L’heure de la reconnaissance

Après un passage éclair à Southampton en 2004-05, le gaucher veut saisir la nouvelle chance qui s’offre à lui aux Iles.

Deux centres complètement dévissés, le seul but adverse confectionné sur son aile, du déchet à tire-larigot dans son jeu : Jelle Van Damme est passé à côté de son match contre la Bulgarie, mercredi dernier. Et il en convenait :  » L’après-championnat, marqué à la fois par les diverses célébrations du titre et les tractations avec Wolverhampton, ne plaidaient pas en faveur d’une bonne performance de ma part. Mais je me rachèterai.  »

Titularisé à l’arrière-aile, sa place de prédilection, le gaucher mine de rien revient de loin. L’époque n’est pas lointaine où René Vandereycken décidait encore de faire l’impasse sur lui pour un match en Turquie. Prié de s’asseoir en tribune ce fameux soir du 10 septembre 2008, l’intéressé avait alors songé à mettre sa carrière chez les Diables en veilleuse. Ses dirigeants de club l’en avaient alors dissuadé, persuadés que son heure finirait bien par sonner. A l’image de ce qui s’était passé chez eux, auparavant…

Il n’est pas inutile de rappeler que l’acquisition du Flandrien, durant l’été 2006, avait été entourée d’un grand point d’interrogation. Non sans raison : il sortait de plusieurs expériences mitigées à l’étranger. A l’Ajax d’abord, où il n’avait fait que 18 apparitions en Première entre 2002 et ’04. A Southampton ensuite, où ses états de service s’étaient bornés à six présences en équipe-fanion en 2004-05. Et, enfin, au Werder Brême, où il n’avait disputé que huit matches la saison suivante. Un bilan plutôt tristounet, qui fit dire à Philippe Collin, secrétaire-général d’Anderlecht, qu’à l’instar de Cristian Leiva, Van Damme était un transfert à risques.

Au cours de sa campagne initiale au Parc Astrid, en 2006-07, il n’avait d’ailleurs pas défrayé la chronique : 24 matches et pas le moindre but. Plus des railleries du difficile public anderlechtois de temps à autre… Comme quand il était passé complètement à côté de son match face à Genk. La seule satisfaction, cette année-là, aura été son nombre de matches : autant, quasiment, qu’en l’espace de toutes ses aventures hors-frontières. Et surtout son absence de blessures. Aux chevilles, principalement, ce qui lui avait valu de passer à deux reprises sur le billard à Southampton.

Décisif lors des play-offs

En 2007-08, l’ex-Lokerenois poursuivit avec 29 rencontres et quatre buts. L’année dernière : trois réalisations et autant de passes décisives. Preuve de son importance : le Sporting pâtit de son absence. Pour l’exercice 2008-09, pas moins de dix unités furent perdues sans son concours. De quoi faire de lui, au plan du rendement, le troisième élément le plus précieux derrière Mbark Boussoufa (qui avait rapporté 26 points) et Tom De Sutter (16).

Pendant la saison du 30e titre, Van Damme aura fait mieux encore avec 7 buts et 5 assists, agrémentés d’un autre goal encore à Sivasspor lors du deuxième tour préliminaire de la Ligue des Champions. Ce qui ne gâte rien : 5 de ces 7 buts et 2 assists furent paraphés durant les play-offs, période cruciale de la saison.

Au total, Van Damme aura disputé 2.888 minutes sur les 3.380 possibles (7e derrière Roland Juhasz (3.380), Silvio Proto (3.240), Olivier Deschacht (3.222), Guillaume Gillet (3.194), Boussoufa (3.055) et Lucas Biglia (2.964).

Ce ne sont toutefois pas les blessures qui expliquent cette différence mais les matches de suspension car le plus polyvalent des Anderlechtois (il a joué tour à tour au back, en défense centrale et au milieu) a écopé de 13 cartes jaunes, soit le tiers de la récolte des Mauves cette saison !

Influent sur le terrain, Van Damme l’aura été dans le vestiaire aussi. A l’heure des bilans, le président Roger Vanden Stock avait fait de lui l’un de ses deux coups de c£ur de la saison (avec Davy Schollen) pour sa faculté à mobiliser tout le monde et son esprit conquérant.  » Il avait déjà été fantastique l’année passée et a été absolument sensationnel cette saison « , s’était exclamé le big boss qui, dans la foulée, avait laissé entendre qu’il allait mettre tout en £uvre pour conserver un joueur aussi précieux. Mais Van Damme en aura décidé autrement, entre-temps, en signant un accord de quatre ans à Wolverhampton.

Attiré par l’argent

Etonnant ? Oui et non, en ce sens qu’il n’a jamais fait mystère de son intention de rejouer un jour en Angleterre, après avoir tâté déjà de la Premier League en 2004-05 à Southampton.  » J’ai joué de malchance à l’époque en raison de mes problèmes à la cheville « , insiste-t-il.  » Je me suis toujours juré que j’aurais ma revanche un jour. Et elle s’est présentée maintenant avec Wolverhampton. Le décalage est peut-être grand entre cette équipe qui a terminé 15e et le Sporting, 1er. Mais j’avais le sentiment d’avoir tout vécu avec ce club : la victoire en Coupe, le titre, la Ligue des Champions. En Angleterre, j’aurai encore des tas de choses à découvrir. Et j’y tiens vraiment. A l’occasion de mon séjour à Southampton, je n’ai pas réalisé ce qui m’arrivait. J’avais 20 ans à peine et je n’étais pas des plus sérieux. A présent, je compte quand même une demi-douzaine d’années de plus et des responsabilités en tant que père de famille. Le contexte est différent.  »

L’argent et la reconnaissance ont joué un rôle aussi dans sa décision… Tout était à refaire pour lui lors de son arrivée au Parc Astrid en 2006 et il avait alors dû se contenter d’un salaire de 600.000 euros bruts. Il y a un an, on se souviendra que Van Damme avait déjà été tenté par une offre du Standard, qui lui proposait un contrat excédant le million. Quelques mois plus tôt, il avait déjà prêté une oreille attentive aux Russes de Rubin Kazan, qui lui offraient un pont d’or aussi. Comment résister dans ces conditions, au 1,7 million des Wolves ?

 » Difficile de rester de marbre « , reconnaît-il.  » C’est le genre d’opportunité qu’on ne peut pas refuser. Mais ce qui a joué aussi, c’est le discours de l’entraîneur. Mick Mc Carthy me voulait à tout prix. Son homme de confiance, Ian Evans, qui s’occupe du scouting, lui avait remis plusieurs rapports positifs remontant à l’époque où il était venu visionner Adlène Guédioura et Geoffrey Mujangi Bia à Charleroi. Je lui avais tapé dans l’£il et c’est de cette manière que le rapprochement s’était effectué. Les Wolves veulent mettre tout en £uvre pour ne plus faire de la corde raide la saison prochaine. Ils désirent encore engager un bon médian et un attaquant. Il y a donc des perspectives là-bas, même si le club ne fait pas partie du gratin.  »

Scouté dans trois registres

A près de 27 ans, vu ses puissance et gabarit, Van Damme paraît évidemment taillé sur mesure pour le championnat anglais. L’ancien keeper Nico Vaesen, qui travaille pour le bureau de management Star Factory, et qui est à la base du passage du joueur en Angleterre, en est convaincu :  » J’ai joué 4 années en Premier League, à Birmingham City et s’il y a un joueur, actif en Belgique ces derniers mois, qui est susceptible de faire son trou en Angleterre, c’est Jelle. Hormis ses arguments physiques, il a sa polyvalence. Les différents émissaires des Wolves, venus s’enquérir de ses qualités, l’ont scruté dans trois registres : Evans au back, Dave Bowman comme stoppeur et Mc Carthy en tant que demi. Chaque fois, le rapport était élogieux. De plus, le joueur est gaucher, ce qui constitue encore un atout supplémentaire. Van Damme percera. Compte tenu de son âge, il n’est d’ailleurs pas impossible que les Wolves lui servent de tremplin. « l

Comment résister ? Il passe de 600.000 euros annuels bruts à 1,7 million.

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