» L’esprit d’équipe est une loi naturelle « 

Thomas Hennecke – ESM

Souffrez-vous toujours des épaules, après toutes les congratulations qui ont suivi le titre ?

Jürgen Klopp (44 ans) : C’était une histoire très particulière, qu’on a aussi perçu spécialement. J’ai rencontré beaucoup de gens très positifs. Heureusement, ils ne m’ont pas tous tapé sur l’épaule sinon je ne marcherais plus droit.

Vous avez reconnu avoir vécu sur un nuage jusqu’à ce que le titre finisse par ne plus rien déclencher en vous. Devez-vous souvent rappeler à vos joueurs de vivre le moment présent ?

Pas très fréquemment. Je ne me tracasse pas. Il est évidemment possible qu’ils se reposent sur leurs lauriers, que l’un ou l’autre dise que c’était facile. Mais ça ne l’était pas. Nous avons vraiment dû nous livrer à fond et je vais à nouveau exiger cet engagement.

La saison passée, le Borussia avait établi son budget sur une base de 57 points mais vous en avez pris 75. Cette fois, avez-vous conseillé au club d’adapter immédiatement son budget ?

Je n’ai jamais été impliqué dans sa composition. 57 points, ce n’était pas une base très ambitieuse tandis que 75 constituait un chiffre exceptionnel, même si nous aurions pu y ajouter l’une ou l’autre unités, si nous n’avions pas raté cinq penalties, par exemple.

Podolski, Klose, Diakité, Reus, Bendtner ont négocié avec Dortmund ces derniers mois mais aucun de ces noms n’a signé. Comment Perisic et Gündogan résonnent-ils à vos oreilles ?

Très agréablement. Ils s’intègrent bien. Il faut y ajouter Chris Löwe et Moritz Leitner. Celui qui l’a vu à l’£uvre durant les premières semaines sait pourquoi il est considéré comme un grand talent dans sa catégorie d’âge.

Le Borussia a vendu Nuri Sahin, qui était sans doute le meilleur joueur de Bundesliga la saison passée. Pourtant, vous estimez que votre noyau recèle davantage de qualités. Uniquement grâce à Perisic et à Gündogan ?

Nous suivions Perisic depuis une éternité. Il nous renforce immédiatement en profondeur et certainement en attaque. Il en va de même pour Gündogan et, pratiquement, pour Löwe et Leitner. Kawaga est quasi un nouveau. Il y a beaucoup plus de concurrence au sein du noyau mais cela ne signifie pas automatiquement que nous allons mieux jouer.

En mai, Michael Zorc a déclaré :  » Sans Nuri, notre style de jeu va changer.  » Pouvez-vous nous éclairer ?

Nous verrons bien. Nuri est un footballeur fantastique, qui occupait un rôle dominant chez nous mais nous avons réglé beaucoup de choses la saison passée et nous allons aussi nous occuper de pallier ce que nous avons perdu.

Sans perte de qualité ?

Je n’ai pas le sentiment d’avoir développé un football parfait la saison dernière. Les grandes équipes – ce que nous ne sommes pas – ne changent pas leur style. Nous essayons de peaufiner notre football. C’est notre seule voie possible. Nous devons miser sur les atouts dont nous disposons, toujours avec une grande passion, toujours convaincus de la justesse de nos plans.

Vous vous empressez de refiler le statut de favori au Bayern. Espérez-vous l’endormir ?

Non. Je trouverais horrible de dire que nous allons attaquer le Bayern. Quand Thomas Müller déclare qu’il veut être champion d’Allemagne et le sera, il formule là l’opinion la plus probable. Nous ne nous mesurerons pas au Bayern par des déclarations tapageuses.

Pourquoi pas ?

Pourquoi le ferions-nous ? Pourquoi chercherions-nous le duel avec le Bayern ? Ces paroles lancées ne sont qu’une perte d’énergie. Nous n’avons pas envie de nous lancer là-dedans. Nous accordons plus d’importance au développement de notre équipe.

Hans-Joachim Watzke, le chef du BVB, craint que  » les empires ne refrappent « . Au pluriel. De qui pourrait-il parler, en dehors du Bayern ?

L’histoire de la Bundesliga nous apprend que les 18 équipes ne disputent pas le titre. Seules trois ou quatre entrent en ligne de compte. Hanovre reste sur une saison formidable, comme le FSV Mainz 05, qui s’est renforcé. Le Bayer Leverkusen a transféré André Schürrle et possède une formation terrible. N’oublions pas le HSV, qui trace une nouvelle voie. Le Werder Brême aura tiré ses conclusions de la saison passée et Felix Magath a déjà annoncé que le VfL Wolfsburg devait maintenant passer aux choses sérieuses. La bagarre va être passionnante. Huit à dix équipes vont se disputer les six places européennes.

Le FSV Mainz et Hanovre ont aussi fait sensation, en début de saison. Cette fois, à qui attribuez-vous ce rôle ?

Je ne sais pas s’il serait surprenant que ces deux formations se replacent en tête. Nous verrons ce qui va se passer à Cologne. L’ambiance y est plutôt euphorique. Ce n’est certes pas neuf mais au second tour, il y a eu quelques très bons matches et l’équipe a assuré son maintien avec maestria. Nous avons aussi des promus intéressants. Cette saison va être palpitante.

La saison 2010-2011 était celle des clubs qui n’ont eu à la bouche que les mots homogénéité et esprit d’équipe. Cette mentalité peut-elle durer alors que plusieurs clubs ont élargi leur noyau ?

Pour moi, l’esprit d’équipe est une loi de la nature. La prestation d’une équipe doit être supérieure à la somme de ses éléments. Il faut pour cela avoir le sentiment d’être plus fort grâce à l’homme qui est devant, derrière ou à côté. La confiance mutuelle accroît la qualité, de même qu’on se sent pousser des ailes en aidant un coéquipier ou en rectifiant une de ses erreurs.

Le pressing a été une des clefs de votre succès la saison passée. Le Borussia a marqué 26 buts suite à des pertes de balle adverses. Cette saison, allez-vous aussi presser vos rivaux avec autant d’acharnement ?

Oui. Il n’y a aucune raison d’arrêter. Tout ce qui est accompli proprement et à un rythme élevé, avec ou sans le ballon, offre nettement plus de chances que quand on procède lentement et qu’on laisse le temps à l’adversaire de s’installer. THOMAS HENNECKE – ESM

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