L’Euro sans nous…

Et c’est bien fait pour nous, il a démarré samedi et nous n’avons jamais autant mérité une non-participation : si besoin en était, nous l’avons encore prouvé le 30 mai dernier à Florence, en faisant étalage de notre inanité face à la Squadra ! Etalage paradoxalement dans la plus stricte intimité, tant il fut peu question de ce match (contre les champions du monde !). Pas de retransmission/télé francophone, ensuite peu d’états d’âme dans la presse : comme si notre vacuité avait été prévisible et décrétée a priori sans intérêt, comme si s’installait l’indifférence aux Diables… Face à l’Italie, gros poisson motivé à domicile par son seul match préparatoire, la Belgique fut une ablette démobilisée. Tristesse sur toute la ligne, à part l’activité de Gaby Mudingayi. Faudrait que je revoie le match, quoique le courage m’en manque, pour être certain que Timmy Simons et Steven Defour ont joué. J’ai par contre aperçu Marouane Fellaini, mais bizarrement vu que son coach lui avait demandé, en possession de balle, l’inverse de ce qu’il fait si bien pour le Standard : fallait qu’il soit devant le ballon dans 75 % des cas plutôt que dans 25 %, il était quasi troisième attaquant ! Pas de panique, c’était sûrement un test vandereyckien vérificatif : le coach a désormais noté dans son journal intime que Marouane, pour être bon, ne doit s’amener que DE TEMPS EN TEMPS en zone de conclusion !

J’ai aussi vu Vincent Kompany. Plus exactement j’ai vu sa bévue, nom de Dieu, voilà qu’il reprend le rôle de Bundesgaffeur lorsque l’autre est absent, comme s’il était incompatible pour un défenseur dit technique d’allier la facilité déconcertante à la rigueur implacable. SVP, quelqu’un pourrait-il refiler à Vincent pour information et pour la patrie, sur VHS ou DVD, l’intégrale de l’£uvre de Franco Baresi ? Et j’ai vu qu’enfin Sébastien Pocognoli avait décroché une sélection, pourquoi pas, autant lui que pas mal des 48 précédents : VDE continue de décerner des premières capes comme des su-sucres pour chienchiens,… faites vos jeux, qui aura été le 50e aligné du maîmaître lors de notre défaite en Allemagne le 20 août prochain ? Enfin Olivier Deschacht ? Déjà Réginal Goreux ? Vaut mieux parier là-dessus que sur une victoire…

Bon. Rideau sur ce réchauffé. L’Euro aura débuté quand vous lirez ces lignes, je viens de lire les 16 x 23 noms, il y en a des marrants comme des fleurs inconnues : un gamin de Bâle dénommé Derdiyok, un portier autrichien qui a nom Macho, un Polonais appelé Gargula, un Suédois nommé Majstorovic… si seulement l’Euro pouvait nous refiler UNE révélation ! Mais ne me demandez pas de pronostic, les quatre caïds peuvent gagner et les trois-quarts des autres aussi, allez voir chez les Grecs de 2004 si vous ne me croyez pas. Il est vrai que cela paraît ardu pour les Autrichiens dont les 23 noms constituent quand même, à l’aune révélatrice de la Champions League, un fameux conglomérat d’anonymes… et pour les Grecs parce que les miracles n’ont lieu qu’une fois ! Mais tous les autres ont leur petite chance dans un tournoi qui, à la différence du Mondial, échappe régulièrement aux cinq grands du continent (7 victoires seulement en 12 éditions). Un tournoi à échelle plus humaine que le Mondial pour le téléspectateur : 16 participants et 31 matches en 3 semaines, c’est gérable sans te mettre à dos la femme, le boulot, les heures de repas et les heures de sommeil ! Tu ne boucles pas les poules complètement flagada et sans plus pouvoir voir un footballeur en peinture, au contraire, tu es requinqué car ce sont déjà les quarts-de-finale et le bout du tunnel…

Tunnel ? Ouais, tunnel quand même vu qu’à certains matches, tu broieras du noir plus noir que le fondement d’un ramoneur dans l’exercice de ses fonctions : parce qu’on parlera de problèmes d’arbitrage comme s’il s’agissait d’un fait incongru et nouveau alors qu’on y est abonné ; parce que les caméras montreront à foison des viscosités non sifflées ; parce que tu t’en voudras de rester vautré face à des échanges de baballe sans spectacle ni danger, fusillant de deux yeux haineux le 0-0 minable en haut à gauche de ton écran/télé pourri… Mais tu resteras vautré, c’est ça l’amour. De l’ennui, des fulgurances. C’est con, c’est éternel.

par bernard jeunejean

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