L’homme au 3-4-3

L’entraîneur des promus (qui recevra le Standard en Coupe) est un bon client pour la presse. La langue de bois, il ne connaît pas.

H ein Van Haezebrouck a déjà séduit son auditoire. Sa bonhomie naturelle et sa rondeur sympathique apportent une note de fraîcheur à la D1. Sans oublier le jeu sans complexes et les résultats des surprenants promus courtraisiens.

Courtrai séduit par son jeu alors que vous n’avez pas transféré beaucoup de joueurs…

Hein Van Haezebrouck : Moi, je voulais garder le groupe de l’année passée. On terminerait sans problème en milieu de classement. Il aurait juste suffi d’élargir le noyau avec trois ou quatre éléments. Mais on a perdu deux attaquants importants, Ernest Nfor et Cédric Bétrémieux, et notre meneur de jeu, Vincent Provoost.

Et vous nous dites en plus que Courtrai était plus fort l’année dernière…

Oui. On a perdu de la qualité. On en a retrouvé, aussi, mais cela prend du temps de reformer un groupe. L’année passée, j’avais une équipe qui se connaissait parfaitement, qui était soudée. Surtout en Coupe de Belgique.

Vous parlez comme si Courtrai avait raté son départ…

Je suis convaincu de mon groupe mais je crois qu’on peut encore mieux jouer. Et il va falloir le faire car, sinon, on va éprouver des difficultés à se maintenir malgré notre bon départ. On se cherche encore à quelques positions. Avec notre attaque de l’année passée, on avait davantage d’options au niveau de l’infiltration et de la finition. La solidité est déjà là mais on a besoin encore de temps pour obtenir un meilleur rendement. S’il est dommage de ne plus prendre de points pendant cinq ou six matches, on doit garder à l’esprit que c’est une possibilité.

En attendant, Courtrai prend des points avec un système original. Le 3-4-3 n’est-il pas un système trop dangereux pour un promu ?

Non. Pour moi, c’est un système qui a tout. Tant offensivement que défensivement. A Lauwe, j’étais un adepte du 4-3-3 pas à Courtrai où je dispose de joueurs plus offensifs n’ayant pas le volume pour aller d’un rectangle à l’autre. Donc, il me faut un système où l’attaquant n’est pas obligé de redescendre trop bas pour qu’il garde de la fraîcheur. Je n’ai pas une équipe physiquement résistante et endurante. Si chaque semaine on joue sur un terrain boueux, on aura des problèmes.

Pour vous battre, il suffit donc d’arroser le terrain ?

Non, non. Mais les terrains très lourds, très gras comme le nôtre nous désavantagent. Dans les divisions inférieures, on aurait éprouvé des difficultés avec cette équipe.

Il suffit donc de vous imposer un combat athlétique ?

Non, car on sait aller au duel. Derrière, j’ai de la taille et de la force. Les problèmes viendront des circonstances atmosphériques. Mais si notre jeu s’améliore, c’est surtout l’adversaire qui devra s’adapter à notre terrain et courir beaucoup.

 » A part le Barça, qui d’autre joue comme nous ? »

Est-ce que le Courtrai de D1 ressemble à celui de D2 ?

Sur le plan offensif, on n’est pas encore au niveau. Je ne vois pas encore des actions fluides et le jeu vers l’avant ne va pas assez vite. De plus, on commet plus de fautes individuelles que l’année passée. Et cela n’a rien à voir avec la différence entre D2 et D1. Ces fautes sont évitables.

Vous insistez beaucoup sur les défauts de vos adversaires…

… et surtout sur les qualités de mes joueurs. Je pars du principe qu’en mettant le doigt sur les qualités de mes éléments, ceux-ci iront au-delà de leurs limites. C’est un peu comme à la guerre : on sort davantage d’un soldat si on le met en confiance que si on lui dit tous les jours qu’il risque sa vie. Si chaque semaine, j’insistais sur les qualités de nos adversaires, on débuterait le match avec un mental inférieur.

Vous ne parlez jamais des qualités de vos adversaires ?

Si, un peu. Mes théories sont construites à 75 % sur nos qualités. Il reste 25 % pour parler de l’autre équipe. L’année passée, je n’en parlais même pas car j’estimais qu’on était supérieur à n’importe quel autre adversaire. Maintenant, c’est un peu différent. Par exemple, quand tu joues contre Mons et que tu ne mets pas en garde contre Mohamed Dahmane, tu vas droit dans le mur. Mais je reste persuadé que si tu parles trop de l’adversaire, tu paralyses tes joueurs.

On vous connaît surtout pour avoir embauché Istvan Bakx sur internet. C’est vrai cette histoire ?

Je confirme mais j’aimerais qu’on arrête avec cette histoire car notre attaquant est toujours confronté avec cette étiquette d’ attaquant Google. C’est peut-être un hasard si Courtrai l’a trouvé mais ce n’est pas un hasard s’il est en D1.

De quels entraîneurs vous inspirez-vous ?

De personne. Je suis un self made man. Par exemple, avant d’opter pour le 3-4-3, je ne l’avais vu nulle part. Et depuis lors, je ne l’ai vu qu’à Barcelone. Et quand je m’en suis rendu compte, je me suis demandé quand Pep Guardiola était venu visionner Courtrai ( il rit).

Quelle est votre approche auprès des joueurs ?

Je suis un instituteur de formation et j’ai toujours eu un bon feeling avec les jeunes. J’ai toujours possédé cette qualité de leadership. J’étais celui qui prenait ses responsabilités, qui organisait les choses. Récemment, j’ai parlé avec un psychologue et je lui ai expliqué ma façon de travailler. Il avait l’air très étonné positivement. L’année dernière, Nfor n’était pas ouvert au groupe. Il n’était venu à Courtrai que pour montrer ses qualités avant de repartir à Gand. La mayonnaise n’a pas pris et le groupe l’a rejeté. En octobre, il était au plus bas. Moi, je l’ai laissé tomber complètement jusqu’à ce qu’il atteigne le sol. Il est alors venu me trouver pour dire qu’il voulait retourner à Gand. Je lui ai dit qu’il était le seul responsable de sa situation et qu’il devait pouvoir jouer en fonction de l’équipe. C’était à lui à s’adapter et à s’ouvrir au groupe. Après trois semaines, il avait compris. Il a explosé et est devenu le grand chouchou du public.

par stéphane vande velde- photos: vermeersch

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire