L’esprit est là

Face au Standard et au Brussels, le médian camerounais était le seul joueur de la saison dernière dans le 11 de base des Hurlus.

On a vécu, samedi à Mouscron, un petit événement : pour la première fois en 22 matches à la tête de l’Excelsior, le coach GeertBroeckaert a concédé un partage. Mais ce point ne fait pas nécessairement les affaires des Hurlus, qui en espéraient deux de plus.

 » On s’attendait à un match difficile « , reconnaît PatriceNoukeu.  » Après notre victoire contre le Standard, on pouvait se douter que le Brussels allait se méfier et prendre des dispositions pour éviter de subir la même mésaventure. De notre côté, nous n’avons pas entamé le match avec autant de détermination. Notre tâche s’est encore compliquée lorsque les Bruxellois ont ouvert la marque sur une phase arrêtée et que nous avons dû courir après le score. Finalement, on peut s’estimer heureux d’avoir égalisé « .

Le milieu de terrain camerounais a connu un début de championnat difficile, mais depuis quelques semaines, il tourne de nouveau à plein régime.  » En fait, le début de saison a été difficile pour l’ensemble de l’équipe « , explique-t-il.  » L’été fut mouvementé, avec le départ du président JeanPierreDetremmerie et la nécessité de reconstruire une toute nouvelle équipe. Je suis l’un des rares anciens à avoir survécu à tous ces changements. Ce ne fut pas évident pour moi. Parfois, j’avais l’impression d’avoir été transféré dans une nouvelle équipe. Lors de certains matches, j’étais entouré par dix nouveaux joueurs. Sur le terrain, l’équipe n’arrivait pas à trouver ses marques. On voyait qu’il y avait du talent dans le groupe, mais ce talent ne parvenait pas à s’exprimer. Après la lourde défaite 4-1 à Zulte Waregem, on s’est rendu compte que le groupe ne jouait pas de manière soudée. Cette défaite nous a fait mal, dans le sens où elle nous a blessés au plus profond de notre orgueil, mais d’un autre côté, elle nous a peut-être été salutaire. On a eu une franche discussion entre nous, et chacun a pu vider son sac. On a compris qu’il fallait se montrer beaucoup plus solidaires, et travailler pour le groupe, si l’on ne voulait pas vivre une fin de saison aussi stressante que la saison dernière. Le groupe a réagi positivement : on a décidé de faire bloc et de donner le maximum afin de réaliser des résultats. Un nouvel état d’esprit s’est instauré : les jeunes écoutent les anciens, et personne n’hésite plus à faire un pas pour l’autre. J’ai toujours affirmé que le groupe possédait suffisamment de qualités individuelles, mais il fallait mettre ces qualités au service du collectif. C’est souvent au niveau défensif que l’on décèle la force d’un collectif, car le travail défensif est un travail d’abnégation, de volonté. Il faut transpirer, aller au charbon, puiser dans ses tripes, alors que le travail offensif est davantage un travail de créativité, dans lequel on peut se faire plaisir au lieu de se faire mal. Lorsqu’on analyse nos quatre derniers matches, à partir de celui face au Germinal Beerschot, on s’aperçoit qu’on a énormément progressé. On a pris 7 points sur 12 face aux Anversois, à Genk, au Standard et au Brussels, et on n’a encaissé que quatre buts : autant qu’en un seul match face aux promus de Zulte Waregem « .

Trouver la cohésion

Lors de ces quatre matches, GeertBroeckaert avait remanié sa défense, en plaçant notamment JeanFélixDorothée à l’arrière droit et KevinHatchi dans l’axe.  » Ces modifications ont sans doute été bénéfiques, mais elles n’expliquent pas tout « , estime Noukeu.  » Le plus important, à mes yeux, c’est la prise de conscience du groupe qui a provoqué un changement d’état d’esprit. Aujourd’hui, chacun fait preuve d’humilité et est prêt à se battre « .

En fin de période de préparation, un déclic semblait déjà s’être produit lorsque l’Excelsior avait battu Troyes sur le score de 3-1 en match amical. Mais, quelques jours plus tard, MarcinZewlakow s’en allait et tout était à recommencer dans la recherche d’automatismes en zone offensive.  » Le départ de Marcin nous a été préjudiciable « , admet Noukeu.  » La saison dernière, l’équipe se reposait beaucoup sur l’attaquant polonais. Il a inscrit 14 buts, dont deux lors du match à Mons où nous avons assuré notre maintien en D1. Il a fallu chercher un nouvel attaquant sur lequel l’équipe pouvait se reposer et lui donner le temps de s’adapter. Marcin en était à sa sixième saison à Mouscron et à sa septième en Belgique. Même lorsqu’il se sentait un peu moins bien, il pouvait tabler sur son expérience du championnat de Belgique « .

Trouver la cohésion, lorsqu’il faut intégrer dix nouveaux joueurs, cela prend du temps.  » En début de saison, tout n’était pas mauvais, mais on ne parvenait pas à passer à la vitesse supérieure « , rappelle Noukeu.  » Je me souviens de plusieurs matches où l’on a essayé de bien jouer, où l’on y parvenait par moments, sans pour autant empocher des points. Il manquait toujours le petit détail qui fait la différence. Aujourd’hui, si tout n’est pas encore parfait, cela va beaucoup mieux « . L’Excelsior a pris 13 points cette saison : tous à domicile, aucun en déplacement.  » Cela viendra « , assure le Camerounais.  » Tôt ou tard, on reviendra de voyage avec la totalité ou une partie de l’enjeu « .

Une nouvelle répartition des rôles

Arrivé de Geel durant l’été 2004, Patrice Noukeu était à l’époque l’un des nom- breux joueurs achetés par les Hurlus dans les divisions inférieures. Il a conquis ses galons de titulaire plus rapidement que prévu grâce au départ de SteveDugardein pour Caen. Aujourd’hui, l’emblématique capitaine mouscronnois est revenu au Canonnier et Noukeu a dû apprendre à jouer avec lui. Cela n’a pas été tout seul : les rôles ont été redistribués et les deux joueurs ont dû mutuellement apprendre à se connaître.

 » La saison dernière, mon rôle était celui d’un vrai demi défensif « , explique le sympathique n°17.  » C’était logique par rapport à la configuration de l’équipe, car j’étais entouré par des joueurs à vocation plus offensive comme TonciMartic, MarcSchaessens ou PacoSanchez. Cette saison, avec le retour de Steve qui est aussi un joueur qui va au charbon, j’ai reçu plus de libertés offensives. Au départ, nous évoluions tous les deux dans le même registre et nous nous sommes parfois marchés sur les pieds. Progressivement, nos rôles respectifs ont été mieux définis. On en a beaucoup discuté entre nous. Puisque le coach a décidé de jouer avec deux médians récupérateurs, il faut que l’un ait un rôle plus offensif, surtout lorsqu’on joue à la maison. C’est moi qui ai hérité de ce rôle : Steve évolue un peu plus en retrait, où il excelle grâce à son expérience et à sa connaissance du championnat de Belgique. Plus on avance dans le temps, mieux on accorde nos violons. Je sens une nette amélioration depuis le match contre La Louvière. Ce que chacun avait pensé en début de saison, à savoir qu’on pouvait former un très bon duo en milieu de terrain, est en train de se confirmer « .

D’une certaine manière, on peut comparer la paire Dugardein-Noukeu avec celle constituée par AlanHaydock et RichardCulek dans les rangs du Brussels, où le Tchèque a également plus de libertés offensives et avait d’ailleurs terminé, la saison dernière, comme meilleur buteur de son équipe malgré sa position de demi défensif.  » Des demis défensifs qui marquent, c’est de plus en plus fréquent dans le football moderne « , constate Noukeu.  » Dans la plupart des équipes européennes, il est difficile d’encore distinguer un n°6 pur et un n°10 pur. La plupart des équipes qui évoluent en 4-4-2 alignent avec deux médians récupérateurs dont l’un a une mission un peu plus offensive que l’autre. Même dans les plus grands clubs d’Europe, on voit que les demi défensifs ont aussi un rôle offensif : regardez PatrickVieira, FrankLampard, MichaelEssien ou SteveGerrard « .

Face au Germinal Beerschot, lorsque Steve Dugardein blessé avait laissé sa place à Paco Sanchez, Noukeu avait retrouvé son rôle de la saison dernière.  » J’ai dû m’y réhabituer, l’espace d’un match, et j’avais d’ailleurs demandé à Paco de me rappeler à l’ordre lorsque, parfois, je me laissais emporter par mon élan offensif et que je laissais trop d’espaces derrière moi. Finalement, cela s’était bien passé. Paco est plus porté sur son rôle de créateur. Son travail défensif n’est pas mauvais, mais il est encore perfectible. On a gagné des matches avec lui aussi. Et la saison dernière, on a souvent joué ensemble. On se connaît bien. Mais la conception tactique de GeertBroeckaert est différente de celle de PhilippeSaintJean « .

Toujours aucun carton jaune !

Noukeu joue en D1 depuis un an et demi. Il acquiert, progressivement, de l’expérience.  » Ce serait malheureux si je n’avais rien appris durant ce laps de temps. J’ai pris confiance en moi, je ne panique plus lorsque l’équipe tourne un peu moins bien. Je me suis aussi calmé, aussi. Je joue de façon moins nerveuse. Cela peut s’expliquer par le fait que je n’ai plus cette obligation de faire mes preuves : j’ai déjà bénéficié d’un an pour démontrer ma valeur. Je témoigne toujours d’autant d’engagement, mais je parviens à tempérer mes ardeurs. Je ne m’emporte plus, que ce soit dans le jeu ou dans mes réactions, et cela se reflète au niveau des cartons jaunes. Depuis le début de la saison, je n’ai pas encore été averti une seule fois : j’en suis à 990 minutes sans carton jaune, alors que la saison dernière, j’étais régulièrement la cible des arbitres. Il faut dire, aussi, que je suis davantage aidé dans ma tâche défensive grâce au retour de Steve et que je ne dois plus commettre autant de fautes. Lorsque je suis fatigué, et que j’arrive en retard sur mon opposant, Steve est là pour prendre le relais. J’espère tenir toute la saison sans carton jaune. C’est un beau défi à relever pour moi « .

DANIEL DEVOS

 » la lourde dÉfaite À zulte waregem a ÉtÉ salutaire : on a pris conscience qu’il fallait rÉagir  »

 » j’espÈre tenir toute la saison sans carton jaune  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire