L’ESPAGNE AU-DESSUS DU LOT

On a séparé le bon grain de l’ivraie en Coupe d’Europe. Comme on pouvait s’y attendre, neuf des douze survivants pour la phase finale de la Ligue des Champions et de la Coupe de l’UEFA viennent d’Espagne et d’Angleterre.

La clef du succès d’Albion se situe dans les salaires phénoménaux que perçoivent les joueurs. L’argent reste la meilleure source de motivation, en football comme ailleurs. Toutes les vedettes de Manchester United, Arsenal, Leeds et Liverpool gagnent entre 2,6 et 3,25 millions, ce qui porte à environ 125 millions les revenus annuels de Beckham, Keane, Giggs, Henry, Bergkamp, Rio Ferdinand et consorts. On s’exposerait pour moins que ça au rude climat britannique.

Le succès des formations ibériques, qui sont d’ailleurs les principales favorites aux deux titres, reposent sur d’autres raisons. Depuis que la mode des étoiles bataves commence à faire partie du passé à Barcelone, tous les grands clubs espagnols ont reporté leur attention sur l’Amérique du Sud. Ce continent offre l’avantage de ne pas poser de problèmes linguistiques, puisque même les Brésiliens se font rapidement à la langue de Cervantes. La Corogne aligne neuf Sud-Américains, le Real Madrid et Valence en ont également une volée et si Barcelone n’en a que quelques-uns, il possède quand même Rivaldo.

La suprématie ibérique dans les joutes de clubs est liée à un autre phénomène. La Gazzetta dello Sport, le quotidien italien, s’est penchée sur le phénomène et sur le déclin transalpin. Son enquête a mis en lumière d’autres éléments. Car l’Italie compte beaucoup d’Argentins, de Chiliens, d’Uruguayens ou de Brésiliens de très haut niveau. On s’est donc tourné vers Jorge Valdano. Champion du monde au Mexique avec l’Argentine, il a également connu le succès comme joueur puis comme entraîneur au sein de petits clubs espagnols, comme Alavés, Ténériffe et Saragosse, de moyens comme Valence ou de grands comme le Real Madrid. Editorialiste à El Pais, auteur du livre Suenos de futbol, fondateur de l’agence de marketing Make a Team, il vient d’être nommé directeur général du Real Madrid par le nouveau président, Florentino Perez.

Valdano constate que les jeunes footballeurs espagnols et leurs nouveaux entraîneurs ont réussi à associer la fantaisie et la joie de jouer des Sud-Américains et la tactique européenne. Le physique joue un rôle important en Espagne mais moins qu’en Italie et que dans la plupart des autres pays européens, où le talentueux meneur de jeu, l’ancien artiste auquel le numéro 10 était dévolu, doit progressivement faire place à un médian infatigable chargé de récupérer le ballon.

Un autre élément important, c’est que toutes les composantes qui déterminent le succès du football -dirigeants, joueurs, entraîneurs, journalistes et supporters- sont parvenues à un consensus en Espagne. Tous observent les mêmes normes. Globalement, l’Espagne est partisane d’un football créatif, attrayant, offensif, et dans une certaine mesure, la qualité du spectacle est plus importante que le résultat. Ce style suscite le respect des adversaires. En outre, les installations espagnoles sont devenues les meilleures et les plus fonctionnelles d’Europe ces dernières années.

Le Bayern Munich, Galatasaray et Kaiserslautern sont parvenus à se mêler aux neuf formations anglaises et espagnoles. Ils ont eu autant de chance que de mérite. Le PSV et le FC Porto, renvoyés de la Ligue des Champions à l’UEFA par Anderlecht, ont échoué de peu. Il s’agit d’un fameux revers pour le club d’ Eric Gerets, qui avait déjà gaffé sur le plan administratif avec l’affaire Van NistelrooyAddo puis en matière d’organisation et de sécurité la semaine dernière. Nyon n’apprécie pas trop le club d’Eindhoven, dont les dirigeants ont joué un rôle-clef dans la tentative de former une Euroligue ou une Ligue Atlantique autonome. L’année prochaine pourrait être dépourvue d’Europe et d’euros pour le PSV.

Mick Michels

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