L’Espagne ou l’Inter ?

Saturé à l’issue du Mondial… mais d’attaque douze jours plus tard pour suivre un bête match de Supercoupe entre Anderlecht et Gand, c’est dire que le foot est une drogue ! Nos prétendants européens sont d’ores et déjà occupés à prétendre, et notre championnat démarre ce week-end avant tous ses alter egos,… l’Espagne et l’Italie n’attaquent que dans un mois ! A propos de ces deux caïds, et parce que le foot n’échappe pas aux phénomènes de mode et d’imitation, lequel va-t-on cette saison s’efforcer de copier dans notre petite compétition belge : le jeu court des champions du monde, haut dans le camp adverse… ou (à l’opposé caricatural) les longues balles de contre après avoir subi bas, qui sourirent cette saison à l’Inter Milan ?

A première vue et entre les deux options à succès de 2010, la question ne se pose guère : le plaisir des yeux et des combinaisons fait qu’une énorme majorité (dont je ne m’exclus pas) penche pour le jeu offensif de l’Espagne, en comparaison duquel le système défensif de José Mourinho ferait presque figure d’incarnation du Mal ! J’en veux pour preuve la phrase de Xavi mise en exergue dans votre S/F Mag précédent :  » Je trouve scandaleux que toutes les équipes de la Coupe du Monde n’aient pas opté pour un foot offensif « . Mouais. C’est exagéré, surtout dans la bouche d’un cerveau : faut remettre deux pendules à l’heure !

Primo, il ne s’agit pas toujours d’opter. Prenons Anderlecht-Eupen ce samedi, choc des extrêmes avant même un premier classement : ça ferait une belle jambe aux montants de D2 d’ opter noblement, avant le match, pour une circulation de balle alentour du rectangle des Champions… puis de se rendre compte qu’ils ne font rien circuler du tout sinon leur popotin en désespoir de cause ! D’accord qu’à l’entraînement, il faille sans cesse s’efforcer d’améliorer combinaisons, jeu court au ras du sol, possession de balle dans un mouchoir : afin qu’en compétition, on soit le plus souvent celui qu’on craint plutôt que celui qui craint ! Mais parallèlement, être défensif en match, ce n’est souvent rien d’autre que respecter lucidement la virtuosité technique supérieure du camp adverse : c’est faire aveu d’humilité, tout en s’organisant pour mettre un maximum de bâtons dans les roues… et rêver de hold-up !

Secundo, est-on offensif simplement parce qu’on fait courir l’adversaire les trois quarts du temps, en mettant le siège devant son but ? Non, on est seulement plus beau à voir : et même si ça se termine par un nul blanc, il y aura eu un certain plaisir à admirer les gestes techniques d’une circulation fluide quoiqu’improductive (en même temps qu’un certain respect pour le courage de l’adversaire… à condition qu’il ait été classifié plus faible sur papier !). Mais être offensif, c’est autre chose : c’est mettre des buts, ou au moins se créer des occasions franches ! En Champions League après les poules, l’Inter Milan a remporté 6 matches sur 7 avec un total de 10bp-3bc : même perf que l’Espagne… dont l’average en Afrique du Sud ne fut que de 8-2 ! Champion du monde en plantant 8 buts en 7 matches, ne me dites pas que ce fut l’orgasme pour un footeux neutre,… le Portugal en a planté 7 rien qu’aux Nord-Coréens ! Poussons bobonne pour titiller : ce qu’il y eut de plus impressionnant chez les Espagnols, c’est la solidité défensive des hommes de l’ombre ! N’avoir pris que 2 buts en jouant si haut dans le camp adverse, en laissant constamment tant d’espace derrière soi, ça pourrait tenir de la magie…

J’avoue : en 7 matches intéristes regardés in extenso, j’ai souvent somnolé d’ennui… et pas lors des 7 matches espagnols parce qu’il y avait toujours du geste à apprécier ! L’Espagne a mérité son titre, comme un boxeur indiscutablement vainqueur aux points même s’il n’a guère pu knock-outer ! Il n’empêche que si l’on se borne à ausculter les 10 buts de l’Inter et les 8 de l’Espagne, rien dans la comparaison ne permettra d’affirmer que la seconde fut l’équipe la plus offensive, la plus technique ou la plus spectaculaire. Quant à notre petit championnat qui débute, peu importe que l’on y rêve de copier Vicente Del Bosque plutôt que Mourinho : mais Dieu fasse que notre champion 2011 le soit par KO, en ayant empilé des buts à gogo.

par bernard jeunejean

« En Champions, l’Inter Milan a remporté 6 matches sur 7 avec un total de 10bp-3bc : même perf que l’Espagne… dont l’average en Afrique du Sud ne fut que de 8-2 ! »

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