L’héritier de Maldini

Le défenseur brésilien a été le principal artisan du titre de Milan.

Lorsqu’ils ont appris mi-mai que Thiago Silva (26 ans) avait prolongé jusqu’en 2016, les supporters de Milan ont bondi de joie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le joueur le plus constant à un haut niveau du nouveau champion c’est bien le défenseur central. Sans doute le meilleur à son poste dans le Calcio. Et le Brésilien de Rio aurait été encore plus déterminant si, en décembre, il ne s’était occasionné une lésion au ménisque médial du genou droit.

Quand il débarque à Milan en décembre 2008, Thiago Emiliano Da Silva est présenté comme le remplaçant de Paolo Maldini. Ses équipiers confirment qu’à l’entraînement il est époustouflant et que ce n’est pas un hasard si Dunga l’a appelé en équipe nationale le 28 juillet 2008 pour un match contre Singapour. Comme Milan a versé 10 millions à Fluminense pour un joueur qu’il ne pourra pas aligner avant la saison suivante, il faut faire sa promo. Surtout que sur le net circulent deux vidéos négatives. La première a pour cadre un derby contre Flamengo où après avoir dépossédé du ballon son attaquant, Thiago Silva loupe son dégagement ce qui permet à l’adversaire de marquer en contre : il n’a pas assez de ses mains pour se voiler la face. Le second : alors qu’un adversaire exclu ne veut pas sortir, il se précipite vers lui et le tire par le maillot hors du terrain comme un fou.

Deux expériences à l’étranger sans jouer

Le peuple rossonero est d’autant plus sceptique qu’après avoir fait ses classes à RS Futbol en 2003 et à la Juventude dès 2004, Thiago Silva n’a pas vraiment brillé à partir de janvier 2005 à Porto, qui le prête au Dinamo Moscou dès juillet sans l’avoir aligné une seule fois. L’expérience russe n’a pas été plus convaincante et il rentre au pays en 2006, disputant trois saisons réussies avec Fluminense.

Néanmoins, en janvier 2010, après six mois de Serie A, le Brésilien a déjà démontré qu’il est en mesure de remplacer l’ex-capitaine Maldini. L’assise défensive n’est pas le principal atout de Milan, qui peine à produire un jeu construit, mais Thiago Silva n’est pas pointé du doigt. Et même si en novembre 2009, il a permis à Rome d’ouvrir la marque après deux minutes de jeu en remettant un ballon trop court à son gardien. Une erreur pardonnée d’autant plus facilement que Milan s’est imposé 2-1.

Contrairement à ses équipiers trentenaires, le Carioca n’hésite pas à prendre ses responsabilités. Sa seule faute a été de prétendre que son idole était CarlosGamarra, un ex-défenseur qui a joué (un peu) sous le maillot… de l’Inter de 2002 à 2005. Un incident diplomatique rapidement corrigé : en fait, il n’avait jamais vu Gamarra jouer avec l’ennemi nerazzurro mais il l’a admiré avec le Paraguay au Mondial 1998. Ouf.

Thiago Silva (1m83, 79kg) n’a pas besoin de balancer l’adversaire pour se faire respecter. Il n’est qu’à 75 % de ses capacités. Mais quand il a à ses côtés l’expérimenté Alessandro Nesta, il prend même une dimension supérieure au point qu’on se demande s’il ne serait pas plus utile comme milieu que comme arrière central. Mais à part l’une ou l’autre apparition devant la défense de l’AC, c’est surtout au sein de celle-ci qu’il s’éclate un peu plus à chaque match.

Il a failli mourir de la tuberculose en 2005

Depuis, Thiago Silva a toujours été retenu avec la Seleçao y compris pour le Mondial 2010. Et le nouveau sélectionneur Mano Menezes a fait appel à lui pour la prochaine Copa America. Mais s’il aime tant la vie, c’est parce qu’il n’a pas oublié qu’il y a six ans il a failli mourir de la tuberculose. Cette mésaventure lui est arrivée à Moscou où il se trouvait en prêt au Dinamo. Alors qu’un des symptômes de la tuberculose est le manque d’appétit et la perte de poids, Thiago Silva accuse un surpoids de dix kilos. Bizarre ! À l’hôpital, on le place en quarantaine vu que la maladie est contagieuse. Un isolement dans une pièce avec une télé en russe et comme seule occupation la Playstation. Des journées interminables sans visites mise à part celle des médecins qui lui ont expliqué que cela faisait six mois qu’il couvait la maladie et que s’il avait attendu deux semaines de plus, le traitement n’aurait plus été possible.

Si Thiago Silva est heureux sur un terrain, il se dit épanoui en dehors grâce à Isabele, qui était restée au pays pour étudier. Elle a même pris des cours d’italien car, avant Milan, l’Inter a approché son compagnon. Depuis, ils sont mariés et ont un fils prénommé Isago, soit la première partie du prénom de la mère et la seconde de celui du père.

Bien qu’il soit né le 22 juin 1984 à Santa Cruz, un quartier pauvre de Rio, Thiago Silva n’a pas eu une existence pourrie, notamment parce que son père travaillait à la société nationale d’électricité. Et il a échappé à la drogue parce qu’à 12 ans, il partage son temps entre l’école et Fluminense, aux prix de longs déplacements car le centre d’entraînement est loin de chez lui, tant Rio est tentaculaire. Plus tard, lors d’un test à Flamengo, première déception. Après deux entraînements, il est renvoyé  » parce qu’il n’est pas plus fort que les garçons qui sont déjà là « . Il n’a plus envie de jouer mais lorsque sa maman lui rétorque que, dans ce cas, il ira travailler avec son frère aîné, il change directement d’avis. Pas question de devenir chauffeur d’une camionnette-taxi. Non, Thiago Silva ne se voit décidément pas dans la peau d’un contrôleur, déchirant les tickets de voyage pendant que son frère conduit.

PAR NICOLAS RIBAUDO – PHOTO: REPORTERS

Il ne se voyait pas dans la peau d’un contrôleur, déchirant les tickets de voyage.

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