L’étoile du Sheriff

C’est en Moldavie que Genk a découvert le défenseur brésilien appelé à succéder à Joao Carlos.

Vu de loin, il a des allures de JoaoCarlos : un défenseur central brésilien très technique, qui n’hésite pas à dribbler l’attaquant adverse. Dégager dans la tribune, ce n’est pas son genre. Un jeu à risque qui parfois lui vaut des tours : il lui arrive de perdre le ballon dans la zone fatale. Qu’il y ait une certaine ressemblance entre les deux joueurs n’est pas étonnant, car c’est pour remplacer Joao Carlos, parti à Anzhi Makhachkala, que JoséFerreira  » Nadson  » a été engagé à 23 h 55, le dernier jour du mercato hivernal de 2010. D’abord sur une base de six mois avec option… qui a été levée cet été.

Pourtant, la saison dernière, c’est surtout en milieu de terrain que Nadson a été aligné par FrankieVercauteren. L’ancien mentor du stade Fenix, désormais parti à Abu Dhabi, avait trouvé en EricMatoukou et TorbenJoneleit une paire complémentaire. Mais le départ du premier et la blessure du second ont conduit Nadson à son poste de prédilection. Désormais, c’est avec JeroenSimaeys qu’il forme la paire d’arrières centraux. En attendant, sans doute, que MomoSarr et AbelLuisMasuero, récemment engagés, soient jugés aptes par MarioBeen.

 » Cela fonctionne assez bien entre nous « , témoigne Simaeys.  » Contre Valence, on est parvenu à garder le zéro. Et notre entente s’améliorera encore au fur et à mesure qu’on jouera des matches ensemble. Nadson est techniquement affûté, mais c’est aussi un solide gaillard. J’essaie de le guider du mieux que je peux. Je lui parle beaucoup, mais communiquer n’est pas évident, car il ne s’exprime qu’en portugais. J’utilise les quelques mots d’anglais qu’il est capable de comprendre. « 

Pas séduit du premier coup

Nadson constitue la preuve vivante que les clubs belges doivent témoigner de plus en plus d’imagination pour découvrir des joueurs. Car c’est en… Moldavie, au Sheriff Tiraspol où il jouait depuis 2005, que Genk a été chercher ce Brésilien de 1m90.

 » Je l’ai vu quatre fois à l’£uvre en compétition européenne et PierreDenier l’a également observé « , expliquait à l’époque le scout RolandJanssen, ancien joueur de Waterschei.  » Au total, nous avions une quinzaine de rapports, émanant de diverses personnes. C’est un défenseur sobre et gaucher, pas un grand communicateur. C’est ballon au pied qu’il s’exprime le mieux.  »

 » Je ne l’ai vu personnellement qu’une seule fois à l’£uvre « , précise Denier.  » C’était lors d’un match au Dynamo Kiev. Je me souviens qu’il faisait très froid et que Nadson ne m’avait pas directement impressionné. Il avait livré une prestation très quelconque. Mais d’autres rapports de scouting étaient très positifs et on a finalement décidé de le prendre. En fait, on suivait deux joueurs du Sheriff Tiraspol, mais VladimirVolkov est finalement parti au Partizan Belgrade. On l’a retrouvé au premier tour préliminaire de la Ligue des Champions, cet été. Nadson est capable de jouer des deux pieds, reste très calme… parfois trop calme car il n’hésite effectivement pas à dribbler son adversaire direct devant notre but. Il devrait davantage rechercher la longue passe en profondeur, même au sol, car il en est capable. C’est une méthode qu’on essaie de lui enseigner. Il dispose encore d’une belle marge de progression et est avide d’apprendre, c’est un garçon très à l’écoute. Et très critique envers lui-même. Après le match au Cercle de Bruges, il s’en voulait énormément : -C’est ma faute si on a perdu, a-t-il avoué. Il n’a pas tardé à se reprendre : contre le Maccabi Haïfa, il a été très bon. Contre Valence, on craignait un peu sa lenteur face aux rapides attaquants espagnols, mais il s’en est bien sorti. Ce qui lui manque par rapport à Joao Carlos, c’est de coacher ses partenaires. La barrière de la langue…  »

Jouer contre nature en Moldavie

Nadson est né le 18 octobre 1984 dans la petite ville d’Ubaitaba, dans la province de Bahia. Dans son pays, il a joué à la Portuguesa et au Nacional avant de partir en Moldavie il y a six ans. Ses débuts à Genk, la saison dernière, ont été perturbés par des problèmes familiaux. Sa copine n’avait pas voulu l’accompagner en Moldavie et il croyait que la Belgique la tenterait davantage, mais ce n’est pas le cas et son fils d’un an, resté au Brésil, lui manque énormément.

 » Pour oublier ces moments pénibles, je me réfugie dans le football, mais c’est parfois très dur malgré tout « , reconnaît-il. Sportivement, le fait d’avoir retrouvé son poste de prédilection, en défense centrale, l’a apaisé :  » Je ne vais pas le cacher : devoir jouer en milieu de terrain ne m’arrangeait pas. Je l’ai fait parce que l’entraîneur me l’avait demandé. Mais je suis un défenseur de nature. « 

Il commence aussi à se sentir plus à l’aise dans son nouvel environnement.  » Ce passage en Belgique constitue tout de même une progression dans ma carrière. Je joue davantage de matches importants. En Moldavie, le Sheriff était le seul club d’un certain standing. En championnat, le jeu était surtout physique : il fallait se battre, aller au charbon. A l’opposé du jeu que les Brésiliens affectionnent. En préparation, on s’entraînait parfois jusqu’à quatre fois par jour. Lorsque je racontais cela au Brésil, on ne me croyait pas. Et puis, la vie en Belgique est tout de même plus confortable : en Moldavie, c’était la peur, la misère et la tristesse qui prédominaient. « 

PAR DANIEL DEVOS – PHOTO: REPORTERS

 » La vie ici est confortable: en Moldavie, c’était la peur, la misère et la tristesse. « 

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