L’HOMONYME

Il est belge, il joue à Messine et n’a rien à voir avec le célèbre Dikembe Mutombo.

Si TomasVanDenSpiegel disputera le Final Four de l’Euroligue avec la Fortitudo Bologne, les 29 avril et 1er mai à Tel-Aviv, un autre Belge évolue cette saison en Italie. Depuis le 19 décembre 2003, très exactement, date à laquelle PatrickMutombo a débarqué à Messine. Peu connu, car il n’a jamais joué en D1 belge et sort de quatre années aux Etats-Unis, il fait mieux que tirer son épingle du jeu dans une formation italienne en proie à de grosses difficultés, sportives et financières. Il joue 19,4 minutes par match (avec une pointe à 37 minutes) et inscrit 6,8 points de moyenne (avec une pointe à 19 points) tout en captant 1,8 rebond (avec une pointe à 5). Ses assists, en revanche, sont limités : 0,1 par match.

Il figure dans le collimateur de GiovanniBozzi, qui pourrait le convoquer pour le stage de l’équipe nationale en juin, et est très apprécié par MatteoBoniciolli, le nouveau coach italien d’Ostende avec lequel il a travaillé pendant deux mois en Sicile et qui pourrait l’attirer à l’Arena Mister V la saison prochaine.

Ni frère, ni cousin

Le nom de Patrick Mutombo interpelle. Pourtant, il n’a aucun lien de parenté avec DikembeMutombo, le géant congolais qui réalise une belle carrière en NBA.  » J’ai déjà entendu de tout « , rigole-t-il.  » Que j’étais son frère, son neveu, son cousin. Je suis simplement un homonyme « . Et de fait : Patrick Mutombo est liégeois… d’adoption.  » Je suis né au Congo, où j’ai vécu pendant 13 ans. Ma famille a alors émigré en Belgique et j’ai commencé à jouer au basket vers 14 ans, au collège Saint-Louis de Liège, puis en 2e Provinciale. JacquesStas m’a repéré et m’a introduit à Gilly. J’y ai joué une saison, tout en entamant des études de droit. La combinaison des deux s’est révélée catastrophique. Grâce à FredYoung, un bon ami à moi, j’ai obtenu une bourse à la Metro State University de Denver, dans le Colorado. L’équipe jouait en D2 de la NCAA. Lors de ma première saison, nous avons remporté le titre national. Je ne sais pas si je deviendrai un jour le premier Belge à jouer en NBA, mais je suis en tout cas le premier Belge à avoir remporté un titre national aux Etats-Unis. Un titre de D2, certes, mais un titre tout de même. Lors de ma deuxième saison, nous avons perdu en 16e de finale. Lors de ma troisième saison, nous avons de nouveau remporté le titre national et j’ai reçu plusieurs récompenses individuelles. Lors de ma quatrième dernière saison, nous avons de nouveau perdu en 16e de finale. Si l’on se réfère aux statistiques, Metro State devrait donc encore être… champion cette année !  »

Au total, Patrick Mutombo a passé quatre ans aux Etats-Unis.  » C’est réellement là que j’ai été formé. En tant que basketteur, que diplômé et en tant qu’homme. J’ai encore régulièrement mon coach de l’époque, MikeDunlap, au téléphone. Il est devenu comme un deuxième père pour moi. Je n’ai jamais vu un homme aussi intègre et aussi méticuleux que lui. Ses méthodes étaient réputées. Beaucoup d’autres coaches venaient assister aux entraînements afin de s’en inspirer. Il y a même eu, deux années de suite, un coach… anversois dans la tribune. Mon ancien coach invitait souvent des conférenciers, parmi lesquels certains hommes d’affaires millionnaires, et leurs exposés m’ont fort marqué. Certains joueurs, comme MichaelJordan et ShaquilleO’Neal, sont sortis du ventre de leur mère en ayant un talent fou. D’autres, comme moi, ont eu besoin de beaucoup travailler pour réussir dans ce monde très compétitif. C’est ce que j’ai fait. Je me levais tous les jours à quatre heures et demie, pour m’entraîner de six à neuf heures du matin, avant les cours. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt « .

L’anarchie à Messine

Comment Patrick Mutombo a-t-il débarqué à Messine ?  » Après avoir terminé ma saison aux Etats-Unis, en juin 2003, j’ai passé un test aux Denver Nuggets, puis je suis parti faire un camp à Trévise. Là-bas, hélas, je me suis fracturé le poignet en tombant lors du dernier match. J’ai été opéré en Belgique par le Dr Carlier. J’ai été out pendant trois ou quatre mois. Certaines offres me sont parvenues, mais aucune ne m’agréait réellement. Aucune n’émanait de Belgique. En fait, pendant le camp à Trévise, j’avais été approché par EddyCasteels, coach d’Ostende à l’époque, mais j’avais préféré attendre un peu. Ma blessure a tout contrarié. Lorsque j’étais rétabli, j’ai effectué des essais en Grèce, mais à nouveau, manque de chance : je me suis occasionné une grosse entorse à la cheville. Au bout du compte, j’ai eu le choix entre l’Allemagne et la Sicile. J’ai opté pour la Sicile « .

A Messine, il a comme équipier ChrisHaslam, l’ancien pivot britannique de Liège, et il a fait la connaissance de Matteo Boniciolli.  » Le courant est directement passé. C’est un homme orgueilleux et passionné, des caractéristiques que l’on peut également m’attribuer. Il a quitté Messine parce qu’il n’était plus payé. Personnellement, je ne pouvais pas me permettre de tout laisser tomber. C’est ma première expérience comme joueur professionnel et je n’ai pas envie de me retrouver un mois par-ci, un mois par-là. J’ai besoin de stabilité. Pour l’instant, l’argent n’est pas l’essentiel. Je dois d’abord me forger un nom et une réputation. J’ai donc décidé de rester dans le club qui avait bien voulu me faire confiance. Pour la saison prochaine, on verra bien. Je suis encore sous contrat jusqu’au 30 juin 2004 « .

Depuis un mois, la situation du club s’est légèrement améliorée.  » Lorsque j’ai débarqué, c’était l’anarchie totale « , reconnaît Patrick Mutombo.  » Mais aujourd’hui, le club a changé de propriétaire. Désormais, c’est la Province de Messine qui en assure la gestion. On peut enfin se concentrer sur notre travail « .

Jouer dans la Lega A, même au sein d’une équipe qui lutte désespérément pour son maintien, c’est une belle expérience.  » Le niveau du championnat est très relevé. Je rencontre des joueurs dont j’avais entendu parler aux Etats-Unis : des gens qui avaient réalisé une belle carrière universitaire, ou qui ont joué en NBA. Pour un compétiteur, c’est un environnement dans lequel il est intéressant d’évoluer. Et puis, la vie en Sicile n’a rien de désagréable « .

A la lecture des statistiques du championnat d’Italie, on peut deviner que Patrick Mutombo est essentiellement un shooteur.  » Personnellement, je préférerais me définir simplement comme un… basketteur. Si l’on a besoin de moi en défense, je défends. Si l’on a besoin de moi en attaque, j’essaye d’inscrire des points. Je n’aime pas les catégories trop restrictives. Lorsque j’ai commencé à jouer au basket, on affirmait que je ne savais pas shooter. Et aujourd’hui, on voudrait me cataloguer comme un shooteur ? C’est dire à quel point tout est relatif. Au collège, j’ai appris à faire beaucoup de choses. Et je reconnais qu’aujourd’hui, je ne suis pas maladroit aux tirs. Je n’ai, c’est exact également, jamais été un très grand passeur. Mais mes statistiques actuelles sont trompeuses. J’ai été inactif pendant six mois en raison de mes blessures et je n’évolue pas encore à mon meilleur niveau. Je suis convaincu que le meilleur reste à venir « .

Daniel Devos

 » Pendant l’été 2003, j’ai été APPROCHé PAR OSTENDE « 

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