L’ÉTÉ SERA CHARGÉ

Reprise du club, mercato animé, recherche d’un entraîneur, les dossiers ne manquent pas à Sclessin.

Certains parlent déjà de l’été de tous les dangers. Pourtant, ce sera un été normal. Du moins aux normes Duchâtelet. Car depuis que l’homme d’affaires limbourgeois a repris le Standard en 2011, pas un été ne s’est déroulé dans la sérénité. Et 2015 ne devrait pas déroger à la règle entre les rumeurs de vente (et l’incertitude que ça peut engendrer dans les hautes sphères du club), la recherche d’un nouvel entraîneur et un noyau que tous les piliers veulent quitter. Outre les placardisés Eiji Kawashima ou Ron Stam, sont annoncés partants Jelle Van Damme, Mehdi Carcela, Geoffrey Mujangi Bia, Imoh Ezekiel et Igor de Camargo. Même Julien de Sart a manifesté ses états d’âme. Vous ajoutez ceux dont on ne veut plus vraiment (Yuji Ono, Jeff Louis ou Ricardo Faty) et vous obtenez un noyau qui se résume à une peau de chagrin.

L’entraîneur, le dossier prioritaire

Mardi, deux jours après l’élimination européenne, le site du Standard a mis en ligne une vidéo du conseiller sportif, Axel Lawarée, qui fait le bilan des derniers mois et se projette (très peu) dans l’avenir. Il peut souffler après avoir décroché le minimum minimorum pour le Standard : une qualification européenne. Mais il rappelle, à juste titre, qu’en octobre, on en était bien loin et que mine de rien, le Standard a retrouvé, au fil du temps, de la sérénité et son football. Pas faux même si au bout du compte, l’expérience José Riga laisse un goût amer en bouche, personne (surtout pas les supporters) n’y ayant vraiment cru. Le principal intéressé a eu l’intelligence de s’en rendre compte, décidant finalement d’arrêter les frais avant sans doute qu’on lui signifie la fin d’une collaboration qui ressemble pour beaucoup à un échec.

En matière de communication, Lawarée s’en tient donc au minimum. Lorsque nous le lui faisons remarquer, il s’en défend.  » Je ne suis pas d’accord, José n’est pas un semi-échec. Il y avait une nécessité de corriger certaines choses. Le niveau de jeu fut plus que positif et au niveau des résultats, il n’a pas manqué grand-chose.  » Mais pourtant, on a senti tout au long de ces play-offs que Riga n’avait plus la confiance de ses employeurs qui lui reprochent d’être trop sujet au stress (inhérent à un club comme le Standard) et pas assez strict au sein de son vestiaire.

Comme Riga constituait le choix du duo Axel Lawarée-BrunoVenanzi, le président risquait de reprendre la main pour le prochain entraîneur. Pourtant, le duo a toujours son mot à dire et tente d’influencer Duchâtelet afin de ne pas reproduire les erreurs de casting du style Ron Jans ou Guy Luzon. Lawarée a insisté notamment sur l’importance du français comme langue véhiculaire. C’est une façon très claire de dire qu’il n’est plus question d’avoir un entraîneur comme Luzon, peu désireux d’apprendre la langue à tel point que, même un an après son arrivée, il ne parlait toujours pas français.

La direction veut également que l’entraîneur soit choisi avant la reprise des entraînements.  » Plus ça durera, plus on reparlera d’instabilité, ce que nous voulons absolument éviter « , nous dit Lawarée. Par contre, le CV du futur coach importe peu. Il ne sera pas jugé sur le nombre de titres remportés mais sur son discours, les dirigeants ayant été charmés par ce qui se fait dans d’autres clubs du pays avec Besnik Hasi, Hein Vanhaezebrouck ou Aleksandar Jankovic. Si les deux premiers sont hors d’atteinte, le troisième a ses partisans du côté de Sclessin. Le président Duchâtelet qui l’avait déjà contacté en janvier a de nouveau sondé l’entraîneur de Malines. Au grand dam de la direction malinoise…

Evacuer les gros contrats

Sclessin doit également s’attendre à une grande lessive dans le noyau. Les gros contrats sont ciblés et le Standard étudiera toutes les offres les concernant même si, selon Lawarée,  » c’est peu probable qu’ils partent tous car on recherche une stabilité dans l’équipe.  » Les 5 plus gros contrats (Van Damme, De Camargo, Carcela, Bia et Ezekiel) sont donc à vendre. Cependant pas question de dire que l’on veut l’économie d’un gros salaire.  » Ce n’est pas tant le fait que ce soit des gros contrats qui nous poussent à écouter les offres que le fait qu’ils n’ont plus qu’un an de contrat « , dit Lawarée.

Si Van Damme, Carcela, De Camargo sont bien en fin de contrat en 2016, ce n’est pas le cas de Bia, encore sous contrat jusqu’en 2018. Mais lui aussi peut s’en aller.  » Nous avons un accord verbal avec le Standard pour qu’il puisse partir « , reconnaît son agent, Fouad Ben Kouider.  » En janvier, on a voulu le forcer à accepter une offre et on l’a écrasé quand il a refusé de partir. Il n’est pas rancunier mais cela pèse quand même dans la balance. Ce qui va guider son choix, c’est le challenge sportif. C’est la même raison qui l’avait poussé à refuser l’offre qui émanait de Turquie. Il n’en voyait pas l’intérêt.  »

Le Standard s’attend à récupérer entre 2 et 3 millions d’euros sur ce joueur. Malgré une année pleine, Bia a peiné à convaincre les supporters mais ce n’est pas ce désamour qui le pousse au départ. Depuis quelques mois, sur les conseils de son nouvel agent, Bia avait rétabli quelque peu la communication avec les supporters et tout s’était normalisé entre les deux camps.

Avec 50.000 euros par mois, Bia est bien loin derrière les salaires de Van Damme, De Camargo et Carcela. C’est d’ailleurs bien le montant de leurs émoluments qui risque de poser problème aux deux trentenaires que sont De Camargo et Van Damme. Aucun club belge autre qu’Anderlecht et le Club Bruges ne peut s’aligner sur ce que touche Van Damme au Standard. Soit un club casse son budget (ce n’est pas pour rien que l’on cite l’Ostende du milliardaire Marc Coucke comme port d’attache), soit le joueur accepte de revoir fortement son salaire à la baisse. Il n’aura sans doute pas le choix s’il désire quitter le Standard, d’autant plus qu’il reste sur une saison médiocre. Quant à De Camargo, il ne pourra trouver son salut que dans un club étranger, s’il veut garder le même salaire.

Amener des jeunes en Première

Reste le cas Carcela. C’est le plus demandé et le plus talentueux. Son salaire ne posera pas de problème, vu son âge (bientôt 26 ans). Mais le Standard s’attend à récupérer une partie de son investissement et risque de se montrer bien plus gourmand que pour les autres joueurs.

Enfin, le dossier Ezequiel reste compliqué. Et l’arrivée dans le jeu de quilles de Mogi Bayat, blacklisté par le Standard, ne va pas le simplifier.  » A partir du moment où tu ne maîtrises rien, c’est un dossier compliqué mais ce n’est pas une personne en plus ou en moins qui va changer la donne « , nuance cependant Lawarée.

Autre pierre d’achoppement : la valorisation de l’Académie. Notre article de la semaine passée sur la fuite des talents n’a pas laissé indifférent.  » Je dois gérer 255 personnes et chaque famille a ses revendications « , explique Christophe Dessy.  » Et je ne peux pas toutes les accepter ! Dans certains dossiers, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire de plus.  » Dessy ne nie cependant pas que le Standard refuse de faire trop d’efforts financiers sur ses jeunes.  » Nous ne sommes pas un puits sans fond. On estime que dans l’éducation que nous prônons, il y a d’autres valeurs que l’argent.  »

Enfin, Dessy tient à défendre son bilan.  » Le bilan du travail au Centre de Formation tant sur le plan sportif que scolaire n’a jamais été aussi bon depuis sa création : cette saison, 3 équipes finissent à la 1re place (U13, U14 et U19), deux à la 2e place (U16 et U17) et nos U15 à la 3e place. Cela me semble être une bonne indication de la valeur du travail effectué.  »

Cependant, Dessy reconnaît  » que mon objectif est de conduire des jeunes en équipe première et que sur ce plan-là, cette saison a été un échec.  » Néanmoins, l’absence de nouveau jeune en équipe première dépend tout autant du travail effectué à l’Académie que de la politique de transferts trop abondante cette saison pour permettre à un jeune d’avoir sa chance. Sans oublier les résultats de l’équipe première. Devant l’inconstance de sa formation, Riga a en effet privilégié, en play-offs, les valeurs sûres aux jeunes pousses.

Une reprise en mode accéléré ?

Reste enfin l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de Sclessin. On sait Roland Duchâtelet désireux de vendre. Ce n’est plus un secret pour personne. Depuis la prise de contact entre Duchâtelet et Value8, les choses n’ont pas vraiment évolué. En coulisses cependant, Bruno Venanzi s’affaire. Il aurait décidé d’accélérer sa stratégie de manière à soumettre une offre à Roland Duchâtelet dans les plus bref délais. Son intention de départ consistait à attendre la fin du mandat de la banque Rotschild, fin novembre, mais les derniers événements l’auraient poussé à agir autrement.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTOS : BELGAIMAGE

Avec 50.000 euros par mois, Bia est bien loin derrière les salaires de Van Damme, De Camargo et Carcela.

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