L’esthète

Ceux qui pensent que Charleroi va jouer à la britannique ont tout faux…

Fin d’hiver 1998. Pour présenter les 24 qualifiés du Mondial, Sport/Foot Magazine mettait sur le gril un international de chaque pays. Nous étions partis à Monaco rencontrer le gardien français Fabien Barthez, l’avant Victor Ikpeba pour le Nigeria et… John Collins pour l’Ecosse. Ancienne connaissance des Sang et Marine, Ikpeba nous avait offert le gîte et s’était chargé de nouer les contacts. Autant le gardien des Bleus avait été dur à convaincre (  » Un quart d’heure d’interview après l’entraînement et pas une minute de plus « ), autant le médian de l’équipe au chardon s’était montré coopérant. Après un long entretien, ce seigneur nous avait offert le verre de l’amitié : un Glenfarclas, whisky pur malt de 25 ans d’âge !

Le plus continental des Ecossais

 » John Collins a toujours été synonyme de grande classe « , observe Donald Walker, journaliste au Scotsman, le plus grand quotidien écossais.  » Joueur, il détonnait déjà car il n’était pas un adepte du kick and rush, mais un excellent manieur de ballon. Avec sa petite taille, il était utopique pour lui de rivaliser dans les airs avec des déménageurs comme Colin Hendry ou Tom Boyd. Au sol, seul Paul Mc Stay était à même de soutenir la comparaison avec Collins. Et quand tous deux furent associés au Celtic, au début des années 90, le club de Glasgow produisit son meilleur jeu des deux dernières décennies. En équipe nationale, Collins put compter également, au cours de cette période, sur un allié de choix : Paul Lambert. Ce dernier joua au Borussia Dortmund et Collins à Monaco, alors que tous les autres jouaient chez les ténors écossais ou en Angleterre. Par la nature de leur jeu, ils se différenciaient nettement des autres. L’association des deux hommes a indéniablement été profitable à la sélection. Quand Craig Brown a pris la relève d’ Andy Roxburgh, en 1993, sa toute première préoccupation fut de privilégier le passing game alors que son prédécesseur ne jurait que par les longues balles à suivre. Dans la pratique, il passa du 4-4-2 au 3-5-2 avec un milieu de terrain où Lambert et Collins étaient chargés d’orienter la man£uvre tandis que Tosh Mc Kinlay, GaryMcAllister et Craig Burley devaient se soucier du travail sur les flancs et de la récupération. Dans ce cas-ci aussi, le football déployé valait le coup d’£il « .

Arsène Wenger comme modèle

Walker :  » En tant qu’entraîneur, Collins est resté favorable au jeu au sol. Il a d’ailleurs faite sienne la devise du célèbre Brian Clough, entraîneur mythique de Nottingham Forest : -Le ballon est rond, il est donc fait pour rouler et non pour fendre l’air. Mais Collins se réclame surtout d’ Arsène Wenger. Le Français est partisan, chez les Londoniens d’Arsenal, d’une circulation rapide du cuir à ras de terre ainsi que d’un jeu en mouvement. Avec Collins, il en va de même. Avec Hibernian, il a réussi à remporter la Coupe de la Ligue en 2007. Dans un pays où les trophées sont quasiment toujours réservés au Celtic et aux Rangers, il s’agit d’une performance de choix. Homme ambitieux, Collins eût aimé continuer à titiller les deux grands du football écossais. Il s’est dès lors montré exigeant envers ses dirigeants et ses joueurs, dont il attend une discipline de tous les instants. Mais il y a eu rupture car il attend une implication totale. Sa force, c’est aussi de pouvoir programmer un groupe en fonction d’un événement. Sa victoire en Coupe de la Ligue s’est dessinée de cette manière-là en tout cas. Qui sait s’il n’obtiendra pas la même chose à Charleroi ? En championnat, il ne peut espérer devancer Anderlecht ou le Standard. Mais dans une épreuve comme la coupe nationale, tout est possible. Peut-être Collins est-il capable de réaliser un truc à ce niveau-là « . Le 14 janvier, les Zèbres jouent leur huitième de finale au Cercle Bruges…

par bruno govers – photos: belga/ reporters

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire