reposé en fin de semaine.

Westerlo a investi dans un nouveau système d’irrigation et le terrain est parfait. N’oublions pas que c’est un sol sablonneux. Pendant six mois, nous avons dû nous entraîner sur un terrain en mauvais état. C’est donc un très bon investissement. Nous avons également commencé à utiliser la vidéo pour analyser les matches. Ce sont les joueurs qui l’ont demandé. Herman Helleputte a beaucoup de responsabilités, il détermine tout mais les joueurs ont aussi le droit de prendre l’initiative. C’est très positif, je trouve. Il nous écoute. C’est amusant, cela donne des satisfactions. Les images vidéo nous aident à expliquer certaines choses preuves à l’appui. Il faut parfois être prudent car les images sont traîtresses, hein (il grimace). Tout le monde ne supporte pas facilement la critique et l’entraîneur doit donc faire attention. En Espagne, on pouvait être dur car nous étions grassement payés. Je ne pense pas que cela pourrait se faire en Belgique « .

Nico Van Kerckhoven

 » Je m’entends très bien avec Nico Van Kerckhoven. Nous sommes plus âgés, nous avons joué à l’étranger, nous avons donc des affinités. C’est plaisant, tout comme le fait qu’ici, tout le monde parle de football. Pendant ma carrière, j’ai connu des moments où on me prenait pour un radoteur. Mais il faut parler de football. Si quelqu’un commet une erreur, il doit oser l’admettre.

Avec Nico, nous parlons beaucoup de football et, c’est bizarre, nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous sommes rarement en désaccord. Je trouve cela incroyable. Pour un entraîneur, il est important de pouvoir compter sur des joueurs qui, en cours de match, sont capables de déceler certains détails. Car ceux-ci font souvent la différence en football. Sur les corners, par exemple, nous jouons la zone. Devant, il y a toujours un homme libre qui doit revenir si un arrière adverse monte. A Charleroi, la saison dernière, ils restaient tous derrière. Bien vu de la part de Jacky Mathijssen… à moins que ce ne soit de la chance. Car j’ai dit à Tom Van Imschoot, qui était resté devant, de se placer au milieu d’eux mais en regardant derrière moi, je vois un joueur de Charleroi arriver au premier piquet. Il a pu prolonger de la tête et un autre a marqué. Je me suis dit que Jacky, avec qui j’avais joué à Genk, m’avait bien eu. Vous voyez : un détail. Et il peut y en avoir beaucoup sur un match. Et même quand on est averti, on peut encore se faire avoir.

La saison dernière, certains joueurs n’aimaient pas jouer la zone sur les phases arrêtées. Mais ce sont des situations qu’on peut parfaitement analyser. Nous jouions comme cela en Espagne et je suis le plus expérimenté en ce qui concerne la zone. Ce n’est pas un système infaillible mais, si les joueurs sont assez grands, il faut oser pratiquer ainsi et faire en sorte qu’il y ait toujours quelqu’un sur la ligne de but pour le cas où le ballon retomberait « .

Cours d’entraîneur

 » Je n’ai plus 20 ans, je le sens bien, mais je fais désormais des choses que je ne faisais pas avant. Par le passé, je devais toujours aller chercher le ballon à son point le plus haut, avec tous les risques que cela comportait. Et on ne voyait que mes erreurs. Maintenant, je peux dire que je suis plus réfléchi. Je préfère placer un joueur où le ballon va tomber et je me mets derrière lui. Quand on est jeune, on veut tout faire à la perfection et on trouve ça normal. Aujourd’hui, je sais qu’il y a des alternatives, qu’il faut parfois attendre de voir ce qui se passe.

J’ai 37 ans et, jusqu’ici, je n’ai pas à me plaindre. Je viens encore à l’entraînement avec plaisir. J’espère encore tenir un an ou deux, même si cela ne me tracasse pas trop. Ce n’est pas une obligation. Je suis en fin de contrat et je veux m’amuser, me faire plaisir. En décembre, je rencontrerai les dirigeants. Mais le plus important, c’est ce qui se passe maintenant. Je ne considère pas cette saison comme une tournée d’adieux mais je me rends compte que ce pourrait être la dernière. Je veux me concentrer sur le football et ne pas trop m’occuper de l’hôtel de mes parents. J’aurai bien le temps après. Cela en dit suffisamment long au sujet de mes ambitions. J’ai déjà discuté avec Nico de la possibilité de suivre les cours d’entraîneur. Nous avons débuté en mai. C’est bizarre car, avant, je me disais toujours qu’il serait temps d’y penser plus tard. Je n’aimerais pas quitter totalement le monde du football, ni celui de l’hôtellerie. Je suis entre deux chaises. J’aime m’occuper d’autres choses, c’est vrai, mais pas à 100 % et c’est ça que je trouve chouette « .

RAOUL DE GROOTE

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